Dans la droite lignée de sa stratégie de développement durable, et afin d'affronter au mieux les nouveaux défis climatiques, le Maroc ambitionne désormais d’atteindre une part d’énergies renouvelables de l'ordre de 70% en 2040, et de 80% en 2050, dans son mix électrique, tant en énergie qu’en capacités.
«La baisse rapide et continue du coût des énergies renouvelables et du stockage valide l’orientation prise par le Maroc et autorise l’adoption de stratégies de décarbonation très ambitieuses axées sur la production d’électricité et d’hydrogène verts», explique le ministère de la Transition énergétique et du développement durable dans la feuille de route récemment remise aux Nations unies. Un document qui retrace les grandes orientations pour la décarbonation à venir de l’économie nationale.
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En 2050, l’utilisation des centrales thermiques classiques (charbon, gaz naturel, fioul) serait ainsi très fortement réduite et les technologies de réseaux intelligents, de stockage et de pilotage de la demande deviendraient centrales dans la gestion de l’intermittence et l’équilibrage du système.
«L’hydrogène vert produit par électrolyse à partir d’électricité renouvelable et ses dérivés (ammoniac, méthanol) pourraient également contribuer à décarboner des secteurs et usages énergétiques qui ne peuvent pas être directement électrifiés. On les trouve principalement dans le transport lourd (navires, avions, camions longue distance) et certaines applications industrielles (chaleur industrielle à très haute température)», détaille le département du développement durable dans ce rapport.
Cette nouvelle vision Bas Carbone s’articule autour de 7 orientations stratégiques. Elle vise avant tout à accélérer le fort développement des énergies renouvelables en vue d’une électricité décarbonée, à partir d’un objectif indicatif de 80% à l'horizon 2050, il s’agit également de hausser l’électrification des usages dans les secteurs de l’industrie, du bâtiment et du transport, et évaluer le potentiel de développement de l’hydrogène vert pour décarboner l’industrie et le fret routier.
Il est par ailleurs question de généraliser l’efficacité énergétique ainsi que l’efficacité de l’utilisation des ressources naturelles dans l'ensemble des secteurs d'activité, tout en développant les normes de qualité, dans la construction et l’équipement.
Il s'agit aussi, selon ce document, de stimuler l’économie circulaire, de réduire et de valoriser les déchets, de même que de développer l’agriculture et les écosystèmes forestiers durables et résilients, ainsi que les puits de carbone, pour le stockage du CO2. La nouvelle stratégie vise également à mettre en place des plans de transports et de logistique favorisant la multimodalité et l’investissement massif dans le développement de nouvelles infrastructures de transport.
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Enfin, il s’agit de promouvoir une nouvelle génération de villes sobres et «intelligentes», y compris par l’intégration systémique des technologies de la transition numérique dans tous les secteurs socio-économiques.
Pour cela, il sera essentiel de «s’appuyer sur des feuilles de route sectorielles existantes, (...) les améliorer et de suivre une approche systémique à partir de différents «nexus» cruciaux dans la gestion de l’enjeu climatique au Maroc: aménagement du territoire, eau, biodiversité, mobilité, industrie, agriculture, énergie, digitalisation, etc.», explique le ministère.
Les efforts dans ce sens se heurtent néanmoins à une très grande inertie de systèmes techniques, fondés sur des équipements et des infrastructures lourdes. Il faudra ainsi en peu de temps assurer à la fois la bonne couverture des besoins énergétiques des ménages et de l’économie, et réussir une transition technologique complète vers les solutions bas, ou zéro carbone.
«Une fois la maîtrise de la demande assurée, on peut identifier quatre grandes catégories d’options: les nouvelles énergies renouvelables (éolien et solaire, énergies variables), les énergies renouvelables conventionnelles (hydraulique et biomasse), l’énergie nucléaire et enfin les énergies fossiles, associées à la capture et au stockage du carbone (CSC). Chacune présente des atouts et des coûts ou inconvénients de natures différentes et très spécifiques», explique cette feuille de route.
La décarbonation quasi-complète de l’énergie en 2050 résultera de ce fait d’un mix entre ces options. Un choix très politique, selon le ministère de la Transition énergétique et du développement durable, qui dépasse largement la seule dimension économique.