Retro2016: pourquoi cette année est un tournant décisif dans l'industrialisation du Maroc

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2016 a connu le lancement de plusieurs projets industriels portés par des opérateurs de renom. Cependant, si elle est un tournant décisif pour l’industrie marocaine, c’est surtout en raison de deux évènements particuliers qui joueront un rôle stratégique dans l’industrialisation de notre économie.

Le 22/12/2016 à 14h30

Cette année 2016 restera particulière pour l’industrie marocaine. Alors que les appels se multiplient pour accélérer l’industrialisation de notre économie et lui permettre de gagner en indépendance face à l’agriculture qui, elle même, reste dépendante des aléas climatiques, l’année en cours a connu deux évènements majeurs qui devraient constituer un tournant à cet égard.

Le premier est celui de l’annonce en septembre dernier de l’installation d’un écosystème Boeing au Maroc.

Il est vrai que bien avant ce projet, le secteur aéronautique se positionnait déjà comme un des fleurons de l’industrie marocaine. Cependant, ses performances, aussi louables soient-elles, étaient loin d'atteindre celles de l’automobile qui bénéficiait de l’impact de l’usine Renault de Tanger et qui voit ses perspectives renforcées avec la mise en service de l’usine PSA à Kénitra prévue en 2019 .

Face à ce constat, les autorités marocaines, sous l’impulsion du souverain, ont compris que pour donner des ailes au secteur de l’aéronautique, il fallait prendre exemple sur le secteur de l'automobile.

C’est ainsi qu’après plusieurs mois de négociations, Boeing et le ministère de l’Industrie, du commerce, de l’investissement et de l’économie numérique ont annoncé la signature d’un protocole d’accord pour la mise en place d’un écosystème autour de l’avionneur américain au Maroc. Opération qui devrait générer un milliard de dollars de chiffre d’affaires supplémentaire à l’export à l’horizon 2020.

Il permettra aussi la création d’au moins 8700 nouveaux postes d’emplois dans le secteur et d’attirer quelque 120 équipementiers internationaux qui fourniront Boeing à partir du Maroc.

Ce projet, à lui seul, permettra au secteur aéronautique de quasiment doubler sa dimension dans le royaume et de prétendre ainsi rivaliser avec l’industrie automobile pour devenir une locomotive de l’industrie nationale.

L’annonce de la signature de ce protocole intervient aussi dans un contexte où les pouvoirs publics ont enfin mis en place une stratégie pour encourager l’investissement, particulièrement dans le secteur industriel.

Après la stratégie «Emergence I et II » et le « plan d’accélération industriel », 2016 a en effet connu le lancement du «plan de réforme de l’investissement», présenté devant le souverain en juillet dernier et qui permettra à plusieurs secteurs, et particulièrement à l’industrie, d’accélérer son développement.

L’idée de base est assez simple: l’investissement privé joue le rôle de locomotive et l’appui de l’Etat, celui d’accélérateur. Pour la première fois au Maroc, la stratégie d'investissement consiste à mettre en place un cadre favorable au secteur privé afin que celui-ci tire la croissance. Il s'agit là d'une réponse claire aux doléances exprimées depuis plusieurs années par les patrons marocains.

Concrètement, le plan a été construit autour de six axes principaux, à savoir le recalibrage de la Charte de l’investissement et la redéfinition de son contenu; l’adoption de nouvelles mesures de soutien et d’incitation à l'investissement; la restructuration des organes de promotion de l’investissement; la création d'une Direction générale de l’industrie et d’une autre dédiée au commerce et à la refonte de la stratégie digitale.

Et il n’aura pas fallu attendre longtemps pour voir les promesses de ce plan se concrétiser puisque dans le projet de loi de finances 2017, toutes les mesures incitatives prévues ont été prises en compte. De même, le jour même de l’annonce du lancement de ce nouveau plan, des accords ont été signés pour la création d’une trentaine d’usines qui totalisent 39.000 emplois et un investissement total de 7,5 milliards de DH.

Par Younès Tantaoui
Le 22/12/2016 à 14h30