Crédit bancaire: la fatwa de Raissouni suscite la controverse

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Revue de presseKiosque360. En autorisant le crédit bancaire à faible taux d’intérêt pour le programme Intilaka, Raissouni a provoqué un vif débat au sein de l’opinion publique. Les salafistes réaffirment que le Riba est interdit par la charia, les modernistes saluent l'effort de réflexion (Ijtihad).

Le 16/02/2020 à 21h51

La fatwa du président de l’Union internationale des oulémas musulmans (UIOM), Ahmed Raissouni, autorisant les crédits bancaires dans le cadre du programme Intilaka, a suscité une large controverse entre ceux qui l’approuvent et ceux qui la considèrent comme contraire à la charia. L’islamiste invétéré considère, en effet, que le faible taux d’intérêt instauré par le programme intégré d’appui et de financement des entreprises ne va pas à l’encontre des préceptes de l’islam. C’est un crédit, explique-t-il, qui n’est pas assimilé à l’usure (Riba) et qui est admis par la charia, puisque cette initiative n’est ni commerciale, ni lucrative. D’autant, ajoute-t-il, que son faible taux d’intérêt n’engendre un grand bénéfice ni pour les banques, ni pour quelque autre institution.

L’avis du président de l’UIOM a été vivement critiqué par les dirigeants salafistes au Maroc. Le dirigeant Hassan Kettani indique ainsi que «le docteur Raissouni s’est trompé sur ce sujet car la distinction entre taux faibles ou élevés n’a jamais été faite dans aucune source de référence en islam. Le principe du crédit dans l’islam veut que seul le capital soit remboursé. Personne n’a jamais affirmé que le montant devait être remboursé en y ajoutant ou en en déduisant une quelconque somme, surtout quand la hausse est une condition sine qua non pour bénéficier d’un crédit. Du coup, on entre dans le domaine de l’illicite, car l’usure (Riba) est catégoriquement interdite par l’islam».

Hassan Kettani souligne, rapporte Le quotidien Akhbar Al Youm dans son édition du lundi 17 février, que Raissouni n’a pas respecté les règles que suivent les oulémas sur ce sujet. En décrétant une fatwa, ajoute-t-il, il s'est mis dans une position délicate. Une opinion que ne partage pas le spécialiste des études islamiques, Mohamed Abdelouehab Rafiqi, qui considère la fatwa du président de l’UIOM comme pertinente et découlant d’un effort de réflexion (Ijtihad) approprié. L’islamologue salue cette «déclaration et considère qu’elle émane d’une voix sage, surtout lorsqu’on connaît le courant auquel appartient Raissouni et la réputation dont il jouit auprès de beaucoup de gens qui le suivent et l’apprécient». Rafiqi regrette toutefois l’opposition à laquelle a été confronté Raissouni au sein de ces courants. Une opposition qui relève, explique-t-il, de l'opposition délirante et toujours d'actualité entre la religion et le modernisme.

La fatwa du président de l’UIOM sur le crédit accordé aux jeunes entrepreneurs a suscité la même controverse au sein des réseaux sociaux. Les partisans de cette orientation considèrent qu’elle facilitera la tâche des jeunes dans leur vie privée et professionnelle. En revanche, les contestataires considèrent que le Riba (usure) est interdit par la Charia et qu’il compliquera la vie à tous ceux qui s’en serviront.

Par Hassan Benadad
Le 16/02/2020 à 21h51