Le rapport «The Corporate Battlefield: Global Insolvencies in Times of War Economics» d’Allianz Research met en lumière une situation économique préoccupante pour le Maroc concernant les insolvabilités d’entreprises. C’est ce qu’indique le quotidien Les Inspirations Eco, qui fait siennes les conclusions de ce document dans son édition du 24 juin.
Au niveau mondial, les insolvabilités devraient augmenter de 6% en 2025 et de 3% en 2026. Le Maroc, lui, affiche une dynamique plus inquiétante, lit-on. En 2024, le pays est classé dans la catégorie «très élevé», avec une hausse des insolvabilités supérieure à 15% par rapport à la moyenne 2016-2019, au même niveau que l’Espagne et la Pologne.
Pour 2025, une augmentation de 7% est anticipée, dépassant la moyenne mondiale et plaçant le Maroc aux côtés de la Suisse et de la Nouvelle-Zélande dans la catégorie «augmentation modérée» (+5 à 10%).
Le rapport souligne que le Maroc continue de faire face à des niveaux élevés d’insolvabilités en raison de retards persistants de paiement, générant des tensions de trésorerie pour les entreprises. Cette situation est aggravée par un ralentissement économique, avec une croissance projetée à 3,1% en 2025, insuffisante pour absorber les chocs sectoriels.
Le taux d’insolvabilité dépasse de 95% la moyenne pré-pandémique au Maroc, contre 12% à l’échelle mondiale, ce qui indique une fragilité économique importante.
Trois secteurs clés sont particulièrement vulnérables. Le premier est le transport et stockage, confronté à des hausses de faillites liées aux coûts logistiques et énergétiques. Le deuxième concerne les services B2B, impactés par des ruptures dans les chaînes de paiement, sensibles aux retards de commandes publiques et à un accès limité au crédit (taux d’intérêt réel de +5,5% en 2024). Le troisième est la construction, un secteur à risque élevé pour l’emploi, représentant une part importante du PIB industriel marocain. Ces trois secteurs représentent environ 40% du PIB industriel marocain.
Le rapport, souligne Les Inspirations Eco, estime que 2,3 millions d’emplois seront menacés, dans le monde, par les insolvabilités en 2025. Au Maroc, ce risque est accentué par la petite taille des entreprises (3 salariés contre 15 dans l’UE) et un taux élevé de liquidations immédiates, ce qui entraîne des pertes d’emploi rapides et importantes, fragilisant la consommation et la stabilité sociale.
Dans un scénario de guerre commerciale à grande échelle, avec des droits de douane américains renforcés, les insolvabilités mondiales pourraient augmenter de +8% en 2026. Le Maroc, dont 30 à 35% du PIB dépend des exportations, est exposé, notamment dans les secteurs automobile et textile.
Une hausse des droits de douane réduirait la compétitivité de près de 8.000 PME exportatrices intégrées aux chaînes de valeur européennes, principalement en tant que sous-traitants, aggravant la contraction de la demande européenne et la concurrence asiatique.
Alors qu’Allianz Research anticipe que l’augmentation des budgets militaires européens pourrait réduire les insolvabilités de -0,4 point en 2025 via des effets d’entraînement industriels, les effets positifs au Maroc restent donc limités, concentrés sur quelques sous-traitants du bâtiment, sans contrebalancer la vulnérabilité des secteurs civils, notamment ceux liés à la consommation (détail, agroalimentaire, loisirs).