Le dessalement de l’eau de mer, qui est l’un des choix retenus par le Maroc pour faire face au stress hydrique, a commencé à donner ses fruits et devra monter davantage en puissance à l’avenir, mais il a encore plusieurs défis à relever.
C’est ce qui ressort des débats auxquels a donné lieu un atelier organisé par la Caisse de dépôt et de gestion (CDG) sur les technologies de dessalement, dans le cadre de la 8ème édition du Salon international des technologies de l’eau et de l’assainissement (SITeau), organisée, du 2 au 4 juillet 2024, à Casablanca, par Field Attitude, la Coalition marocaine pour l’eau (COALMA) et ses partenaires.
Le dessalement de l’eau de mer a, en effet, permis au Maroc de maintenir l’approvisionnement en eau potable même après six ans de sécheresse d’affilée, notamment à Agadir, a souligné Jamal Tammar, directeur du pôle Eau, aménagement et environnement à la société Novec, du groupe CDG.
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L’expérience du Maroc dans le domaine du dessalement, est-il rappelé lors de cet atelier, est partie de petites stations notamment au sud du pays, dès les années 70, à des stations de grande taille à l’image de celle en construction à Casablanca, qui est dotée d’une capacité de production annuelle de 300 millions de m³ par an.
Le Maroc compte actuellement 11 stations de dessalement et projette d’en réaliser une multitude d’autres dans les différentes régions du pays. Ce qui a permis au Maroc de bénéficier d’un savoir-faire important dans ce domaine, est-il relevé.
Toutefois, les participants à cette rencontre ont soulevé plusieurs défis à relever: technique et technologique, environnemental, financier et économique…
Le dessalement, une entreprise complexe
Un projet de dessalement est «assez complexe» et nécessite la prise en compte de plusieurs indicateurs: économique, social, environnemental, etc., note Anas Bennani, chef du département Développement durable chez Novec.
Ainsi, sur le plan technique, Abdelaziz Boughriba, expert en dessalement, a indiqué que la recherche joue un grand rôle dans le développement de dessalement, notamment pour la réduction du coût de la production de l’eau dessalée. Parmi les objets de cette recherche, figure l’amélioration des performances des membranes.
Il s’agit des structures filtrantes qui laissent passer les molécules d’eau, mais stoppent les ions qui composent le sel, ou chlorure de sodium. Des recherches sont menées dans ce domaine à l’Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P) à Benguérir, fait-il savoir. Le chemin à parcourir dans ce domaine est, toutefois, encore long, selon des participants.
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S’agissant de l’aspect environnemental, un projet de dessalement présente notamment quatre nuisances: saumure (sel de mer concentré), empreinte carbone, effet de barrière (opposition à un changement d’état d’un sujet) et agression paysagère, relève Anas Bennani.
Et c’est surtout le rejet de saumure dans le milieu marin, après le dessalement, qui constitue le principal problème à résoudre, soulignent les participants. Pour minimiser cet impact environnemental, la solution adoptée par le Maroc est la dilution. Il s’agit d’un dispositif de diffuseurs qui favorise la dilution de la saumure dans l’eau de mer et limite ainsi la pollution.
Globalement, le Maroc a réalisé d’importants progrès en ce qui concerne l’aspect environnemental, comme l’illustre l’engagement des bailleurs internationaux de fonds dans les projets lancés au Maroc, d’après Anas Bennani.
«Il ne faut pas alourdir la charge financière de l’État»
Les défis à relever dans le domaine du dessalement ont également trait au financement et à la rentabilité. De ce fait, les participants à cet atelier insistent sur l’innovation financière et la rentabilisation des projets de dessalement. Ils évoquent plusieurs sources de financements qui doivent être mobilisées, dont notamment les fonds d’investissement.
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À cet effet, Ilyas Sefiani, senior investment director chez CDG Invest Management, a souligné l’apport important de CDG Invest qui a participé au financement de la station de Chtouka et est prêt à contribuer aux stations futures.
Omar Chrifi, investment associate chez Natixis a, quant à lui, insisté sur la viabilité et la rentabilité des projets de dessalement pour pouvoir rembourser les dettes et rémunérer les actionnaires. «Il faut réduire le gap de financement, il ne faut pas alourdir la charge financière de l’État», lance-t-il.
D’ailleurs, selon Jamal Tammar, le recours au secteur privé pour la réalisation des projets de dessalement est la meilleure option, puisque le privé permet de faire vite et moins cher.