«C’est Chakib Benmoussa, ministre de l’Éducation nationale, qui a la clé pour résoudre le problème du statut actuel des enseignants et les grèves», a affirmé Saâd Abail, un des membres de la commission de la communication de la Coordination nationale du secteur de l’enseignement, qui représente 40% des 140.000 enseignants ex-contractuels et les autres enseignants en colère sortis dans les rues de la capitale. Ces derniers regroupent «les enseignants contractuels, les exclus des échelles, les lauréats de la cellule 10 (lire échelle 10, NDLR) et la Coordination nationale des diplômés», explique-t-il.
Saâd Abail a été interrogé par Le360 sur les principales causes qui motivent depuis deux semaines les enseignants à se manifester. Cet interlocuteur a d’abord souligné que les 140.000 grévistes qui paralysent l’enseignement secondaire (collèges et lycées) aujourd’hui, sont représentés partiellement par des syndicats historiques (UMT, CDT, UGMT), auxquels il faut ajouter un total monstre de 22 coordinations sectorielles à travers le Royaume qui pèse lourd dans les décisions des grévistes.
Saâd Abail souligne en premier lieu que le nouveau statut unifié intègre les enseignants contractuels (en poste actuellement, NDLR) dans «le système de l’administration publique, mais sans leur garantir des postes budgétaires pour chaque professeur». D’après ce responsable de la coordination «l’officialisation et la titularisation d’un enseignant dans le public sont garanties par l’octroi d’un poste budgétaire, à défaut de quoi il est considéré comme doté d’un statut de non-permanent».
Deuxième point revendiqué pour la révision de ce statut, selon lui, ce sont «l’augmentation des salaires et la liquidation de tous les dossiers litigieux qui restent en suspens, notamment le paiement des arriérés des indemnités liés au passage d’une échelle à l’autre et la fluidité et l’accélération des promotions».
Les grévistes revendiquent également la diminution des charges que le nouveau statut «veut imposer à l’enseignant», telle que la supervision des orientations pédagogiques et les activités culturelles. «Désormais, l’enseignant devrait, selon ce statut, s’occuper en même temps de donner les cours, corriger les copies, effectuer des heures supplémentaires, se charger des orientations pédagogiques des élèves, présider des activités parallèles… et tout ceci sans une rémunération appropriée», a-t-il avancé avant d’appeler Chakib Benmoussa à ouvrir immédiatement le dialogue pour réviser le nouveau statut, partageant ainsi la même idée formulée par l’Observatoire national de l’éducation et de la formation que préside Mohamed Driouch.
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«Ce statut ne répond pas du tout aux attentes des enseignants, toutes tendances confondues», a affirmé Mohamed Driouch, estimant que le dossier est actuellement entre les mains du chef du gouvernement. Mohamed Driouch a en outre invité les enseignants «à cesser les grèves afin de préserver les intérêts des élèves et des familles».
«Nous refusons l’escalade, mais nous réclamons des solutions immédiates», a-t-il conclu.
Il faut rappeler que le gouvernement, par la voix de son porte-parole Mustapha Baïtas, a indiqué hier jeudi que l’Exécutif restait ouvert au dialogue dans le cadre de l’accord signé avec les syndicats en janvier 2023. Le responsable gouvernemental n’a pas précisé quand ni comment, et quelles priorités doivent être mises sur la table des pourparlers, en cas de réouverture du dossier épineux du statut unifié de l’enseignant par les hommes d’Akhannouch.