La prévision économique est un exercice difficile, surtout dans un contexte mondiale aussi confus, caractérisé par les incertitudes liées à l’évolution de la pandémie de Covid-19. Pourtant malgré ces incertitudes, les principales institutions conjoncturistes, qu’elles soient nationales (Bank Al-Maghrib, HCP, etc.) ou internationales (Banque mondiale, FMI, etc.) sont globalement d’accord sur un point: en 2022, la croissance de l’activité économique au Maroc va ralentir, après le fort rebond enregistré en 2021.
L’analyse des différentes prévisions de croissance montrent que les écarts sont faibles entre les institutions, ne dépassant pas 0,3 point entre la projection la plus pessimiste (2,9%) et la plus optimiste (3,2%). D’habitude, ces écarts sont beaucoup plus importants, pouvant atteindre jusqu’à 2 points de différence.
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Un consensus clair se dégage ainsi autour du ralentissement anticipé de l’activité économique nationale en 2022. Un ralentissement qui s’explique par au moins trois facteurs.
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Le premier concerne le retour à la normale attendu de l’activité agricole, après une production céréalière record en 2021 de 103 millions de quintaux. Le secteur primaire devrait ainsi afficher une valeur ajoutée en baisse de 1,6% en 2022 par rapport à une hausse de 17,9% l'année précédente.
Le deuxième facteur concerne le ralentissement marqué de l’économie mondiale, qui a des répercussions sur le Maroc. Dans son dernier rapport, la Banque mondiale a souligné que «l’économie mondiale entre dans une phase de ralentissement prononcé dans un contexte marqué par la menace de nouveaux variants de la Covid-19 et une montée de l’inflation, de la dette et des inégalités de revenus». La croissance mondiale devrait ainsi ralentir «sensiblement», pour s'établir à 4,1 % en 2022.
Le troisième facteur concerne la propagation rapide du variant Omicron et la décision des autorités marocaines de fermer les frontières pour une période d’au moins deux mois, ce qui aura un impact négatif sur la reprise de l’industrie touristique, qui représente près de 15% du PIB.
Dans ce contexte, les activités non agricoles (secteurs secondaire et tertiaire) ne parviendront donc pas à compenser le recul de la valeur ajoutée agricole prévu en 2022. Ces activités devraient ainsi connaître une croissance de près de 3,5% en 2022 en ralentissement par rapport à la croissance de 5,6% en 2021. Dans le détail, le secteur secondaire devrait afficher une croissance limitée à 3,3% en 2022 contre +6,8% en 2021, alors que le secteur tertiaire devrait croître de seulement 3,6% cette année.
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Au final, si 2022 ne devrait pas être une année de forte croissance, elle devrait être au moins l’année de grandes réformes structurelles, comme le confirme le HCP dans son Budget économique prévisionnel 2022, qui mentionne que «l’année 2022 devrait être l’année de la première épreuve opérationnelle du Nouveau Modèle de Développement (NMD) du Royaume du Maroc».
Dans ces conditions, poursuit le HCP dans ce document, «cette année devrait connaitre une nouvelle dynamique de réformes de structures, aujourd’hui plus que jamais nécessaires, pour que notre pays réalise dans la durée, le niveau de croissance de son économie et les conditions de vie de sa population en harmonie avec les objectifs fixés à l’horizon 2035». Le NMD, rappelons-le, ambitionne de doubler le PIB par habitant d’ici 2035, à raison d’une croissance annuelle de plus de 6%.