Réformes, défis, opportunités... le point sur l’avenir de l’économie nationale avec le chef de mission du FMI au Maroc

Roberto Cardarelli, chef de mission du FMI au Maroc.

Le 11/10/2023 à 18h59

VidéoRencontré au festival économique organisé par le Policy Center for the New South (PCNS) en marge des Assemblées annuelles de la Banque mondiale (BM) et du Fonds monétaire international (FMI), le chef de mission du FMI au Maroc, Roberto Cardarelli, revient dans cet entretien avec Le360, sur les différentes réformes entreprises par le Maroc, les principaux défis auxquels fait face l’économie du pays, sa résilience aux chocs et les opportunités dont elle doit tirer profit.

Que pensez-vous des réformes entreprises au Maroc ces dernières années? Dans quels secteurs doit-on apporter des améliorations?

Le Maroc a lancé une série de réformes à partir de 2021, notamment la généralisation de la protection sociale. C’est essentiel, car plus de 20 millions de Marocains n’avaient pas de couverture sociale et il était difficile d’imaginer que cette situation puisse perdurer.

La réforme de l’éducation qui a été lancée est importante aussi, de même que la réforme des entreprises publiques et les mesures visant à stimuler l’investissement privé avant la mise en place du Fonds Mohammed VI et de la nouvelle Charte de l’investissement.

Ce dont le Maroc a besoin aujourd’hui, c’est de développer le secteur privé pour qu’il soit plus dynamique. Il faut aussi créer des conditions plus favorables au développement du capital humain.

Quels défis et opportunités se présentent actuellement à l’économie du Maroc?

Je dirais qu’en termes de défis, la pénurie d’eau est actuellement l’un des problèmes majeurs auxquels le Maroc est confronté. Trois années de sécheresse ont considérablement réduit les ressources en eau du pays. Le gouvernement a mis en place un plan massif d’infrastructure pour construire neuf usines de désalinisation et encourager le recyclage des ressources hydriques. Le projet de l’autoroute de l’eau est à saluer aussi.

Pour les opportunités, le Maroc possède un énorme potentiel en énergies solaire et éolienne, en particulier dans le Sud, et nous soutenons le Maroc pour attirer davantage d’investissements dans ce secteur.

Le FMI a approuvé, il y a deux semaines, un financement de 1,3 milliard de dollars en faveur du Maroc au titre de la facilité pour la résilience et la durabilité. Ce programme contribuera au financement des besoins liés à la pénurie d’eau et à l’exploitation du plein potentiel en énergies solaire et éolienne.

Comment évaluez-vous la capacité de l’économie marocaine à résister aux chocs récents?

La résilience du Maroc face aux chocs nous impressionne. Le pays a été touché par la pandémie, la perturbation des chaînes de valeur après le déclenchement de la guerre entre la Russie et l’Ukraine, les sécheresses successives et maintenant le tremblement de terre, et pourtant, il ne s’en est pas mal sorti.

Il y a eu bien sûr un impact sur l’inflation, la croissance et le chômage, mais si on examine la situation financière et macroéconomique, on constate que le déficit de la balance courante n’a pas augmenté; il a même diminué. Le déficit budgétaire a diminué après la crise du Covid-19 également, la banque centrale a bien réagi et l’inflation diminue rapidement.

Donc, en termes de macroéconomie, l’économie marocaine a été très résiliente, plus que ce que nous avions prévu. Cela veut dire que les réformes entreprises ces dernières années ont porté leurs fruits en termes de stabilité et de résilience.

Quels risques menacent l’économie marocaine à court et moyen terme?

Le risque qui existe aujourd’hui, c’est la variation en termes des échanges. Nous observons une nouvelle augmentation des prix des matières premières due à l’évolution incertaine de l’économie mondiale.

Étant donné les circonstances, cela pourrait constituer un défi, en particulier du côté de l’inflation, ce qui pourrait nécessiter une réponse supplémentaire de la part de la banque centrale. On espère également que le Maroc ne fera pas face à un nouvel épisode de sécheresse l’année prochaine.

Par Safae Hadri et Khalil Essalek
Le 11/10/2023 à 18h59