Portrait. Japon: le prince héritier Naruhito, sur les pas de son père

Le prince Naruhito, le 18 novembre 2015 à New York.

Le prince Naruhito, le 18 novembre 2015 à New York. . AFP/Archives DON EMMERT

Naruhito, 56 ans, prince héritier japonais amené à succéder un jour à l'empereur Akihito, s'est montré critique d'une institution millénaire et du passé militariste de l'archipel, marchant ainsi sur les traces de son père.

Le 08/08/2016 à 12h29

Le prince héritier a régulièrement appelé à une nouvelle réforme pour que la dynastie impériale soit en phase avec le 21e siècle, un sujet qui lui tient d'autant plus à coeur que son épouse a souffert de la rudesse de l'étiquette.

"Il faudra redéfinir les contours des obligations impériales afin qu'elles s'adaptent aux changements de notre temps", avait déclaré Naruhito il y a quelques années. De même a-t-il prévenu que le Japon ne devrait pas minimiser les exactions commises par son armée au début du 20e siècle et pendant la Seconde guerre mondiale.

Début 2015, à l'occasion de ses 55 ans, il avait jugé "important que l'on regarde humblement le passé et que, puisque c'est aujourd'hui encore possible, les générations qui ont vécu la guerre transmettent correctement à celles qui ne l'ont pas connue l'histoire et les expériences tragiques traversées par le Japon".

"Je pense qu'est une nouvelle fois posée la question de la façon dont on peut réaliser la paix et la prospérité dans le monde", avait-il estimé.

Une fois sur le trône, Naruhito devrait donc promouvoir une monarchie plus ouverte et accessible, poursuivant les efforts entrepris par l'empereur Akihito depuis plus d'un quart de siècle.

Il a déjà brièvement fait l'expérience du pouvoir, quand son père avait subi un pontage coronarien en 2012. "Il est nécessaire de réduire la charge pesant sur lui. J'aimerais faire tout mon possible à cet égard", avait alors dit le prince héritier.

DépressionNé le 23 février 1960, Naruhito est le premier prince à être élevé sous le même toit que ses parents, la tradition voulant auparavant que l'éducation soit confiée à des précepteurs.

D'un profil assez discret, comme son père à qui il ressemble physiquement, ce joueur de violon, passionné de randonnée, a étudié à la prestigieuse université d'Oxford (Angleterre), une période qu'il a racontée avec émotion dans un livre, après un diplôme d'histoire au Japon.

Naruhito s'intéresse aux efforts de conservation des écosystèmes marins et a même présidé une conférence internationale à ce sujet en 2003.

Mais l'attention du public japonais s'est surtout portée sur les problèmes rencontrés par sa femme Masako dans sa vie de princesse héritière.

Brillante diplomate avant d'épouser Naruhito en 1993, elle renonce à sa carrière pour embrasser ses nouvelles fonctions, mais subit d'importantes pressions pour donner naissance à un fils afin d'assurer la succession sur le trône du Chrysanthème réservé aux mâles. Le couple n'a eu qu'une fille, Aïko, en 2001.

Masako sombre alors dans la dépression, n'apparaissant quasiment plus en public pendant des années.

En 2004, Naruhito, qui a promis de "la protéger à n'importe quel prix", reproche même, dans une initiative inédite, à l'administration du palais impérial d'étouffer la personnalité de son épouse.

La pression s'est toutefois relâchée sur Masako après la naissance en 2006 de Hisahito, fils du frère cadet de Naruhito. Il s'agit du premier garçon né dans la famille impériale depuis 41 ans.

Le 08/08/2016 à 12h29