La Russie va-t-elle lâcher l’Algérie?

Rachid Achachi.

ChroniqueLes points de divergence entre la Russie et l’Algérie, traditionnellement présentées comme des «alliés», deviennent de plus en plus criants, notamment dans la région du Sahel. Moscou s’apprêterait-il à prendre ses distances avec Alger?

Le 14/11/2024 à 11h00, mis à jour le 14/11/2024 à 11h00

D’emblée, nous répondrons à cette question par un «niet» catégorique. Et ce, pour une raison très simple: aucune alliance ou traité d’assistance militaire mutuelle n’existe entre la Russie et l’Algérie. Tout au plus, les deux pays sont liés par des accords de coopération et des partenariats présentés de manière pompeuse comme «stratégiques». Dans les faits, les deux ne sont aucunement des alliés, comme certains voudraient nous le faire croire, mais des partenaires économiques et commerciaux, dont les points de vue peuvent converger sur certains points et diverger sur d’autres.

Mais, cela ne veut pas dire que la relation entre les deux pays ne risque pas de fortement se dégrader. D’autant plus que les points de divergence deviennent de plus en plus criants, notamment dans la région du Sahel, où certains commencent ouvertement à affirmer qu’entre l’Algérie et le Mali, la Russie devra choisir. Car à courir deux lièvres à la fois, on risque de n’en attraper aucun.

Certes, l’Algérie représente le troisième client de l’industrie militaire russe, avec des commandes qui représentent à peu près 15% du total des exportations militaires de la Russie, soit l’équivalent de plusieurs milliards de dollars. Mais dans ce schéma, qui est réellement dépendant de l’autre? La Russie pourra toujours trouver des clients, notamment au sein du Sud global, qui cherche de plus en plus à sortir de toute forme de dépendance vis-à-vis du monde occidental. Ajoutons à cela que la guerre en Ukraine et le bras de fer avec l’Occident amèneront la Russie à mener une politique importante de réarmement et de modernisation de son armée, ce qui réduira grandement sa capacité à honorer des commandes de l’étranger. Quant à l’Algérie, dont 80% de l’armement est de fabrication russe, il lui est impossible de s’extraire d’une telle dépendance. Car cela ne se résume pas au fait même d’acheter des armes, mais concerne aussi le besoin en pièces de rechange, en entretien, en formation, en entraînement et en livraison de munitions.

Ainsi, l’Algérie dépend intégralement de la Russie pour sa défense, mais le contraire est absolument faux. Car que peut proposer Alger à Moscou que cette dernière ne possède déjà? Du gaz et du pétrole? La Russie est le premier producteur mondial de gaz naturel et le deuxième au niveau du pétrole. Et la liste s’arrête là, car mis à part ces deux matières premières, je ne vois pas ce que l’Algérie produirait d’autre.

Revenons au Sahel, et plus particulièrement au Mali, où la Russie aide l’État malien depuis 2021 à restaurer sa souveraineté territoriale au nord du pays. Depuis l’arrivée au pouvoir d’Assimi Goïta, la coopération militaire entre Moscou et Bamako s’est grandement renforcée au détriment de la France, qui a littéralement été éjectée de cette zone stratégique. Cette coopération va de la participation des mercenaires de Wagner (rebaptisé African Corps) aux combats jusqu’à la formation des militaires maliens par des experts russes, avec des livraisons d’armes régulières.

Cependant, en juillet dernier, la défaite des forces armées maliennes, épaulée par des combattants de Wagner, dans la bataille de Tinzaouatine, a été à l’origine d’une grave crise diplomatique entre le Mali et l’Ukraine. Une crise qui s’est soldée par la décision de Bamako de rompre ses relations diplomatiques avec Kiev, à la suite de la sortie, 48 heures après la bataille, d’Andriy Yusov, porte-parole du GUR, le service du renseignement militaire ukrainien, qui a déclaré que les rebelles ont «reçu des informations nécessaires, et pas seulement celles qui leur ont permis de mener une opération militaire réussie contre les criminels de guerre russes».

«Loin de ne concerner que les Maliens, les ingérences d’Alger au Mali entrent en contradiction frontale avec la politique de la Russie dans la région du Sahel.»

Selon les Maliens, le soutien ukrainien va au-delà de simples livraisons d’informations stratégiques, mais porte aussi sur la formation des rebelles terroristes au maniement des drones. Or, la commune de Tinzaouatène se trouve littéralement à la frontière algéro-malienne, à moins de 9 km de la commune algérienne d’In Guezzam. Et il est très compliqué de ne pas y voir une connivence algérienne, ou du moins, un détournement du regard quant aux agissements des rebelles dans cette zone.

