Algérie, Espagne, États-Unis, France… Voici les batailles diplomatiques gagnées par Rabat, selon El Pais

Siège du ministère des Affaires étrangères et de la coopération internationale (MAECI). 

Siège du ministère des Affaires étrangères et de la coopération internationale (MAECI).  . DR

Depuis des mois, le Maroc mène un bras de fer diplomatique avec l'Allemagne et surtout avec l'Espagne au sujet du «Sahara occidental», rapporte ce lundi 7 juin 2021, le quotidien espagnol El Pais dans un article de son correspondant au Maroc, Francisco Peregil.

Le 09/06/2021 à 12h23

En mars dernier, le Maroc a suspendu ses contacts avec l'ambassade d'Allemagne à Rabat et en mai, il a rappelé son ambassadeur à Berlin. L'Espagne et l'Allemagne se sont montrées favorables à la recherche d'une solution au conflit du Sahara "mutuellement acceptable" par les parties et dans le cadre de l'ONU. Toutefois, cette réponse ne satisfait pas Rabat, indique le journal.

«En principe, le Maroc semble être la partie la plus faible, mais il a remporté des batailles importantes sur la scène internationale», écrit El Pais.

Contre l'EspagneEn août 2018, Rabat a fermé le poste de douane de Beni Enzar, à la frontière avec Melilla, sans la moindre protestation de Madrid. En juin 2020, le Roi et la Reine d'Espagne ont visité toutes les communautés autonomes du pays après l'état d'alerte, à l'exception des villes autonomes de Sebta et Melilla, afin que le voisin du sud, qui les considère comme des "présides occupés", ne se sente pas contrarié.

En janvier de la même année, le Maroc a validé deux lois pour étendre la délimitation de ses eaux territoriales. Sur toutes ces questions, la diplomatie espagnole se limite à assurer que les relations sont excellentes. Le dernier conflit en date a été l'entrée de 8.000 émigrants à la nage à Sebta.

Contre les États-UnisEn avril 2013, sous la présidence de Barack Obama, la délégation américaine aux Nations unies a cherché à intégrer un système de surveillance des droits de l'homme dans la Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental (Minurso). Le Roi du Maroc a ensuite ordonné l'annulation des manœuvres militaires conjointes. La fin de la crise a eu lieu sept mois plus tard, lorsque le roi Mohammed VI est reçu à la Maison Blanche. Le soutien que Rabat a reçu de la France et de l'Espagne a été décisif dans cette lutte contre Washington.

Contre le Front Polisario et son grand protecteur, l'AlgérieLe Maroc a réussi à obtenir de l'ONU l’élimination de l’expression "référendum" de ses résolutions depuis 2007, lorsqu'il a présenté sa proposition d'autonomie pour le Sahara Occidental. Chaque bataille gagnée à l'ONU est une victoire sur l'Algérie, puisque c'est ce pays qui défend les intérêts du Front Polisario, qui n'a aucune représentation aux Nations unies.

Haizam Amirah Fernández, chercheur à l'Institut royal Elcano, estime qu’il ne semble pas que la décision de Trump de reconnaître la souveraineté marocaine sur le Sahara ait été un tournant. De plus, les batailles menées par le Maroc ont porté atteinte à son image comme partenaire.

Contre la FranceLe roi Mohammed VI a suspendu la coopération sécuritaire avec la France au moment où, écrit El Pais, le policier le plus puissant du pays, Abdelatif Hammouchi. La France a finalement annoncé qu'elle décorait Hammouchi de l'ordre d'officier de la Légion d'honneur.

Enfin, contre la SuèdeEn 2015, la mairie de Casablanca a empêché l'ouverture d'Ikea à la périphérie de la ville sous prétexte que l'entreprise ne disposait pas d'un "certificat de conformité".

La véritable raison était que la Suède envisageait de reconnaître la République arabe sahraouie démocratique comme un Etat. Après trois mois de boycott, le gouvernement suédois a finalement retiré son projet. Le magasin a ouvert.

Par Rahim Sefrioui
Le 09/06/2021 à 12h23