Le Conseil de la concurrence a rendu public, ce jeudi 6 janvier 2022, son avis concernant le projet de loi relatif au secteur aval du gaz naturel et portant modification de la loi relative à la régulation du secteur de l’électricité.
Le rapport accompagnant cet avis livre une présentation détaillée du secteur du gaz naturel au Maroc, enrichie d’une analyse de la structure de l’offre, de la demande et de la chaîne de valeur au sein de ce marché. En voici quelques extraits.
La production nationale de gaz naturel ne dépasse pas 100 millions de mètres cubes (m3) par an, produits à partir de petits gisements éparpillés sur le territoire national puis transportés et commercialisés par l’Office national des hydrocarbures et des mines (ONHYM), en partenariat avec des sociétés privées spécialisées dans le domaine de l’exploration et de la recherche d’hydrocarbures.
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Le réseau de gazoducs à l'actif de l'ONHYML’acheminement du gaz naturel issu des gisements de l’ONHYM, situés dans les régions du Gharb et d’Essaouira, se fait par gazoducs. Le condensat est transporté par camion citerne.
L’ONHYM dispose de réseaux de gazoduc d’une longueur globale de 213 km dans le bassin du Gharb et de 160 km dans le bassin d’Essaouira. Ils sont constitués d’un certain nombre de canalisations de faible diamètre et de petites longueurs permettant de raccorder les puits aux stations de comptage pour acheminer le gaz jusqu’aux usines des utilisateurs.
Dans le bassin d’Essaouira, le gaz naturel produit est vendu à l’OCP, au centre minier de Youssoufia pour les besoins énergétiques des unités de séchage et de calcination.
Dans le bassin du Gharb, l’ONHYM et ses partenaires commercialisent le gaz naturel produit à la Compagnie marocaine des cartons et des papiers (CMCP) et aux entreprises Super Cérame (industrie de la céramique) et Keyes Cemok (fabrication des alvéoles pour emballage) dans la zone industrielle de Kénitra.
Les sociétés d’exploration et de la recherche d’hydrocarburesLes sociétés privées spécialisées dans le domaine de l’exploration et de la recherche d’hydrocarbures sont les suivantes.
- Sound Energy qui détient la licence de Tendrara dans la région de l’Oriental
- Chariot Oil & Gas qui détient la licence Lixus à Larache, Mohammedia et Kénitra
- Petrador Oil & Gas dans la région de Guercif
- SDX Energy qui dispose de cinq concessions dans la région du Gharb (centre-nord) et de trois concessions dans le nord-est du Maroc.
Compte tenu de la faible production locale de gaz naturel, le Maroc a recours aux importations, comme le montre le graphique plus-haut.
Vers une diversification des sources d'approvisionnementJusqu’à fin octobre 2021, le Maroc couvrait ses besoins en gaz naturel soit par importation directe de l’Algérie, à travers l’ONEE (les accords et contrats régissant le gaz algérien ont pris fin en octobre 2021), soit par le gazoduc Maghreb-Europe (GME). Ce dernier acheminait le gaz algérien vers l’Espagne, en transitant par le Maroc, en contrepartie d’une rémunération en nature sous forme de gaz. Le volume du gaz algérien acheté directement par l’ONEE, auprès de la société algérienne SONATRACH avait atteint 588,9 millions de mètres cubes en 2019 contre 565,2 millions en 2018.
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L’ONEE bénéficiait également, durant quelques années, de la contrepartie en nature de la redevance payée au Maroc, au titre des droits de passage du gaz via le gazoduc qui traverse le territoire marocain. Ces volumes se sont établis à 300 millions de mètres cubes en 2019 contre 388.6 millions en 2018.
Afin de diversifier ses sources d’approvisionnement dans les années à venir, le Maroc compte développer son offre de gaz naturel, à travers la reprise du Gazoduc Maghreb-Europe; l’importation auprès des fournisseurs les plus proches et les plus compétitifs par le biais d’acteurs importateurs d’hydrocarbures et le recours au projet de gazoduc Nigéria-Maroc.
Qui consomme le gaz naturel au Maroc?Le gaz naturel est consommé principalement entités suivantes.
- L’ONEE pour la production d’électricité par les deux stations de Tahaddart dans la région de Tanger et d’Ain Beni Mathar dans la région d’Oujda
- L’OCP pour les besoins du séchage du phosphate
- Les industriels, notamment de la céramique, de la sidérurgie ou de la verrerie.
L’ONEE, principal consommateur de gaz naturelIl convient de préciser que depuis 2005, l’Office national de l’électricité et de l’eau potable constitue le plus gros consommateur de gaz naturel au Maroc, avec un volume de 884,3 millions de mètres cubes, contre 98,7 millions de mètres cubes pour les industriels, en 2019.
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Le gaz naturel, une énergie propre de plus en plus prisée par les industrielsLe gaz naturel peut être utilisé comme matière première dans plusieurs secteurs industriels tels que la métallurgie, l’agroalimentaire, l’automobile, l’industrie chimique et pharmaceutique et l’industrie papetière. Au Maroc, il ressort des données du ministère de l’Energie que la consommation de gaz naturel par secteur d’activité se présente comme suit.
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Une denrée utile pour le séchage du phosphateLe séchage du phosphate constitue un maillon important de la chaîne de valeur pour l’export de la roche, mais aussi localement pour les unités de production d’acide phosphorique (le site de Safi). Le procédé du séchage a pour objectif la réduction du taux d’humidité de la roche de phosphate à 2% contre 10 à 15% en entrée.
L’OCP dispose de trois unités de séchage (à Beni Idir, Oued Zem et Youssoufia). Le procédé utilise principalement le fuel industriel, numéro 2 comme combustible pour porter la masse d’air gazeux dans le four à plus de 800° C. A Youssoufia, l’unité de séchage utilise également le gaz naturel.
Dans le cadre de sa stratégie visant à réduire son empreinte carbone et à décarboner au maximum sa chaîne de valeur industrielle, l’OCP a lancé des études en recherches et développements (R&D) pour trouver des alternatives renouvelables ou propres aux combustibles fossiles. Actuellement, l’OCP consomme environ 31 millions de Nm3 (normo mètre cube) de gaz naturel par an, exclusivement dédiés au séchage du phosphate. D’autres énergies fossiles sont aussi consommées pour le séchage des phosphates tels que le fuel industriel n°2 (200.000 T/an) et le petcoke.