Loin de ne concerner que les Maliens, les ingérences d’Alger au Mali entrent en contradiction frontale avec la politique de la Russie dans la région. En 2022, le président algérien s’est cru légitime pour donner des leçons de stratégie à la Russie, en déclarant dans une interview avec le quotidien français Le Figaro que «l’argent que coûte cette présence (de Wagner) serait mieux placé et plus utile s’il allait dans le développement du Sahel».

Dans ce contexte, l’Algérie chercherait-elle à se soustraire de sa dépendance vis-à-vis de la Russie? Peut-être, à en croire les récentes initiatives d’Alger, comme la signature en septembre dernier d’un contrat avec BGR group, une grande firme américaine de lobbying liée par bien des canaux à Israël, pour un montant de 720.000 dollars. Mais aussi, et surtout, l’annonce faite il y a quelques jours par Mohamed Arkab, ministre algérien de l’Énergie, concernant la décision de l’Algérie de coopérer avec l’OTAN pour sécuriser ses installations énergétiques. Oui, vous avez bien lu: avec l’OTAN. Et dans son élan, le ministre a aussi souligné les différents aspects de cette coopération qui porte sur «la sécurité des installations, la cybersécurité, le transfert de technologies de pointe et la possibilité de coopérer en matière de gestion des risques, de réponse aux situations d’urgence et de développement des compétences techniques par le biais de programmes de formation avancée».

Et comme on dit, jamais deux sans trois, ajoutons à ce panel la visite en avril dernier à Alger de l’amiral Rob Bauer, président du Comité militaire de l’OTAN, à l’invitation de l’indéboulonnable général algérien Saïd Chengriha, pour examiner en profondeur nous dit-on, la coopération militaire entre l’OTAN et l’Algérie.

Cela suffira-t-il? La réponse est non. Mais cela est un signal fort d’un début de revirement diplomatique et stratégique d’Alger.

En parallèle, après avoir obtenu de nouvelles victoires diplomatiques sur le terrain occidental, le Maroc continue de renforcer ses relations avec le Sud global, comme en témoigne la participation du ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, à la 1ère Conférence ministérielle du Forum Russie-Afrique qui s’est tenue il y a quelques jours à Sotchi, en Russie. Et à laquelle le Polisario n’a pas été convié, ce qui représente un signal fort envoyé par Moscou au Maroc.

Par Rachid Achachi
Le 14/11/2024 à 11h00, mis à jour le 14/11/2024 à 11h00

Bienvenue dans l’espace commentaire

Nous souhaitons un espace de débat, d’échange et de dialogue. Afin d'améliorer la qualité des échanges sous nos articles, ainsi que votre expérience de contribution, nous vous invitons à consulter nos règles d’utilisation.

Lire notre charte

VOS RÉACTIONS

La Russie est ancien empire et actuellement en guerre contre l'OTAN. L 'Algérie est une "chose"... ou au mieux une vache à lait sur un territoire quelque peu intéressant ... Je vous laisserai le soin de conclure.

Raisonnement Logique et Correct ! Quant à la question dans le Titre de la chronique je la poserais autrement "L'Algérie va-t-elle pousser la Russie à la lâcher ?" ... Comme elle a poussé la France à la lâcher !!! ... Merci

L'Arabie Saoudite vient de baptiser une Avenue à Riyad où se trouve l'Ambassade d'Algérie "Avenue du Sahara Marocain" !!! NO COMMENT ! MERCI

Tous les pays avec des dirigeants intelligents et saint d'esprit, ne souhaitent travailler avec cet état voyou dirigé par des vieilles carcasses militaires dont le responsable a du mal à contrôler sa vessie, le vieux sérénissime bowal chiengriha. À le rappeler cette criminelle et dictature militaire (1962) finance le terrorisme au Sahel et au Maghreb à coup de milliards de $ du misérable petit peuple algérien. Rappel : 19 décembre 2023 le clown président A. Tebboune a reçu l’imam malien Mahmoud Dicko (séparatiste). Cette visite a suscité de vives critiques de la part des autorités maliennes et du ministère des AE du Mali, qui accuse les autorités dz d’ingérence et d’actes inamicaux. S. Lavrov l'avait dit haut, ce que pense bas l'état voyou (1962).Ces gens là, vivent dans un monde parallèle

