À l’approche de la réunion décisive du 24 juin, Bank Al-Maghrib évolue dans un climat mondial tourmenté, entre poussées protectionnistes venues de Washington, tensions sino-américaines récurrentes et incertitudes géopolitiques persistantes. Pourtant, au cœur de cette agitation internationale, l’économie marocaine affiche une résilience qui conforte l’option d’un nouvel assouplissement monétaire, sans compromettre l’équilibre budgétaire ni relancer les pressions inflationnistes.
C’est dans ce contexte que la dernière note Flash Strategy de BMCE Capital Global Research (BKGR), reprise par le quotidien Les Inspirations Éco du 18 juin, éclaire les enjeux de la prochaine décision de la Banque centrale. L’enquête menée par le cabinet auprès des investisseurs institutionnels révèle une forte attente d’assouplissement: 88% jugent le taux actuel adapté, mais 63% anticipent une baisse de 25 points de base dès juin, et 75% prévoient au moins deux réductions d’ici la fin de l’année. Aucun scénario de hausse ne semble aujourd’hui envisagé, même en cas de reprise modérée de l’inflation.
Malgré les turbulences extérieures (guerre commerciale intermittente entre Pékin et Washington, conflit russo-ukrainien, incertitudes au Moyen-Orient…), l’économie marocaine progresse à contre-courant. La croissance du PIB, portée par les investissements en infrastructures et la dynamique des services non agricoles, a atteint 4,2% au premier trimestre 2025, après 3,8% en 2024. BKGR table désormais sur une expansion de 4,2% sur l’année, supérieure à la prévision de 3,9% de BAM, preuve que la trajectoire économique offre une marge de manœuvre pour un soutien monétaire renforcé.
Autre signal favorable, lit-on: la désinflation se confirme. En avril, les prix à la consommation ont reculé de 0,3% sur un mois, avec une hausse annuelle limitée à 0,7%. L’inflation sous-jacente plafonne à 1,2%. Tant que les tensions sur les matières premières restent contenues, le risque inflationniste demeure sous contrôle. BKGR estime donc qu’un nouvel abaissement du taux directeur, après celui de mars, serait non seulement justifié, mais bénéfique.
Côté finances publiques, si le déficit atteint 11,7 milliards de dirhams à fin avril, cette dégradation apparente est tempérée par une hausse significative des recettes ordinaires (+19%), traduisant une dynamique de fond positive.
Au-delà des chiffres, souligne Les Inspirations Éco, la réunion du 24 juin s’annonce comme un moment charnière. Le choix de Bank Al-Maghrib ne se limitera pas à un ajustement technique. Il s’agit de tracer une orientation stratégique pour accompagner la transformation structurelle de l’économie nationale. La baisse du coût du crédit pourrait accélérer la réindustrialisation, soutenir l’essor des énergies vertes et stimuler l’investissement technologique.
Alors que plusieurs banques centrales, notamment en Europe, amorcent un cycle de baisse, un alignement de BAM enverrait un signal fort de confiance dans la trajectoire économique du pays et dans sa capacité à s’inscrire dans les dynamiques globales. Plus qu’une décision monétaire, c’est un pari sur l’avenir.