"Si les troubles psychiatriques importants de l'auteur des faits sont avérés, les investigations des dernières heures ont permis d'établir une radicalisation certaine du mis en cause ainsi qu'une préparation organisée de son passage à l'acte", a annoncé le Parquet national antiterroriste dans un communiqué annonçant sa saisine. L'enquête a aussi démontré "le parcours meurtrier réfléchi et sélectif" emprunté par Nathan C., un homme de 22 ans qui s'est converti à l'islam en 2017 et qui est atteint de troubles psychiatriques depuis l'enfance, selon la même source.
Jusqu'à présent, cette attaque perpétrée vendredi en début d'après-midi dans un parc de Villejuif, dans la banlieue sud de la capitale, était traitée comme un crime de droit commun et les investigations étaient conduites sous l'autorité du parquet de Créteil. L'enquête, qui se poursuit désormais notamment pour "assassinat en relation avec une entreprise terroriste", sera effectuée en commun par la police judiciaire et le renseignement intérieur (DGSI) qui devront faire la lumière sur le mobile de l'assaillant, finalement abattu par la police.
Selon la procureure de Créteil Laure Beccuau, Nathan C., connu de la justice pour un simple usage de stupéfiants, a perpétré cette attaque avec une "extrême détermination" et aux cris constants d'"Allah Akbar !". Dans le parc à Villejuif, il a d'abord épargné un premier passant après que celui-ci lui a certifié être musulman et a récité une prière en arabe, a raconté Mme Beccuau dans une conférence de presse deux heures avant la saisine du Parquet antiterroriste.
Lire aussi : Un homme poignarde des passants près de Paris, trois blessés, l'assaillant abattu
Il s'est ensuite attaqué à un couple, blessant mortellement l'homme, âgé de 56 ans, au niveau du coeur et blessant grièvement sa femme de 47 ans. Il a ensuite blessé au dos une joggeuse de 30 ans. Ces deux femmes sont aujourd'hui sorties de l'hôpital. Sur les lieux du drame, les enquêteurs ont retrouvé un sac appartenant à Nathan C. et contenant notamment des ouvrages "salafistes" ainsi qu'une lettre aux accents testamentaires.
Il s'agit d'une lettre qui "peut être considérée, non pas comme une lettre d'allégeance, mais une lettre de départ, une lettre testamentaire avec des répétitions assez caractéristiques du musulman qui s'autoflagelle et qui sait qu'il va peut-être faire le grand saut", a expliqué pendant la conférence de presse Philippe Bugeaud, le directeur adjoint de la police judiciaire de Paris. Ce courrier démontre que l'acte avait été "préparé", a estimé Mme Beccuau. Perquisitionné par les enquêteurs, le logement occupé par Nathan C. dans capitale a également renforcé ces soupçons parce qu'il avait "tous les signes d'un appartement qui n'allait plus être occupé", a souligné la procureure.
Comme elle l'a rappelé, l'assaillant souffrait certes de graves problèmes psychiatriques mais ces troubles ne suffisent pas, selon elle, pour écarter "un acte terroriste". Décrit par sa famille comme "brillant intellectuellement", Nathan C. faisait l'objet d'un suivi psychiatrique "depuis l'âge de cinq ans", a été hospitalisé à plusieurs reprises et était sorti d'un établissement en mai dernier avant d'arrêter son traitement en juin, a précisé Mme Beccuau.
Il souffrait par ailleurs d'"addictions à des produits stupéfiants", a-t-elle ajouté. Quelques jours avant les faits, l'assaillant avait souhaité se marier religieusement avec sa compagne, qui elle aussi s'est convertie, mais il avait essuyé le refus d'un imam au motif que la démarche n'avait pas été précédée d'un mariage civil, a dit à l'AFP la procureure.
La France vit sous une menace terroriste constante depuis le début en 2015 d'une vague d'attentats jihadistes qui a au total fait 255 morts.