Enseignement, santé, agriculture… pour les ministères sensibles, Akhannouch privilégie les (très) proches

De gauche à droite: Mohamed Saad Berrada, Amine Tahraoui, Aziz Akhannouch et Ahmed Bouari. (W. Belfkih/Le360).

De gauche à droite: Mohamed Saad Berrada, Amine Tahraoui, Aziz Akhannouch et Ahmed Bouari. (W. Belfkih/Le360).

Reçue le mercredi 23 octobre par le roi Mohammed VI, la nouvelle composition du gouvernement Akhannouch compte de nouveaux entrants à la tête de départements ministériels importants. Trait commun: une proximité certaine du Chef du gouvernement. Voici qui est qui.

Le 24/10/2024 à 08h40

Éducation nationale, Enseignement supérieur, Santé et Agriculture. Tels sont les principaux départements à la tête desquels se trouvent désormais de nouveaux ministres de l’équipe Akhannouch remaniée, telle que reçue le soir du mercredi 23 octobre par le roi Mohammed VI. Voici leurs portraits.

Un «Executive» à la tête de l’Éducation nationale

Mohamed Saad Berrada vient en remplacement de Chakib Benmoussa, désormais Haut-commissaire au plan, et il est de loin la plus grande surprise du gouvernement Akhannouch II. Alors que c’est Mustapha Baïtas qui était pressenti au maroquin, faisant par ailleurs grincer bien des dents, c’est cet homme d’affaires, connu pour être derrière la saga marocaine Michoc, marque emblématique de confiserie et véritable success-story, qui hérite d’un des portefeuilles les plus sensibles du moment. Si sensible que même le très expérimenté et ultra-technocrate Chakib Benmoussa y aura d’ailleurs laissé des plumes.

Proche de Aziz Akhannouch, le nouveau ministre est quand même bien loin de la gestion des affaires publiques. C’est tout juste s’il a à son actif la présidence de la commission électorale du Rassemblement national des indépendants (RNI) dont il est membre du bureau politique lors des dernières législatives. On lui reconnaît néanmoins un bon flair en affaires -il est administrateur au sein du groupe immobilier et BTP TGCC et il vient de s’adjuger le groupe pharmaceutique Pharmaprom-, et d’aucuns ne jurent que par son efficacité. C’est probablement la qualité première ayant présidé à sa désignation, la réforme de l’Édaction nationale étant, sur le papier du moins, bouclée et ne nécessitant «que» sa bonne exécution. Vaste chantier.

Un brillant universitaire pour un bien sombre Enseignement supérieur

Sa nomination à la tête du ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation fait somme toute sens. Universitaire de renom et jusqu’ici président de l’Université Ibn Tofail de Kénitra, Azzedine El Midaoui en connaît bien la réforme de l’enseignement supérieur. Et pour cause, membre de l’Académie européenne des sciences, des arts et des lettres, il est surtout membre du Conseil supérieur de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique, instance en charge, justement, de promouvoir l’enseignement au Maroc et corriger sa trajectoire.

À son actif également, sa grande spécialité: le dessalement de l’eau de mer, dont il a dirigé de nombreux projets de recherche (il détient d’ailleurs deux brevets internationaux). Reste que le challenge est de taille. Quand on sait l’état dans lequel se trouve l’université marocaine, devenue à bien des égards une fabrique de diplômés chômeurs, il a du pain sur la planche. L’urgence du moment sera de dénouer une crise aussi spectaculaire qu’a priori insoluble: le bras de fer légué par son prédécesseur, Abdellatif Miraoui, avec les étudiants en médecine, toujours en grève et vent debout contre une réforme qui a de plus en plus des allures de méforme.

De la distribution à la Protection sociale?

C’est à peine croyable, mais de la distribution à la Santé et la Protection sociale, il n’y a visiblement qu’un pas, qu’Amine Tahraoui a miraculeusement franchi. Ce proche de la famille Akhannouch, qui a servi tant au groupe Akwa qu’à Aksal, propriété de l’épouse du Chef du gouvernement, qui se retrouve à la tête du département jusqu’ici mené, non sans brio, par Khalid Aït Taleb.

