Chine-Russie: la relation Pékin-Moscou, un facteur de «stabilité» selon les présidents Xi et Poutine

Le président russe Vladimir Poutine et son homologue chinois Xi Jinping lors de leur rencontre à Pékin, le 16 mai 2024

Le président chinois Xi Jinping et son homologue russe Vladimir Poutine ont salué jeudi à Pékin la relation entre leurs deux pays comme un facteur de «stabilité» dans le monde. Le dirigeant russe effectue une visite de deux jours en Chine, espérant un soutien accru de Pékin dans sa guerre en Ukraine.

Le 16/05/2024 à 08h08

La relation Chine-Russie «est non seulement dans l’intérêt fondamental des deux pays et des deux peuples, mais elle est également propice à la paix», a estimé Xi Jinping. Et «la Chine est prête à travailler avec la Russie pour (...) soutenir l’équité et la justice dans le monde». «La relation Chine-Russe aujourd’hui a été durement acquise et les deux parties doivent la chérir et la nourrir», a-t-il ajouté.

Cette relation est «un facteur de stabilité sur la scène internationale», a estimé de son côté le dirigeant russe, selon le Kremlin. Elle «n’est pas opportuniste et elle n’est dirigée contre personne». «Ensemble, nous soutenons les principes de justice et un ordre démocratique mondial reflétant les réalités multipolaires et fondé sur la loi international», a-t-il aussi déclaré.

Vladimir Poutine est arrivé le jeudi 15 mai à l’aube dans la capitale chinoise pour une visite de deux jours, son premier voyage à l’étranger depuis sa réélection en mars et son deuxième en Chine en un peu plus de six mois. Le géant asiatique est une planche de salut économique cruciale pour la Russie, en proie à de lourdes sanctions occidentales prises en réaction à son offensive militaire en Ukraine.

Un partenariat «sans limites»

Tout juste de retour d’une tournée en France, Serbie et Hongrie, Xi Jinping y a défendu le droit de maintenir avec son voisin russe des liens économiques normaux. La Chine bénéficie notamment d’importations d’énergie russe bon marché.

Les deux pays avaient célébré début 2022, juste avant le déclenchement de l’invasion de l’Ukraine, un partenariat bilatéral décrit comme «sans limites». «C’est le premier voyage de Poutine après son investiture et il est donc destiné à montrer que les relations sino-russes montent encore d’un niveau», déclare à l’AFP l’analyste russe indépendant Konstantin Kalachev. «Sans oublier l’amitié personnelle visiblement sincère entre les deux dirigeants», souligne M. Kalachev.

Dans un entretien avec l’agence de presse officielle Chine nouvelle, paru mercredi, Vladimir Poutine a salué le «désir sincère» de Pékin d’œuvrer au règlement de la crise ukrainienne. La Chine appelle régulièrement au respect de l’intégrité territoriale de tous les pays (sous-entendu Ukraine comprise), mais exhorte aussi à prendre en considération les préoccupations de sécurité de la Russie.

Ligne rouge

Ces liens étroits sont vus avec une suspicion croissante chez nombre de pays occidentaux. Washington a fixé une ligne rouge à Pékin -ne pas fournir directement d’armes à la Russie- et dit n’avoir à ce jour pas eu la preuve du contraire. Mais les Etats-Unis estiment que le soutien économique chinois permet tout de même à la Russie de renforcer sa production de missiles, de drones et de chars.

Les échanges commerciaux sino-russes ont explosé depuis l’invasion de l’Ukraine et ont atteint 240 milliards de dollars (222 milliards d’euros) en 2023, selon les douanes chinoises. Mais les exportations chinoises vers le voisin russe ont baissé en mars et en avril, après que Washington a menacé de sanctionner les institutions financières soutenant l’effort de guerre russe.

Car un décret signé en décembre par le président américain Joe Biden autorise désormais des sanctions secondaires contre les banques étrangères liées à la machine de guerre russe. En clair: le Trésor américain peut les exclure du système financier mondial, fondé sur le dollar.

Banques prudentes

La Chine cherche de toute façon à renouer ses liens avec les Etats-Unis et pourrait donc être réticente à vouloir renforcer sa coopération avec la Russie, malgré les attentes de cette dernière, selon des analystes. Plusieurs banques chinoises ont ainsi interrompu ou réduit leurs transactions avec leurs clients russes, selon huit ressortissants des deux pays impliqués dans le commerce bilatéral.

Les banques «partent du principe qu’il vaut mieux être prudent que faire quelque chose qu’on pourrait regretter par la suite», déclare à l’AFP Alexandre Gabouïev, le directeur du Centre Carnegie Russie Eurasie. «Arriver à déterminer si des paiements sont liés au complexe militaro-industriel russe (...) représente une difficulté considérable pour les entreprises chinoises, dont les banques», souligne-t-il aussi.

Pendant cette visite de Vladimir Poutine, des experts s’attendent toutefois à ce que Moscou et Pékin célèbrent leur partenariat et signent plusieurs accords commerciaux. Les deux dirigeants devraient par ailleurs publier une déclaration commune et assister à une soirée marquant les 75 ans de relations diplomatiques entre leurs pays, selon le Kremlin.

Par Le360 (avec AFP)
Le 16/05/2024 à 08h08