Armes occidentales contre le territoire russe: Poutine brandit de nouvelles menaces

Le président russe Vladimir Poutine lors de sa rencontre avec les médias russes, à Tachkent, en l'Ouzbékistan, le 28 mai 2024.

Le président Vladimir Poutine a menacé mardi de «graves conséquences» en cas d’usage d’armes occidentales contre le territoire russe. Alors que son homologue français Emmanuel Macron a préconisé de «neutraliser» les bases en Russie d’où sont tirés des missiles sur l’Ukraine, les Etats-Unis ont réitéré leur opposition à l’usage d’armes américaines pour frapper le territoire russe.

Le 29/05/2024 à 07h10

«En Europe, en particulier dans les petits pays, ils doivent réfléchir à ce avec quoi ils jouent. Ils doivent se souvenir qu’ils sont bien souvent des Etats ayant un petit territoire et une population très dense», a prévenu le président russe Vladimir Poutine au cours d’un point presse à Tachkent, en Ouzbékistan. «Ce facteur est une chose sérieuse qu’ils doivent avoir à l’esprit avant de parler de frapper en profondeur le territoire russe», a-t-il poursuivi. «Cette escalade permanente peut avoir de graves conséquences».

L’Ukraine réclame de pouvoir utiliser les armes livrées par les Occidentaux contre des cibles militaires sur le sol russe, mais le sujet divise ses soutiens. Parmi les plus réticents d’entre eux, l’Italie et l’Allemagne mettent en avant le risque d’un emballement, avec en filigrane la crainte de l’utilisation de l’arme nucléaire par la Russie.

Pour M. Macron, qui s’exprimait mardi en Allemagne aux côtés du chancelier Olaf Scholz, «on doit leur permettre (aux Ukrainiens, NDLR) de neutraliser les sites militaires d’où sont tirés les missiles (...), les sites militaires depuis lesquels l’Ukraine est agressée».

«Un conflit mondial»

Selon Vladimir Poutine, il s’agirait dans ce cas de figure d’une escalade car même si ce sont les militaires ukrainiens qui procèderaient aux frappes, elles seraient «préparées» par les Occidentaux qui leur fournissent les armes. «La tâche n’est pas préparée par l’armée ukrainienne mais par les représentants des pays de l’Otan», a-t-il martelé, reprochant en outre aux Occidentaux de vouloir «un conflit mondial».

À Washington, un porte-parole de la Maison Blanche a une nouvelle fois exprimé les réticences américaines en la matière. «Notre position n’a pas changé à ce stade. Nous n’encourageons ni ne permettons l’utilisation d’armes fournies par les Etats-Unis pour frapper sur le sol russe», a dit le porte- parole du Conseil de sécurité nationale.

Autre ligne rouge pour Moscou : l’envoi sur le sol ukrainien d’instructeurs militaires pour aider l’armée ukrainienne. Si certains pays l’envisagent, d’autres sont des plus circonspects. A Bruxelles, le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a confirmé qu’un débat était en cours sur cette éventualité mais qu’il n’y avait «pas pour le moment de position commune claire sur ce sujet».

Quelque 50.000 soldats ukrainiens ont été formés grâce à un programme financé par l’UE et 10.000 de plus pourraient l’être avant la fin de l’année, a noté M. Borrell.

Le monde ne doit pas «se lasser»

Pour sa part, le président ukrainien Volodymyr Zelensky, de passage à Bruxelles, ont signé avec le Premier ministre belge Alexander De Croo un accord de coopération comprenant la fourniture par la Belgique de 30 avions F-16 d’ici à 2028. Cette assistance militaire incluait une aide de la Belgique en armes, munitions et blindés s’élevant à 977 millions d’euros sur la seule année 2024.

Le gouvernement belge, qui attend toujours de prendre possession des F-35 commandés pour remplacer progressivement sa flotte vieillissante de F-16, a dit de son côté espérer une première livraison à Kiev «si possible avant la fin de l’année».

Volodymyr Zelensky s’est ensuite rendu au Portugal, où il a signé un accord bilatéral de coopération prévoyant une aide militaire pour l’année 2024 chiffrée à 126 millions d’euros. De Lisbonne, il a averti la communauté internationale qu’il était «très important pour les Ukrainiens que le monde ne se lasse pas» de cette guerre qui se poursuit depuis plus de deux ans.

Par Le360 (avec AFP)
Le 29/05/2024 à 07h10