Nouvelles mobilisations indépendantistes en Catalogne

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La Catalogne se préparait mardi à de nouvelles journées de colère après que des milliers de militants indépendantistes ont fait le blocus de l'aéroport de Barcelone pour dénoncer la condamnation de leurs dirigeants à de lourdes peines de prison par la Cour suprême d'Espagne.

Le 15/10/2019 à 10h49

Plusieurs routes et voies ferrées étaient encore coupées mardi par des manifestants, dans l'attente de nouvelles instructions de la mystérieuse organisation "Tsunami démocratique" qui avait appelé lundi au blocus de l'aéroport sur les réseaux sociaux et les messageries.

Beaucoup ont pris congé pour manifester comme Carles Navarro, un consultant de 49 ans, qui veut attirer l'attention de l'Europe. "Nous faisons ça pour causer le plus de gêne possible, pour que ça affecte tout le monde, on verra s'ils s'en rendent compte et s'impliquent" dans le conflit, a-t-il expliqué.

Voulant imiter les manifestants pour la démocratie à Hong Kong, les indépendantistes venus en voiture, en transports en commun ou à pied ont bloqué jusque tard dans la nuit les accès de l'aéroport et affronté la police qui a chargé à plusieurs reprises pour les repousser.

Le slogan circule sur les réseaux sociaux: "Faisons de la Catalogne un nouveau Hong Kong".

Plus de cent vols ont été annulés lundi, les équipages n'ayant pu parvenir au terminal, et des centaines de passagers ont dû passer la nuit à l'aéroport, selon son gestionnaire AENA. Quarante cinq vols ont encore été annulés mardi matin, sur le millier prévu pour la journée.

Les services de secours ont annoncé que 131 personnes avaient reçu des soins après les affrontements de lundi dont 115 à l'aéroport.

Des grèves d'étudiants et des marches de protestation sont prévues au moins jusqu'à vendredi, quand les organisations indépendantistes qui ont pignon sur rue, l'Assemblée nationale catalane (ANC) et Omnium cultural, ont convoqué une manifestation de masse à Barcelone.

L'ancien chef de l'ANC et celui d'Omnium, Jordi Sanchez et Jordi Cuixart, font partie des neuf indépendantistes condamnés lundi pour sédition pour leur participation dans la tentative de sécession de la Catalogne en 2017.

Ils ont été frappés de peines de neuf ans de prison. Deux anciens ministres régionaux ont reçu des peines de 10 ans et demi de prison et la présidente du parlement régional à l'époque de 11 ans et demi. Trois autres ministres se sont vus infliger 12 ans pour sédition aggravée de détournement de fonds.

L'ancien numéro deux du gouvernement indépendantiste Oriol Junqueras a reçu la peine la plus lourde, 13 ans, lui aussi pour sédition et détournement de fonds.

Dans la foulée de la décision, le parquet a lancé un nouveau mandat d'arrêt, fondé sur les mêmes chefs d'accusation, contre le président régional Carles Puigdemont qui s'est réfugié en Belgique pour échapper aux poursuites.

Les sept juges ont conclu qu'ils avaient soulevé la population pour empêcher le respect des décisions de justice et l'application des lois quand ils ont organisé un referendum d'autodétermination interdit le 1er octobre 2017, suivi d'une vaine déclaration d'indépendance.

Le gouvernement socialiste qui prépare les élections législatives du 10 novembre, affiche sa fermeté face aux séparatistes. Les peines seront purgées intégralement, a insisté le Premier ministre Pedro sanchez. Le ministre de l'Intérieur, Fernando Grande-Marlaska, a ajouté mardi "qu'aucune grâce n'était prévue pour les condamnés".

La loi prévoit cependant la possibilité de leur accorder des permis de sortie d'ici quelques mois pour les deux premiers. La décision revient à l'administration pénitentiaire qui dépend dans leur cas du gouvernement régional catalan, indépendantiste.

Entretemps, le gouvernement espagnol et les autorités indépendantistes de Catalogne, qui soutiennent que le procès était politique, multiplient les interviews et conférences de presse pour gagner la bataille de l'opinion publique internationale.

Le "Tsunami démocratique" a mis en ligne une vidéo de l'entraîneur catalan de Manchester City, Pep Guardiola, indépendantiste convaincu, qui affirme que le mouvement continuera jusqu'à ce que Madrid autorise un referendum d'autodétermination pour la Catalogne. Les gouvernement espagnols successifs soutiennent que la Constitution ne le permet pas.

Le 15/10/2019 à 10h49