Sous le soleil brûlant du Moyen-Orient, un phénomène unique prend forme. Un pays petit par la taille, mais grand par ses idées, Israël, est devenu le temple des startups. Selon Ran Natanzon, chef du département de l’innovation au ministère israélien des Affaires étrangères, «le pays est un creuset d’entreprises innovantes». Et il ne s’agit pas uniquement de «licornes », ces startups valorisées à plus d’un milliard de dollars, bien qu’elles constituent une part non négligeable de la scène entrepreneuriale israélienne.
Lors d’une rencontre avec les médias, organisée à Tel-Aviv le dimanche 25 juin, Ran Natanzon a estimé que l’ère des licornes, ces start-ups qui brûlent rapidement leur capital, «pourrait être révolue», au profit de celle des «Camel startups».
«Face à la crise financière, la philosophie du « chameau » s’impose: des avancées lentes, une consommation d’argent plus modérée et la capacité à traverser les déserts financiers», assure-t-il. De ce fait, au lieu de se focaliser sur les licornes, Ran Natanzon estime qu’il serait plus judicieux de «soutenir les start-ups de petite taille, qui se développent graduellement et qui maintiennent un lien étroit avec leur clientèle». «Les chameaux se positionnent comme les véritables champions de la survie ! Ils ne connaissent pas de limites lorsqu’il s’agit de s’ajuster à des environnements extrêmes. Ils sont les maîtres incontestés de l’endurance et de la ténacité», insiste-t-il.
Selon lui, Israël, petit pays regroupant une importante population et de nombreux talents, est l’incarnation de ce nouveau modèle. Avec environ 8.000 à 10.000 entreprises technologiques et 400 centres de recherche et développement de sociétés multinationales, dont beaucoup font partie des entreprises du Fortune 500, la «Start-up Nation» est un véritable temple d’innovation.
«L’innovation est dans l’ADN de la nation»
«C’est un pays où l’innovation est dans l’ADN de la nation. Il y a un siècle, les Israéliens étaient des pionniers qui transformaient des marécages en terres agricoles productives. Cette nécessité d’innover s’est manifestée de manière révolutionnaire dans l’invention de l’irrigation goutte à goutte, un système qui a changé la vie de milliards de personnes à travers le monde», a-t-il relevé.
«Revenons sur l’histoire de l’invention de l’irrigation goutte à goutte. Un ingénieur israélien vivant dans un kibboutz (Exploitation agricole collective, NDLR) remarque un trou dans un tuyau d’irrigation. Au lieu de le voir comme un problème, il l’a vu comme une solution. C’est ainsi qu’est née l’irrigation goutte à goutte», narre Ran Natanzon.
La cybersécurité est un autre domaine où Israël a transformé des écueils en opportunités. Le pays a rapidement compris qu’Internet, outil d’interaction internationale, était également un champ d’attaque. C’est ainsi qu’est né le pare-feu (firewall), pilier de la confiance dans l’utilisation d’Internet. Aujourd’hui, les entreprises israéliennes de cybersécurité drainent 40% des investissements dans ce secteur.
Transformer un inconvénient en avantage
Selon Ran Natanzon, «tout commence par le capital humain et la mentalité qui alimentent tout l’écosystème. L’histoire d’Israël, avec ses ressources agricoles limitées et son manque d’eau, a stimulé des innovations dans le domaine de l’agriculture».
La réussite d’Israël ne repose pas seulement sur l’ingéniosité de ses citoyens, mais aussi sur une culture entrepreneuriale très forte. «Ici, on dit ce que l’on pense sans se préoccuper du statut de la personne en face. Cette liberté d’expression est importante pour la culture entrepreneuriale», a-t-il expliqué. Cela s’accompagne d’une tolérance à l’échec et d’une grande diversité, alimentant un réservoir constant d’idées nouvelles.
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«De plus, la diversité de la société israélienne est un catalyseur d’innovation et de créativité. L’impact de l’armée israélienne dans la formation des entrepreneurs est indéniable. Celle-ci joue un rôle important dans le développement des compétences techniques, du leadership, et de la résolution de problèmes chez les jeunes Israéliens. Des unités spécialisées sont de véritables incubateurs de talents technologiques, formant des individus qui sortent de leur service militaire prêts à innover et à créer des startups technologiques. Nombreux sont ceux qui, après leur service, lancent des start-ups à succès», a-t-il poursuivi.
La coopération avec les multinationales, les partenariats entre secteurs public et privé, et l’intervention du gouvernement en cas d’échec du marché sont d’autres rouages essentiels de cet écosystème, a expliqué d’emblée ce responsable. De plus, l’université est un autre pilier de l’écosystème israélien de l’innovation. «Le lien étroit entre le monde universitaire et l’industrie favorise un transfert fluide des idées de la théorie à la pratique. Les universités abritent des centres d’innovation qui encouragent les étudiants à travailler sur leurs propres idées, en bénéficiant du soutien académique et financier», a conclu Ran Natanzon.