C’est un tableau noir que brosse Euler Hermes pour le milieu des affaires au Maroc. Assabah dans son édition du 1er janvier 2015, nous prévient que le spécialiste de l’assurance-crédit s’attend à une hausse des entreprises défaillantes au royaume de plus de 10% pour atteindre les 5.500 sociétés. C’est le même rythme de progression du nombre des entreprises qui ont mis la clé sous le paillasson, prédit pour 2014 par le même établissement. Et c’est surtout un taux à contre courant de la tendance mondiale où la défaillance des entreprises est en recul de 3%. Une nuance est néanmoins à apporter: le rythme de création des entreprises au Maroc est bien supérieur au taux de faillite, ce qui dénote malgré tout d’un certain dynamisme de notre économie.
Selon le rapport de l’assureur-crédit, la défaillance des entreprises marocaines s’explique par la baisse de la consommation privée des ménages et la consommation publique en plus des retards de paiement. Quant aux secteurs les plus touchés sont ceux qui «sont proches du consommateur comme l'habillement, le textile, l'hôtellerie, la restauration, les épiceries, l'immobilier, le BTP et les services aux entreprises».
Ludovic Subran, chef économiste chez l'assureur crédit explique dans une interview parue dans "Usine nouvelle", sur laquelle s’est basée l’article d’Assabah, que «La volatilité des politiques publiques que ce soit l'ajustement budgétaire ou la décompensation ne sont pas appréciées par les entreprises car elles limitent leur visibilité». Il estime néanmoins que la récente baisse du taux directeur décidée par la banque centrale est une bonne chose «d'autant que le Maroc n'a plus aujourd'hui de problème d'inflation». Et d’ajouter: «cet assouplissement monétaire, s'il se traduit au niveau bancaire devrait permettre aux PME d'avoir un accès au crédit intérieur à de meilleures conditions». Il ne croit pas si bien dire: les banques marocaines s’apprêtent effectivement à réduire leurs taux d’intérêts alors qu’elles ne répercutent que très rarement une baisse du prix de loyer de l’argent auprès de l’institut d’émission.