«L'économie marocaine se remet de la récession de 2020, grâce à une campagne agricole exceptionnelle, au rebond des exportations, à des politiques monétaires et budgétaires accommodantes et à la vigueur des envois de fonds (de la diaspora)», estime le FMI dans son rapport annuel sur le Maroc, élaboré dans le cadre des consultations au titre de l'article IV.
Dans ce rapport, publié dans la soirée d'hier, mercredi 9 février 2022, les équipes du FMI indiquent qu’après avoir diminué de 6,3 % en 2020, le PIB du Maroc devrait augmenter de 6,3 % en 2021, soit l’un des taux de croissance les plus élevés de la région Moyen Orient et Afrique du Nord (Mena). Pour 2022, la croissance du PIB devrait atteindre environ 3%, la production agricole revenant à des niveaux moyens et l'activité non agricole continuant de se redresser.
A moyen terme, les services du FMI prévoient une croissance du PIB d'environ 3 % au cours des prochaines années, les effets de la pandémie sur l'activité potentielle se résorbant progressivement. Ces projections restent toutefois sujettes à un niveau élevé d'incertitude, en lien avec l'évolution de la pandémie, fait remarquer le rapport.
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Sur le plan des fondamentaux macroéconomiques, le FMI note que «le déficit du compte courant revient à des niveaux plus proches d'avant la pandémie autour de 3,5%», et que le Maroc est sorti de la crise avec une position de réserve internationale beaucoup plus solide. Rappelons en effet que le Maroc a achevé l'année 2021 sur des réserves de change équivalant à 331,2 milliards de dirhams, soit l’un des niveaux les plus élevés de ces dernières années.
Une dette publique «viable», mais…Pour ce qui est du déficit budgétaire, à en croire le rapport, la cote d’alerte n’est pas encore atteinte, mais la vigilance est de mise. Les services du FMI s'attendent ainsi à ce que le déficit budgétaire diminue très lentement à moyen terme et que le ratio dette publique/PIB se stabilise autour de 80%.
«Si la dette publique reste viable, un processus d'assainissement budgétaire plus rapide, qui ramènerait le ratio dette/PIB plus près des niveaux d'avant la pandémie à moyen terme, rendrait le Maroc moins vulnérable à de nouveaux chocs négatifs et libérerait davantage de ressources pour les investissements du secteur privé», estiment les experts de l’institution multilatérale.
Et ces derniers de prévenir que «l’augmentation du ratio de la dette publique exigeraient une politique budgétaire plus stricte que celle actuellement envisagée». En d’autres termes, l'instiution invite les autorités marocaines à resserrer la politique budgétaire et à être plus regardant sur les dépenses publiques. D’autant que des pressions inflationnistes se font de plus en plus sentir.
L’inflation à surveillerL’inflation est en effet un sujet de préoccupation majeur au niveau mondial. Une hausse des prix importante et durable pourrait inciter la Banque centrale à resserrer sa politique monétaire à travers une hausse du taux directeur. Nous n’en sommes pas encore là, à en croire le FMI, qui juge que «la récente hausse de l'inflation est limitée et devrait s'atténuer à mesure que les pressions sur les coûts importés, dues aux goulots d'étranglement du côté de l'offre, et à la hausse des prix des matières premières, deviennent moins pertinente au fil du temps».
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«Tant que ces pressions ne contaminent pas les anticipations d'inflation intérieure, Bank Al-Maghrib dispose d'une marge de manœuvre pour une normalisation progressive des conditions de la politique monétaire, mais devrait se tenir prête à durcir sa position si les pressions inflationnistes s'accélèrent davantage», indiquent les auteurs de ce rapport.
Réformes structurellesLes réformes structurelles engagées par le Maroc, en particulier la généralisation de la couverture sociale, sont applaudies par le FMI. «Les services du FMI se félicitent de l'engagement des autorités en faveur d'une nouvelle vague de réformes structurelles. La généralisation du système de protection sociale devrait combler les lacunes existantes dans la couverture et la qualité des services de soins de santé et renforcer le filet de sécurité sociale du Maroc», estiment les experts du Fonds.
La réforme des entreprises publiques devrait quant à elle réduire leur charge financière sur le budget et éliminer les distorsions qui empêchent la neutralité du marché et entravent le développement du secteur privé, soulignent les auteurs du rapport.
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Le FMI souligne enfin que le Nouveau modèle de développement (NMD) contient plusieurs recommandations utiles pour renforcer la compétitivité des entreprises marocaines, améliorer la gouvernance, dynamiser le capital humain et construire une société plus inclusive. Au vu des contraintes budgétaires et du coût élevé de ces réformes, l’institution de Bretton Woods préconise toutefois «une mise en œuvre prudente des réformes».
«Les réformes déjà en cours et celles suggérées dans le rapport sur le nouveau modèle de développement ont le potentiel de créer une trajectoire de croissance plus forte, plus inclusive et durable pour le Maroc. Néanmoins, étant donné les besoins de financement potentiellement importants associés à ces réformes, l'impact incertain sur la production potentielle et l'étroitesse de l'espace budgétaire, une conception et un ordonnancement soigneux sont nécessaires, sur la base d'un plan de financement adéquat et dans un cadre macroéconomique cohérent et stable», conclut ce rapport du FMI.