La croissance marocaine ralentit à 4% au troisième trimestre 2025

Un visuel représentant certains secteurs économiques. (Photo d'illustration).

La croissance de l’économie marocaine a ralenti à 4% au troisième trimestre 2025, contre 5% un an plus tôt, selon les derniers comptes nationaux du HCP. Derrière ce coup de frein, un essoufflement des activités non agricoles contrastant avec le rebond du secteur primaire, tandis qu’une inflation en net recul et une demande intérieure dynamique continuent de porter l’activité, sur fond de dégradation de la contribution du commerce extérieur.

Le 31/12/2025 à 11h41

La croissance économique nationale s’est établie à 4% au troisième trimestre 2025, contre 5% à la même période de l’année précédente. Cette évolution ressort de l’arrêté des comptes nationaux publié par le Haut-Commissariat au Plan (HCP), qui met en évidence une décélération globale de l’activité économique.

Ce ralentissement intervient dans un contexte où les activités non agricoles ont perdu de leur dynamisme. Leur taux de croissance est passé de 5,7% au troisième trimestre 2024 à 3,8% durant la même période de 2025, traduisant un essoufflement dans plusieurs branches productives.

À l’inverse, le secteur agricole a renoué avec la croissance. Sa valeur ajoutée a progressé de 4,4% après une baisse marquée de 5,1% une année auparavant, contribuant ainsi à atténuer l’impact du ralentissement observé dans les autres secteurs.

Globalement, la croissance enregistrée au troisième trimestre 2025 a été portée par la demande intérieure, soutenue par une inflation contenue et des besoins de financement accrus de l’économie nationale.

Cette dynamique contraste avec celle de l’année précédente, marquée par une croissance plus soutenue et une contribution plus équilibrée entre les différents secteurs d’activité.

La valeur ajoutée du secteur secondaire, une fois corrigée des variations saisonnières, a nettement ralenti: son rythme de croissance est passé de 6,9% au troisième trimestre 2024 à 3,8% en 2025. Ce coup de frein s’explique principalement par le ralentissement de l’activité dans plusieurs branches industrielles.

Les activités du bâtiment et travaux publics ont vu leur croissance reculer à 5,6% contre 6,8% un an auparavant. Les industries d’extraction ont enregistré un net ralentissement, passant de 14% à 5,2%.

Idem pour les industries de transformation qui se sont contentées d’une croissance de 2,6% contre 6,6% au troisième trimestre 2024. Seules les activités de l’électricité et de l’eau ont affiché une amélioration, leur taux de croissance passant de 4,6% à 5,9%.

Du côté du secteur tertiaire, la valeur ajoutée a également décéléré, avec un taux de croissance de 4,2% contre 5% une année auparavant. Cette évolution résulte notamment du ralentissement de l’hébergement et de la restauration, dont la croissance est passée de 12,3% à 7,4%.

Les services financiers et les assurances ont progressé de 6,8% au lieu de 7,9%, tandis que les activités de transport et d’entreposage ont enregistré une croissance de 3,5% contre 7,5% auparavant.

Inflation en net recul

La valeur ajoutée du secteur primaire a enregistré une hausse de 2,6% au troisième trimestre 2025, après une baisse de 4,2% à la même période de 2024. Cette évolution est principalement attribuable à la reprise de l’activité agricole.

L’agriculture a progressé de 4,4%, contrastant avec le recul observé une année auparavant (-5,1%). En revanche, l’activité de la pêche a fortement chuté, avec une baisse de 24,4% contre une hausse de 13,4% au troisième trimestre 2024.

Compte tenu également de la hausse des impôts sur les produits, nets des subventions, le Produit intérieur brut (PIB) en volume, corrigé des variations saisonnières, a progressé de 4%, contre 5% l’année précédente.

Aux prix courants, le PIB a progressé de 5,7%, contre 8,7% un an plus tôt. Cette évolution traduit un ralentissement marqué du niveau général des prix, avec une inflation limitée à 1,7% contre 3,7% au troisième trimestre 2024.

Ce repli de l’inflation a contribué à soutenir le pouvoir d’achat et à renforcer le rôle de la demande intérieure comme principal moteur de la croissance.

La demande intérieure a enregistré une hausse significative de 7,6% au troisième trimestre 2025, contre 5,9% à la même période de l’année précédente. Elle a contribué pour 8,3 points à la croissance économique nationale, contre 6,5 points un an auparavant.

L’investissement brut a connu une forte augmentation de 15%, contre 11,8% au troisième trimestre 2024. Cette évolution a permis une contribution de 4,6 points à la croissance, en amélioration par rapport aux 3,5 points enregistrés une année plus tôt.

Les dépenses de consommation finale des ménages ont progressé de 3,9%, contre 3% au même trimestre de 2024, contribuant pour 2,3 points à la croissance, contre 1,8 point précédemment.

La consommation finale des administrations publiques a également accéléré, avec un taux de croissance porté à 7,4% contre 5,5% un an auparavant, contribuant pour 1,3 point à la croissance nationale.

Cette vigueur de la demande intérieure a permis de compenser partiellement les effets négatifs du ralentissement sectoriel et de la dégradation des échanges extérieurs.

Échanges extérieurs: contribution négative à la croissance

Les échanges extérieurs ont exercé une contribution négative plus marquée sur la croissance. Les importations de biens et services en volume ont augmenté de 15,3%, contre 11,1% au troisième trimestre 2024, générant une contribution négative de 7,7 points à la croissance.

Les exportations ont, de leur côté, ralenti, avec un taux de croissance ramené de 10,1% à 8,2%, contribuant pour 3,4 points à la croissance, contre 4,3 points un an auparavant.

Au total, les échanges extérieurs de biens et services ont dégagé une contribution négative de 4,3 points à la croissance économique au troisième trimestre 2025, contre -1,5 point à la même période de 2024.

Sur le plan du financement de l’économie nationale, la croissance du revenu national brut disponible a atteint 6,2%, soutenue par la hausse des revenus nets reçus du reste du monde, en augmentation de 14,5%.

L’épargne nationale s’est établie à 29,7% du PIB, tandis que l’investissement brut a représenté 32,6% du PIB, dégageant ainsi un besoin de financement de 2,9% du PIB, contre 2,3% au troisième trimestre 2024.

Par Lahcen Oudoud
Le 31/12/2025 à 11h41