Depuis plusieurs années, l’élevage au Maroc est confronté à une crise sans précédent, marquée par une sécheresse prolongée et une raréfaction des ressources en eau. Ces difficultés ont entraîné une réduction drastique du cheptel national, mettant en péril l’ensemble de la filière. Entre 2016 et 2024, le cheptel a chuté de 38%, avec une diminution significative des femelles reproductrices, passées de 11 millions à 8,7 millions de têtes, indique L’Economiste dans son édition du 19 mars.
Le manque de pâturages et la flambée des prix des aliments pour bétail ont contraint de nombreux éleveurs à réduire ou à liquider leur cheptel. Les régions les plus touchées, notamment l’Oriental, Marrakech-Safi, Drâa-Tafilalet, Souss-Massa, Guelmim-Oued Noun, Laâyoune-Sakia El Hamra et Dakhla-Oued Eddahab, souffrent d’une disponibilité en eau et en fourrage extrêmement limitée.
Cette diminution du cheptel a eu des conséquences directes sur le marché de la viande rouge. Face à une offre en baisse et une demande soutenue, les prix ont fortement augmenté, pesant lourdement sur le pouvoir d’achat des consommateurs. Chaque année, environ 10 millions de têtes d’ovins et de caprins sont consommées, dont 5,5 à 6 millions pour l’Aïd al-Adha. En dehors de cette période, 3,5 millions sont abattues pour la consommation régulière et un million pour diverses célébrations. La raréfaction du cheptel a accentué la pression sur le marché, entraînant une flambée des prix et compliquant l’accès à la viande pour de nombreux ménages.
Face à cette situation critique, la décision royale de suspendre le sacrifice de l’Aïd al-Adha cette année s’avère essentielle. L’objectif est double: prévenir un abattage massif qui affaiblirait davantage le cheptel et permettre aux éleveurs de reconstituer progressivement leurs troupeaux. Les analyses du recensement 2024 et les campagnes de vaccination indiquent que seuls 3 millions d’ovins et de caprins sont actuellement éligibles pour l’Aïd, lit-on.
Protéger les femelles reproductrices, essentielles à la régénération du cheptel, devient une priorité absolue. Cette mesure vise également à stabiliser les prix de la viande rouge et à soulager les ménages, notamment les plus modestes, en les dispensant d’un achat devenu difficilement soutenable dans un contexte d’inflation.
Au-delà de la diminution du cheptel, la crise menace aussi la transmission des savoir-faire. Près de 30% des éleveurs ont abandonné cette activité en raison des conditions climatiques extrêmes et du manque de ressources, compromettant la pérennité du secteur. Une restructuration en profondeur devient indispensable pour éviter une aggravation de la crise.
Pour atténuer les effets de cette situation et renforcer la souveraineté alimentaire, plusieurs mesures de soutien ont été mises en place, résume L’Economiste.
Tout d’abord, un programme de subventions a été instauré pour faciliter l’alimentation du bétail, accompagné d’un soutien technique destiné aux éleveurs. Ensuite, un programme de solidarité agricole a été spécialement conçu pour venir en aide aux petits éleveurs des zones vulnérables.
Par ailleurs, un appui est accordé aux associations spécialisées dans l’amélioration génétique et la conservation des races locales, afin de préserver et d’optimiser la diversité du cheptel. De plus, un programme spécifique a été mis en place pour encourager les jeunes ruraux à investir dans le secteur de l’élevage.
Dans le cadre des mesures prises pour assurer un approvisionnement suffisant en bétail et en viande, la loi de finances 2025 autorise l’importation d’ovins, de bovins et de viandes rouges. En parallèle, les campagnes de vaccination sont intensifiées afin de protéger le cheptel national contre les maladies.
Pour garantir un accès régulier à l’eau dans les zones touchées par la crise, des points d’eau sont installés dans les régions sinistrées, permettant ainsi un approvisionnement continu pour le bétail.
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