L’African Lion, qui en est actuellement à sa 21ᵉ édition, renforce la préparation au combat, consolide l’interopérabilité entre les forces armées et souligne le rôle central du Maroc dans la stratégie de défense américaine en Afrique. C’est ce qu’a déclaré Mark Pfeifle, ancien conseiller adjoint à la sécurité nationale sous l’administration George W. Bush, dans un entretien accordé au quotidien Assabah, dans son édition du lundi 19 mai.
Dans cette interview, l’expert américain a également passé en revue les défis géopolitiques dans la région, l’importance de ces exercices annuels pour renforcer la diplomatie militaire, ainsi que l’élargissement des domaines de coopération régionale et internationale au-delà des objectifs militaires traditionnels.
Évoquant la dimension stratégique de cet exercice, Mark Pfeifle relève plusieurs points. Tout d’abord, explique-t-il, «ces manœuvres constituent un outil de dissuasion. Elles montrent que les États-Unis et leurs alliés sont organisés, communiquent efficacement et mènent des entraînements conjoints. Cela envoie un message clair à tout ennemi potentiel». Lequel message est, d’ailleurs, on ne peut plus clair: «une confrontation serait vaine, ce qui les découragerait de toute action hostile». Ces exercices agissent ainsi comme «une opération d’information ou une opération psychologique à l’égard de l’ennemi ou de ceux qui pourraient menacer la sécurité des citoyens».
De plus, poursuit-il, ces manœuvres «représentent un excellent exercice militaire pour renforcer la cohésion des équipes. Elles permettent à des unités militaires de différents pays de travailler ensemble, ce qui n’est pas toujours facile, car chaque nation a ses propres méthodes d’entraînement, ses équipements et ses chaînes de commandement». Ces exercices contribuent ainsi à «intensifier les efforts et à accroître la préparation en cas de confrontation réelle nécessitant une coordination entre ces parties».
De même, ces manœuvres permettent de tester les canaux de communication et de s’assurer de leur efficacité. «Elles inspirent confiance au public, aux décideurs et aux politiciens en démontrant une réelle préparation à toute éventualité», affirme l’expert américain. «Elles vont au-delà de simples scénarios théoriques ou d’exercices sur papier, en montrant concrètement comment fonctionnent les équipements, qu’il s’agisse d’avions, de sous-marins ou de porte-avions», précise-t-il.
Autre aspect relevé par l’interviewé: le nombre et la qualité des pays qui participent à cet exercice. En ce sens, note-t-il, la participation de partenaires africains comme la Tunisie et le Sénégal, et de membres de l’OTAN, entre autres pays, «montre que le Maroc est une force dirigeante en Afrique et sur la scène internationale». Et ce, explique-t-il, «compte tenu des défis géographiques et politiques auxquels il fait face. Que ce soit aux frontières ou dans les domaines maritimes, en Méditerranée et dans l’Atlantique, le Maroc occupe une position stratégique d’une importance cruciale. L’African Lion démontre son rôle central dans la préservation de la sécurité régionale et de la liberté de navigation, confirmant qu’il est en première ligne pour défendre la stabilité de l’Afrique du Nord».
«À travers ces exercices, le Maroc et les États-Unis peuvent voir la réalité telle qu’elle est, anticiper ce qui pourrait arriver, renforcer leur capacité de dissuasion et élaborer des plans militaires adaptés, dans l’espoir de ne jamais avoir à les utiliser», dit-il.
Invité à commenter l’attitude de l’Algérie, qui a décliné une invitation à participer à cette édition, Mark Pfeifle rappelle que «l’Algérie entretient une relation très étroite avec l’armée russe». Il estime en conséquence qu’elle «a pris une mauvaise décision en s’alignant sur une puissance militaire dépassée et moins compétente, la Russie. Ce choix lui nuira à long terme, car ses équipements militaires ne sont pas technologiquement avancés, contrairement à ceux utilisés par le Maroc ou les États-Unis. Peut-être qu’à l’avenir, elle changera de cap et optera pour la paix et la coopération avec les États-Unis, ce que nous espérons et encourageons». Mais pour l’instant, se désole-t-il, «malheureusement, elle a choisi de s’allier avec une machine militaire épuisée par la longue guerre en Ukraine, ce qui la rend incapable de jouer le rôle d’un partenaire efficace pour des pays comme l’Algérie». Il se dit «convaincu que l’Algérie paiera le prix de ce choix».
Par ailleurs, note l’expert américain, l’un des aspects de ces exercices est la réalisation de missions humanitaires, «ce qui est très bénéfique sur le plan diplomatique pour les États-Unis et pour les forces armées qui y participent, que ce soit par le biais d’une assistance médicale ou d’autres activités menées dans le cadre de l’African Lion».
Ces manœuvres offrent également aux décideurs et responsables américains une opportunité «pour mieux comprendre les possibilités de coopération en Afrique du Nord et sur le continent en général. Elles procurent aux secteurs économique, commercial et financier des États-Unis un sentiment de continuité entre notre gouvernement, notre peuple et le Maroc».
En somme, souligne-t-il, «ces exercices nous rapprochent les uns des autres en matière d’investissements, de commerce, d’échanges culturels, de tourisme et bien plus, allant au-delà de la simple coordination des mouvements militaires. Ils rapprochent véritablement nos sociétés et nos peuples».