Au Maroc, rares encore sont les femmes qui assument les courbes de leurs chevelures. Toutes les occasions sont bonnes pour pratiquer chaque semaine, voire au quotidien, lissages et autres défrisages et venir à bout de boucles et frisottis jugés peu esthétiques.
En effet, on préfère les cheveux lisses, qu’on juge plus jolis. «C’est plus élégant», «ça met mon visage en valeur», «l’effet esthétique est plus net, moins brouillon», «ça fait plus sérieux au travail»… Les raisons ne manquent pas quand il s’agit de glorifier les brushings qu’on inflige à nos chevelures mal-aimées.
Les raisons de ce désamour pour cette spécificité capillaire, pourtant enviée sous d’autres cieux, tirent assurément leurs racines du colonialisme, période pendant laquelle les coutumes locales ont été influencées par celles du colonisateur, du vestimentaire, à la langue, en passant par l’apparence physique. Ainsi, de la même manière que de nombreuses femmes africaines sont adeptes de produits cosmétiques ayant pour effet de blanchir leur peau - la blancheur de la peau étant valorisée au sein de nos sociétés - il en va de même pour celles qui lissent leurs chevelures, n’assumant pas une nature de cheveux méprisée par les autres.
Meriam, elle aussi, s’est inscrite depuis sa plus tendre enfance dans cette mouvance qui consiste à dompter le cheveu Hrach, à coup de lissages et de brushings pratiqués dès ses huit ans. Mais, rattrapée par la tendance du retour au naturel prôné depuis quelques années par de plus en plus de femmes qui refusent de continuer à se soumettre à des diktats esthétiques, elle décide de (re)découvrir la vraie nature de ses cheveux. Après avoir entrepris une transition capillaire, qu’elle qualifie de véritable aventure faite de surprises et de rebondissements, elle se découvre à l’âge adulte une chevelure bouclée dont elle tombe littéralement amoureuse. C’était sans compter sur le Covid-19 dont l’un des effets secondaires sur la jeune femme qui le contracte sera de lui infliger une très sévère perte de cheveux.
Chercheure universitaire avec un doctorat en ingénierie à l’origine de plusieurs articles dans des revues scientifiques, elle décide alors de parfaire ses connaissances en matière capillaire en suivant une formation de trichologie et il y a six mois, lance Naturiam.
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Plutôt que d’ouvrir une boutique avec pignon sur rue, la jeune femme décide de digitaliser son projet en optant pour un site de vente en ligne. Self-made-woman, Meriam entend maîtriser toutes les étapes de la production de ses produits et crée sa ligne de soins capillaires avec l'aide de chimistes cosmétiques internationaux.
Du choix des ingrédients qui composent ses gammes, à leur importation depuis l’étranger, de la fabrication de ses soins jusqu’au packaging… la jeune entrepreneuse met au service de sa marque ses connaissances et son expérience pour garantir à sa clientèle des produits naturels et une transparence totale quant à leur composition.
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Mais la force de Meriam Jardioui, c’est aussi la sensibilisation qu’elle entreprend au quotidien sur ses réseaux sociaux afin de réconcilier les femmes avec la nature de leurs chevelures.
Grâce à une production de contenu ciblée, efficace et pratique, la fondatrice de Naturiam est parvenue à fédérer une petite communauté de femmes qui ne jurent que par ses soins et ses conseils. La vérité sur le bicarbonate de soude, pseudo-allié des cheveux bouclés, la diabolisation des sulfates, l’efficacité des tests de porosité des cheveux, les soins protéinés, les limites et les dangers des soins faits maison, la bonne manière de choisir des produits naturels… Autant de sujets utiles à la communauté des bouclettes que la jeune femme aborde au quotidien, en langue darija, et non sans humour.
www.naturiam.maInstagram: naturiam_curly_hair
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