Chronologie en vidéos. Algérie: du 5è mandat à l’après-putsch du clan de Bouteflika

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Les principaux développements de la crise en Algérie depuis l'annonce le 10 février dernier du président Abdelaziz Bouteflika de son intention de briguer un 5e mandat jusqu'à son renoncement à se représenter, sans toutefois donner de date pour son départ.

Le 15/03/2019 à 12h15

Au pouvoir depuis deux décennies, Abdelaziz Bouteflika, 82 ans, met fin à des mois de spéculations le 10 février en annonçant qu'il briguera un 5e mandat lors de la présidentielle du 18 avril, malgré un accident vasculaire cérébral (AVC) l'ayant considérablement affaibli depuis 2013.

"Bien sûr, je n'ai plus les mêmes forces physiques qu'avant (...) mais la volonté inébranlable de servir la patrie ne m'a jamais quitté et elle me permet de transcender les contraintes liées aux ennuis de santé", écrit-il.

Le 22 février, des milliers de personnes, répondant à des appels lancés par des anonymes sur les réseaux sociaux, manifestent dans plusieurs villes.

"Pas de 5e mandat", "Ni Bouteflika, ni Saïd" (frère du président, souvent perçu comme son successeur potentiel), scandent les protestataires à Alger, où les manifestations sont interdites depuis 2001.

Le 24 février, plusieurs centaines de personnes manifestent à Alger malgré un important dispositif policier.

Le 25 février, le Premier ministre Ahmed Ouyahia met en garde "contre les risques de dérapages". "L'Algérie a vécu suffisamment de souffrances", dit-il en référence à la guerre civile qui a ensanglanté le pays entre 1992 et 2002.

Le 26 février, plusieurs milliers d'étudiants marchent pacifiquement dans le centre-ville.

Le 28 février, une dizaine de journalistes algériens sont détenus plusieurs heures après avoir participé à Alger à un rassemblement pour dénoncer les pressions subies et les restrictions de couverture "imposées par [leur] hiérarchie".

Le Premier ministre met en garde contre un scénario comparable à la Syrie, pays déchiré par la guerre depuis 2011.

Le 1er mars, des dizaines de milliers de manifestants scandent des slogans hostiles au pouvoir. En province, des défilés sont recensés notamment à Oran et Constantine, deuxième et troisième villes du pays.

Le 2 mars, Abdelaziz Bouteflika limoge son directeur de campagne Abdelmalek Sellal, un fidèle qui fut son Premier ministre, pour le remplacer par Abdelghani Zaalane.

Le lendemain, son dossier de candidature est déposé par ce dernier au Conseil constitutionnel à Alger.

Dans une lettre lue à la télévision nationale, Abdelaziz Bouteflika s'engage, s'il est élu, à ne pas aller au bout de son mandat et à se retirer à l'issue d'une présidentielle anticipée, dont la date serait fixée à l'issue d'une "conférence nationale".

Dans la soirée, plusieurs centaines de jeunes défilent contre sa candidature.

Le 5 mars, le chef d'état-major, le général Ahmed Gaïd Salah, déclare que l'armée demeurera "la garante" de la stabilité et de la sécurité face à ceux "qui veulent ramener" l'Algérie aux années de guerre civile, alors que plusieurs milliers d'étudiants manifestent dans le pays.

Le 7 mars, Abdelaziz Bouteflika met en garde dans un message contre les ennemis "insidieux" et ceux "qui conspirent" contre l'Algérie et veulent semer "le chaos".

Selon des communiqués publiés dans des médias locaux, il a perdu le soutien des trois importantes associations liées à la guerre d'indépendance, dont il est un ancien combattant.

Le 8 mars, une marée humaine envahit pacifiquement les rues d'Alger et des grandes villes du pays. Dans l'après-midi, la police fait usage de gaz lacrymogènes pour disperser des manifestants qui tentent de forcer un cordon de police bloquant l'accès à une artère remontant vers la présidence.

Le 10 mars, Abdelaziz Bouteflika regagne l'Algérie après deux semaines d'hospitalisation en Suisse pour des "examens médicaux".

Des milliers de lycéens défilent à leur tour à travers le pays. Etudiants et enseignants occupent plusieurs universités du pays, où l'appel à la grève générale est diversement suivi.

Le général Ahmed Gaïd Salah déclare que l'armée "partage" avec le peuple algérien "les mêmes valeurs et principes", dans un discours apparemment plus conciliant que ceux prononcés depuis le début de la contestation.

Le 11 mars, Abdelaziz Bouteflika renonce à briguer un 5e mandat et reporte sine die l'élection présidentielle, sans donner de date pour son éventuel départ. Il indique que la nouvelle élection aura lieu après une Conférence nationale, censée être mise en place rapidement et qui sera chargée de réformer le pays et de rédiger une nouvelle Constitution.

Le Premier ministre Ahmed Ouyahia est remplacé par le ministre de l'Intérieur Noureddine Bedoui, avec pour vice-Premier ministre Ramtane Lamamra.

Ces décisions n'apaisent pas les manifestants qui défilent à nouveau les jours suivants dans la rue, notamment à Alger, tandis que la grève générale se poursuit.

Un nouvel appel à manifester est lancé pour ce vendredi 15 mars.

Le 15/03/2019 à 12h15