A priori, le profil est tout sauf adapté et, n’étant pas médecin, Amine Tahraoui risque de très mal passer au sein de la «communauté». Sa carrière se résume en fait au monde des affaires, où il a débuté à Attijari Finances Corp, pour finir directeur général du Groupe Aksal avant de créer son propre cabinet-conseil. Des connaisseurs nuanceront en affirmant que Khalid Aït Taleb a balisé le terrain et fait l’essentiel du «job», la réforme de la santé au Maroc étant déjà une réalité.

Un spécialiste de l’eau pour sauver l’agriculture

Ahmed Bouari est donc le nouveau ministre de l’Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et forêts, succédant ainsi à un Mohamed Sadiki que l’on croyait pourtant vissé à son maroquin. Si le fidèle parmi les fidèles d’Akhannouch a dû céder sa place, c’est en faveur d’un autre proche du Chef du gouvernement, par ailleurs ancien ministre de l’Agriculture -de 2007 à 2021. Il compte à son actif une expertise reconnue dans le domaine puisque, jusque-là, Ahmed Bouari a été directeur de l’irrigation et de l’aménagement du territoire agricole au sein du même département.

Par temps de grande sécheresse et au vu des limites atteintes par les stratégies adoptées dans le secteur, le plan Maroc vert n’ayant que partiellement rempli ses objectifs et Génération Green étant relégué à une autre génération, le nouveau ministre aura fort à faire. D’abord pour juguler la folle hausse des prix des viandes, promouvoir une agriculture viable et durable et surtout venir en aide aux agriculteurs. Les grands, mais aussi, et il est temps, les petits.

Par Tarik Qattab
Le 24/10/2024 à 08h40

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Le Maroc est a un tournant de son histoire entre D'un côté l'UE-OCDE irritée sur le déclin accéléré, tenant par la hausse de depenses publiques et l'impression monétaire de planche a billets, et sans matière première, ni pétrole ni gaz Et de l'autre côté un nouveau sud de nations souveraines gorgées de matière première , pétrole et gaz, et de manufactures , cherchant l'emancipation monétaire et à réduire les contraintes du commerce extérieures de la BM. Le Maroc est une étape cruciale de son histoire face à 2 blocs qui s'opposeron tôt ou tard. Un choix qui impactera les 30 ans prochaines années de notre histoire

I'inclusivité et le développement durable .

Imaginez on appel ce ministre de la santé à 4h du matin pour une urgence épidémique quelque par ,quels dispositions prendra, et comment communiquera t il techniquement avec les départements de compétence ???????la santé c pas le ministère de solidarité.....

Comme d’habitude, défiant tout le monde, Don Akhannouch fait appel à des renforts pour continuer à asseoir son autorité absolue sur son gouvernement de misfits. Déjà que ce dernier est fortement contesté et en perte de popularité; à cause de son immobilisme et l’incompétence frappants de plusieurs de ses membres, le voici qui, n’en déplaise aux marocains, continue à faire dans le népotisme sans vergogne. Clairement, Don Akhannouch se prend pour «Rab Lmaghrib» - pour reprendre l’expression des voisins de l’Est d’une époque où l’on surnommait l’ancien général Toufik «Rab Dzair». C’est à se demander pourquoi Don Akhannouch joue au «kingmaker»! Par amusement, ou insécurité? En tout cas, il va falloir retourner vite aux urnes pour rappeler ses limites à ce marchand de carburants. Wa baraka!

le plus important est que Brahim Diaz peut jouer le classico... quant aux gouvernements ça va, ça vient et la planète continue de tourner comme toujours...

Pourvu que cette planète continue à tourner dans le bon sens, et normalement! Sans blague, ce gouvernement a prouvé qu’il n’est pas le bon, si l’on veut faire avancer le pays dans le bon sens, et normalement. Le Maroc est à un tournant de son histoire, et le choix de ses élites politiques compte beaucoup pour la réussite de ses projets actuels et à venir. C’est pour ça que les forces vives du pays doivent agir et faire le ménage dans cet espace politique devenu un véritable fardeau, et un grand obstacle à son développement. Fini les gouvernements de circonstances. Ceux qui ne servent qu’à offrir la continuité et le maintien du status quo! Il est grand temps de se prendre au sérieux. A commencer par l’assaisonnement des partis politiques. En plus d’être inutiles, ils sont surtout nuisible!

Sans commentaire. On n' ira pas loin.

Mots en commun: proche du chef du gouvernement. Et c’est comme ça qu’on avancera. Ce gouvernement nous aura également marqué par une nouvelle particularité, l’affichage et les titres sans efficacité

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