L’Algérie traverse actuellement une grave crise économique porteuse de bouleversements majeurs. En effet:
1- Faute de diversification, l’économie rentière algérienne est quasi totalement dépendante des hydrocarbures qui représentent environ 90% des exportations nationales. Or, tant que la tendance des cours sera baissière, les revenus le seront donc automatiquement.
2- Les réserves de change se sont effondrées, passant de 193 milliards de dollars début 2014, à 66,1 milliards fin mars 2023 (FMI).
3- Dans le même temps, la dette publique du pays a considérablement augmenté, passant de 7,7% du PIB fin 2014, à 52,4% fin 2022 (FMI).
4- Le déficit budgétaire représentait 12,3% du PIB en 2022 (Banque mondiale).
Dans ces conditions, quel avenir attend l’Algérie?
Une chose est certaine, comme, à la différence du Maroc, le pays n’a pas lancé une véritable politique de diversification, s’il ne bénéficie pas d’une «divine surprise» qui serait une explosion à la hausse des cours des hydrocarbures, ses réserves de change vont donc continuer à baisser au rythme de plusieurs milliards de dollars par an. Pour deux principales raisons:
1- Les prix des hydrocarbures reviennent au niveau qui était le leur avant la guerre en Ukraine, et même globalement en dessous, du fait de la montée en puissance des énergies renouvelables.
2- Les réserves algériennes en hydrocarbures stagnent, cependant que le volume des exportations baisse en raison de la hausse de la consommation intérieure.
Le calcul est donc vite fait, et il l’a été par le FMI. Avec des réserves de change qui atteignaient 66,1 milliards de dollars fin mars 2023, et en supposant une baisse annuelle des réserves ramenée à seulement 10 milliards de dollars par année, contre presque 14 milliards sur la période 2018-2021, mi-2028, l’Algérie ne devrait donc plus pouvoir couvrir que quatre mois d’importations. Une situation de faillite, et un scénario semblable à celui qu’a connu le Venezuela, avec toutes les conséquences politiques et géopolitiques d’un tel cataclysme.
L’Algérie est donc dans la nasse car, quoique ne produisant rien, elle est pourtant condamnée à continuer d’importer afin de nourrir, soigner et habiller une population à la suicidaire croissance, et cela afin de tenter d’éviter l’inéluctable explosion sociale annoncée. D’autant plus que, même les productions traditionnelles (dattes, oranges, semoule pour le couscous) étant insuffisantes, leur volume d’importation est toujours en augmentation.
L’Algérie va donc, tôt ou tard, devoir rétablir les licences d’importation pour freiner les achats à l’étranger. Avec plusieurs conséquences qui vont être de pénaliser encore davantage des pans entiers de l’économie, tout en amplifiant encore les trafics et le marché noir.
Le plus grave est que l’Algérie va également devoir couper dans les transferts sociaux qui atteignent plus de 70 milliards de dollars par an. Le risque d’explosion sociale est donc immense, car l’Etat-providence algérien va être condamné à prendre des mesures impopulaires comme la suspension des recrutements de fonctionnaires, l’abandon de projets sociaux indispensables et de projets de transport comme de nouvelles lignes de tramway ou la réfection de voies ferrées. Sans parler de l’obligation de réduire un colossal budget de l’armée uniquement destiné à l’absurde guerre que l’Algérie mène contre le Maroc à travers le Polisario.
L’État algérien ira-t-il cependant jusqu’à oser toucher aux 6% du budget de l’Etat alloués à l’«Organisation nationale des moudjahidines» (ONM), soit davantage que le budget des ministères de l’Agriculture (5%) et de la Justice (2%)…? L’on peut en douter car cette organisation sangsue constitue le socle du «Système», alors que, selon l’ancien ministre Abdeslam Ali Rachidi «tout le monde sait que 90% des anciens combattants, les moudjahidine, sont des faux» (El Watan, 12 décembre 2015).