Trésor: ces piliers essentiels des finances publiques

Bank Al-Maghrib, Maroc Telecom et l’Agence de la conservation foncière représentent les fondations d’un portefeuille public aux dividendes en constante augmentation.

Revue de presseCette manne, essentielle pour le Trésor, pose une question de fond: jusqu’où puiser sans compromettre la capacité d’investissement de ces acteurs stratégiques du développement national? Cet article est une revue de presse tirée du quotidien Les Inspirations Eco.

Le 14/10/2025 à 19h25

Pour assurer le financement de ses dépenses, l’État marocain peut compter sur un cercle restreint mais solide d’entreprises publiques performantes. «Au cours de la dernière décennie, le Trésor a encaissé près de 111 milliards de dirhams de dividendes et de redevances, provenant principalement d’un petit noyau d’acteurs stratégiques où il détient la majorité, voire la totalité, du capital», relève le quotidien Les Inspirations Eco dans son édition du 15 octobre.

Parmi ces locomotives figurent Bank Al-Maghrib, l’Agence nationale de la conservation foncière, l’OCP et Maroc Telecom, bien que cette dernière n’ait pas versé de dividendes à l’État en 2024, lit-on. «Entre 2014 et 2024, ces poids lourds du portefeuille public ont rapporté en moyenne 10,22 milliards de dirhams par an, soit l’équivalent d’environ 75% du budget national alloué à l’enseignement supérieur», souligne Les Inspirations Eco.

Les chiffres récents confirment la tendance. À fin août 2025, le Trésor avait déjà perçu 12 milliards de dirhams, soit 3,5 milliards de plus qu’à la même période en 2024. Le trio de tête, OCP (4,4milliards de dirhams), Bank Al-Maghrib (4 milliards de dirhams) et l’Agence nationale de la conservation foncière (2,5 milliards de dirhams), concentre à lui seul la majeure partie des revenus de participations de l’État.

Le ministère des Finances anticipe que le portefeuille public générera 22,55 milliards de dirhams de dividendes d’ici la fin de l’année. «Une performance qui confirme le rôle central de ces entreprises dans la stabilité financière du pays», lit-on encore.

Mais cette réussite cache un dilemme: trop solliciter les grands comptes du secteur public pourrait fragiliser leur capacité d’investissement. Or, ces entreprises jouent un rôle clé dans la modernisation du pays. L’agence chargée de la gestion du portefeuille stratégique du Trésor devra donc trouver un équilibre entre rendement budgétaire immédiat et pérennité économique à long terme.

À fin septembre 2024, le portefeuille de l’État comptait 276 entités, dont 43 sociétés anonymes à participation directe du Trésor. La réforme en cours du rôle de l’État actionnaire vise justement à redéfinir la stratégie et la gouvernance de plusieurs de ces piliers. «Certains acteurs historiques doivent aujourd’hui repenser leur modèle», rappelle Les Inspirations Eco. L’Office national de l’électricité et de l’eau potable (ONEE), par exemple, reste dans une situation délicate. La flambée des prix de l’énergie, conséquence de la guerre en Ukraine, et le déficit structurel de sa branche Eau, aggravé par la crise hydrique, ont fragilisé l’établissement.

Pour éviter une hausse des tarifs de l’électricité, l’État a déjà injecté 2 milliards de dirhams de subventions et prévoit un montant équivalent dans le prochain budget. Mais les autorités reconnaissent que ces soutiens ne suffiront pas à stabiliser durablement la situation.

D’autres entreprises comme Barid Al-Maghrib, confronté à l’effondrement du courrier traditionnel, ou la Société nationale de transport et de logistique (SNTL), font également l’objet de réflexions stratégiques profondes.

En incluant les filiales, l’État marocain est présent, directement ou indirectement, dans 517 entreprises, dont 53% où il détient le pouvoir de contrôle. À cela s’ajoutent 21 sociétés appartenant aux collectivités territoriales, souvent soutenues financièrement par l’État ou bénéficiant de sa garantie pour leurs emprunts.

Cette présence étendue illustre l’importance du secteur public dans l’économie nationale, mais aussi la nécessité d’une gestion plus stratégique et sélective pour que l’État actionnaire reste un moteur de développement, sans devenir un poids pour les finances publiques.

Par La Rédaction
Le 14/10/2025 à 19h25