Créé au lendemain de la conclusion des Accords d’Abraham, scellant la normalisation des relations entre Israël et quatre pays arabes (les Emirats arabes unis, Bahreïn, le Soudan et le Maroc), Abraham Accord Peace Institute n’y va pas par quatre chemins: «Israël doit reconnaître officiellement la souveraineté du Maroc sur son Sahara». Le pas est jugé comme «une étape nécessaire».
Dans sa newsletter du mois de décembre, parue ce début janvier 2023, cet influent think tank, organisation américaine non partisane à but non lucratif, qui milite pour la mise en œuvre et l’expansion de ces accords de paix, fait un focus sur le partenariat entre le Maroc et Israël depuis la reprise de leurs relations diplomatiques. La conclusion est sans détour et une telle reconnaissance est d’autant plus urgente que «de nombreux pays, y compris les Etats-Unis, l’ont fait», peut-on lire dans ce focus. Le document est signé par nul autre que Meir Ben-Shabbat, conseiller à la sécurité nationale de l’Etat d’Israël, au moment de la conclusion de la reprise des relations entre son pays et le Maroc, en décembre 2020, et par David Aaronson, directeur adjoint pour Israël de l’Abraham Accords Peace Institute et ancien conseiller principal du ministre chargé de la Coopération régionale.
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«Côté israélien, et outre la promotion des liens avec le Maroc, cette reconnaissance affaiblira également le front Polisario, soutenu par l’Iran et le Hezbollah», souligne Abraham Accords Peace Institute.
Pour cette organisation, les accords d’Abraham ont constitué le «début d'une belle amitié» entre le Maroc et Israël. «Seuls deux ans se sont écoulés depuis que les liens entre les deux pays ont été rétablis, mais il semble qu’ils n'aient jamais été rompus», indique d’emblée le rapport. «De nombreuses opportunités s’offrent à nous. Elles apporteront la prospérité et garantiront que la paix que nous avons avec le Maroc continuera d'être un exemple et un modèle pour tous les pays de la région», lit-on encore.
Le bilan est pour l’heure des plus positifs. Des vols directs opèrent entre Tel-Aviv, Casablanca et Marrakech. Le Maroc est devenu une destination touristique populaire pour les Israéliens. De nombreux accords ont été signés entre des ministères, des établissements universitaires, des entreprises et des organisations des deux pays. Le Maroc a récemment approuvé l’assouplissement de la procédure d’entrée pour les Israéliens via un visa électronique, «et Israël devrait prendre des mesures similaires pour encourager le tourisme du Maroc vers Israël», recommande le document.
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Il est donc temps de passer à la vitesse supérieure et cela passe inéluctablement par une reconnaissance officielle de la marocanité du Sahara. Les enjeux sont immenses. «Le Maroc et Israël servent de passerelles vers la mer Méditerranée, de l’ouest et de l’est. Israël, le Maroc et le Soudan peuvent coopérer pour apporter des solutions à la crise alimentaire mondiale, qui a été exacerbée après la guerre en Ukraine. Même si le Soudan dispose de terres fertiles nécessaires pour devenir un exportateur alternatif de blé, il manque de savoir-faire et d’outils (notamment les engrais, Ndlr) pour le faire», lit-on. Israël et le Maroc peuvent combler le vide, indique le rapport, en apportant les leviers nécessaires à une telle révolution.
Cette coopération, ajoute le document, pourrait également fournir des solutions alternatives à la crise énergétique mondiale et aux restrictions sur les importations de gaz en provenance de Russie. «Des projets tels que le gazoduc entre le Nigéria et le Maroc, le gazoduc d’Israël vers l’Europe et l’oléoduc du Golfe vers l’Europe deviennent plus pertinents que jamais», souligne-t-on.
Les voies de coopération pour stimuler les économies et l’emploi dans les deux pays ne manquent donc pas. Autant dire que les choses sérieuses ne font que commencer.