On en sait davantage sur l’affaire des chars marocains transférés à l’Ukraine pour soutenir son effort de guerre contre le Russie, et c’est par la voix de la porte-parole du ministère des Affaires étrangères russe, Maria Zakharova, que nous l’apprenons. Pour cette dernière, qui intervenait lundi 17 avril 2023 lors d’une conférence de presse, si des blindés marocains se trouvent effectivement sur la zone de combat, c’est par la faute de la Tchéquie. Et pour cause, relève Zakharova, ces appareils se trouvaient dans ce pays dans le cadre d’un contrat de modernisation pour le compte des Forces armées royales quand ils ont été expropriés et transférés en Ukraine.
Dans les détails, le Maroc avait signé un contrat avec la société tchèque Excalibur Army pour moderniser un lot de 130 chars T-72B acquis par le Royaume entre 1999 et 2001 auprès de la Biélorussie. Ceci, bien avant le début du conflit armé entre la Russie et l’Ukraine. «Après avoir effectué les travaux nécessaires, 56 chars ont été restitués au Royaume. Les véhicules blindés restants, au nombre de 74, ont en fait été expropriés par la partie tchèque en vue de leur transfert ultérieur vers la zone de combat en Ukraine», a précisé la responsable russe. Pour elle, «les Marocains ont été mis devant le fait accompli. Et en même temps, ils se sont retrouvés coupables devant les Biélorusses d’avoir manqué à l’obligation de ne pas remettre ces tanks à des pays tiers sans le consentement du fournisseur».
En effet, le contrat d’achat de ces chars comprend, à l’image de tous les accords d’armement, une cause sur le «end-user certificate», attestant que le pays acquéreur d’un équipement militaire donné en sera le seul et unique destinataire et utilisateur et que le ledit matériel ne peut être cédé à une partie tierce.
«Nous considérons ce cas scandaleux comme une preuve supplémentaire de la voie hostile anti-russe suivie par les autorités tchèques, dans le cadre de laquelle Prague n’hésite pas à violer les normes fondamentales du droit international régissant le commerce des armes et à saisir les biens d’autrui», a indiqué la diplomate dans un communiqué.
Les déclarations de Maria Zakharova viennent mettre définitivement un terme aux rumeurs, nourries depuis plusieurs semaines, voulant que le Maroc soutienne militairement le pays dirigé par Volodymyr Zelensky. L’Algérie de la junte en a d’ailleurs fait une arme pour polluer les relations entre le Maroc et le Russie.
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Conflit en Ukraine: le Maroc «n’y a pas participé et n’y participera en aucune façon»
Cette sortie conforte également les propos on ne peut plus clairs du ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, qui, mardi 28 février 2023 déjà à Rabat, affirmait que le Maroc «n’est pas partie au conflit armé opposant la Russie à l’Ukraine», soulignant que le Royaume «n’a pas participé et ne participera pas, sous quelque forme que ce soit, à ce conflit».
La position du Royaume vis-à-vis du conflit russo-ukrainien repose sur les principes de préservation de la souveraineté des États et le respect de l’intégrité territoriale des pays membres des Nations unies, le règlement pacifique des différends, l’appui d’une politique de voisinage constructive, ainsi que le respect des principes du Droit international et de la Charte des Nations unies, a rappelé le chef de la diplomatie marocaine.
Le vote favorable du Maroc envers l’Ukraine obéit à cette même logique. «Chaque fois qu’il y a un vote au sein de l’ONU et de ses agences spécialisées, le Maroc s’abstient de voter, sauf lorsque la Résolution concerne les principes de la Charte des Nations unies et les principes du Droit international et selon les quatre principes qu’il défend», a expliqué Bourita à cette occasion.
Pour rappel, un total de 141 pays, dont le Maroc, soit la majorité nette des représentants de pays qui étaient réunis, le jeudi 23 février, à l’Assemblée générale des Nations unies, ont voté la Résolution intitulée «Principes de la Charte des Nations unies sous-tendant une paix globale, juste et durable en Ukraine», exigeant ainsi le départ inconditionnel de toutes les troupes russes du territoire ukrainien