L'une de ses fidèles au Congrès, la nouvelle élue ultra-trumpiste Marjorie Taylor Greene, avait lancé un "avertissement" clair à ses collègues, au jour de son départ de la Maison Blanche.
"La vaste majorité des électeurs, bénévoles et donateurs républicains ne sont plus loyaux au parti républicain et à ses candidats juste parce qu'ils ont un «R» à côté de leur nom. Leur loyauté revient désormais à Donald J. Trump", a-t-elle tweeté le 20 janvier.
Même privé de son compte Twitter et des projecteurs braqués sur la Maison Blanche, le milliardaire domine encore l'actualité américaine, avec l'ouverture formelle, lundi soir, de son procès historique en destitution. Et il occupe les esprits des sénateurs républicains qui seront chargés de le juger en février.
Tout le week-end, l'entourage de Donald Trump a bruissé d'avertissements et contre-avertissements, tous convergeant vers un point: le magnat de l'immobilier, vainqueur choc de la présidentielle de 2016, qui a promis de revenir, "d'une façon ou d'une autre", compte bien maintenir son influence.
Il aurait fait circuler l'idée de créer une nouvelle formation, le "parti patriote", selon le Washington Post. Une "menace" sur les sénateurs conservateurs, inquiets de voir leurs électeurs le rejoindre dans ce cas.
Mais il aurait aussi fait dire qu'il ne comptait pas créer de nouveau parti pour au contraire imprimer profondément son influence sur le Grand Old Party, selon Politico. Une façon aussi de signaler à ceux qui voudraient le condamner qu'il encouragerait des opposants à se présenter contre eux lors de leurs prochaines primaires.
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Les 100 sénateurs américains ont prêté serment mardi pour le procès doublement historique, qui démarrera en plein le 9 février.
Donald Trump est le premier président des Etats-Unis à tomber deux fois sous le coup d'un "impeachment", et sera également le premier à être jugé après avoir quitté la Maison Blanche.
Le tempétueux New-Yorkais est accusé d'avoir incité l'assaut meurtrier de certains de ses partisans contre le Capitole, le 6 janvier, lorsque le Congrès votait pour certifier la victoire de Joe Biden à la présidentielle qu'il venait, à nouveau, de nier devant eux.
Les démocrates contrôlent désormais le Sénat d'une très infime majorité, et auraient besoin de 17 voix républicaines pour le condamner. Un nombre qui semble difficile, voire quasi impossible à atteindre, comme l'a admis Joe Biden lui-même lundi soir sur CNN.
Même si les violences ont provoqué un profond malaise, y compris chez les républicains, très rares sont ceux qui soutiennent le procès.
Mardi, 45 des 50 sénateurs républicains ont même défendu une initiative pour tenter de bloquer la procédure, arguant qu'il est anticonstitutionnel de juger au Sénat un ex-président.
Parmi eux: le puissant chef des républicains Mitch McConnell, qui n'a pourtant pas exclu de condamner, in fine, Donald Trump.
Pour Rand Paul, ce résultat signifie que le procès est "mort-né". Et si certains ont bien souligné que ce vote ne préjugeait pas de leur décision finale au terme du procès, il témoigne pour le moins de l'influence encore forte du milliardaire sur son parti.
La rupture est en tout cas prononcée entre Mitch McConnell et Donald Trump, deux ex-alliés: le sénateur a déclaré mardi qu'il n'avait pas parlé à l'ex-président depuis qu'il avait reconnu publiquement, à la mi-décembre, la victoire de Joe Biden.
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Et alors qu'il avait tout fait, lors du premier procès du 45e président des Etats-Unis, pour défendre son acquittement, Mitch McConnell laissera cette fois ses rangs voter "en conscience".
Rare voix ouvertement critique chez les républicains du Congrès, le sénateur Mitt Romney défend, lui, la tenue du procès.
Cible des partisans de Donald Trump, il avait répondu d'un rire lorsqu'un militant lui avait prédit qu'il rencontrerait une opposition au moment de la prochaine primaire aux sénatoriales dans son fief de l'Utah.
L'ex-président a néanmoins démontré ce week-end qu'il pouvait encore peser sur les élections, en faisant pencher la balance pour qu'une fervente supportrice, Kelli Ward, reste à la tête du parti républicain dans l'Arizona.
Le sceau d'approbation de Donald Trump est donc encore précieux pour de nombreux candidats. Comme son ancienne porte-parole Sarah Sanders, qui brigue le poste de gouverneure de l'Arkansas en 2022 et affiche fièrement sur Twitter un communiqué du milliardaire.
"Merci président Trump pour votre soutien."