L Algérie pense que la maxime :"le client est roi" s'applique aux relations internationales , soit pour contraindre ou menacer , soit pour s'acheter le parapluie d'un grand en lui achetant des milliards en matériel qui pourrira dans des hangars . c'est dire qu'au fur et à mesure que la manne pétrolière s'amenuise , sa voix devient inaudible et on le constate. Pour Maroc , développer ses relations avec La Russie à tous les niveaux est fondamental ,sans bien sûr tourner le dos à ses partenaires traditionnels. Pour la Russie , Alger est un client et un pion géostratégique dans la région , pour autant sur le moyen terme , sa solvabilité et sa fiabilité à ne pas interférer dans la stratégie russe en Afrique intérroge. Le Pouvoir à Alger n'est ni pro français ni pro russe il est pour sa survie

👍

Les grandes puissances ne fréquente pas les gens d'un autre monde

Une grande puissance ne fréquente pas les gens d'un autre monde.

Poutine est un ( monarque) en costume d un président d une république fédérale. il est unioniste , déteste la cession et le séparatisme. C est un président pragmatique aligné sur la nouvelle philosophie marocaine de gouvernance, ne faire mal à personne ,chercher de fructifier toutes les situations possibles sans se loger dans un camps prédéfini. Le régime algérien est une structure stérile, agonisante, en fin de vie. C est un plante épuisée sans odeur ni couleur. Dans le puzzle actuel des rapports et interaction des peuples, alger est un édifice statique, sa présence pareille à son absence aucune valeur ajoutée.La guerre peut être la seule issue pour ressurgir des cendres et se faire reconstruire une nouvelle identité. Ce peuple est condamné aux lamentations s il reste muet inoffensif

L’analyse de Rachid est pertinemment factuelle. Il faut dire que les liens entre le régime des caporaux avec Moscou n’ont jamais eu d’autres fondements que les achats d’armes russes par une junte militaire algérienne en quête de légitimité et d’influence, dans une région qu’elle n’a cessé de déstabiliser depuis sa prise du pouvoir en 1962. Et ce, avec l’unique objectif de l’affaiblir pour la dominer; si ce n’était pour un pays, le Maroc, qui lui a fait obstacle. De son côté, la Russie, incluant l’ex URSS, n’a jamais considéré l’Algérie comme un partenaire fiable; étant consciente de la proximité cachée du régime en place avec la France en premier, et pendant des décennies avec le reste des puissances occidentales. Atteignant leurs limites, les relations russo-algériennes s’essoufflent!

Dans cette affaire, l'Algérie c'est le dindon de la farce parce qu'elle se soumets à l'Otan et à la Russie, d'ailleurs tout le monde voit son double jeu en protégeant les terroristes coupeurs de têtes du Jnim, Daech, Al qaida, d'ailleurs iyad ag ghali le coupeur de tête est financé et armé par l'Algérie

Il faut beaucoup plus que 750000 milles dollars pour faire du lobbying au USA il faut déjà une base de relations minimum pour la Russie ses intérêts passent au gré des courants géo politiques l’Algérie ne représente qu’un marché comme un autre encore lorsque Poutine a constaté in visu le niveau des responsables algériens à leurs têtes un vrai clown de foire

Tant que l’Algérie disposera de suffisamment d’argent pour acheter d’énormes quantités d’armes russes, la Russie continuera à respecter ses intérêts avec l’Algérie et les divergences ne dépasseront pas une certaine limite.

karim. Et entre-temps le pauvre zawali algérien ne trouve pas la loubia plat de luxe chez les Dz consommée en été comme en hivers, la3dess introuvable, le café a complétement disparu, les bagarres autour des camions pour avoir un sachet de lait en poudre, des coupures d'eau et d'électricité sont devenues monnaie courante, des bus de transports Dz des années 70, des trains d'un autre âge, la saleté des villes Dz, on dirait une déchèterie, la bonbonne de gaz introuvable, des files d'attente dès l'aube pour tout etc....tout ce que je viens de citer est d'actualités en vidéos sur les réseaux sociaux et filmées (vidéos) par des Dz sur place et d'un côté vous avez un peuple miséreux et pauvre de la DZiba qui parle d'armements et de sous-marin nucléaire 😂 Ach khassek al3aryan?! Khatem a moulay.

N'oublie pas la flotte algérienne militaire et le sous marin nucléaire russe stationnée vers les cotes oranaises entre les 2 pays il quelle que divergences mais pas de conflit énorme.....

0/800