Le dollar poursuit sa dépréciation face au dirham. Depuis le début de l’année 2025, la monnaie américaine a reculé de plus 10% par rapport à la devise marocaine sur le marché des changes. Quelles sont les causes de cette tendance et surtout, quelles en sont les conséquences pour l’économie nationale? Le360 a interrogé l’économiste Omar Bakkou, spécialiste de la politique de change.
Selon lui, cette évolution est due principalement à des facteurs externes. «Il y a deux effets qui expliquent la variation du dirham par rapport au dollar: l’effet panier, qui relève de facteurs extérieurs, et l’effet marché, lié à l’offre et à la demande en devises au Maroc. Mais dans la majorité des cas, c’est bien l’effet panier qui domine», explique-t-il.
Le Maroc ayant opté pour un système de change basé sur un panier composé à 60% d’euro et 40% de dollar, la dépréciation du billet vert face à la monnaie européenne impacte mécaniquement le taux de change du dirham par rapport au dollar, ajoute-t-il.
Un effet positif pour les importations…
Qu’en est-il de l’impact sur les échanges extérieurs du Royaume? Le spécialiste est formel: la baisse du dollar est globalement bénéfique pour la balance commerciale du Maroc. «Nos importations sont facturées à hauteur de 50% en dollar. L’appréciation du dirham face à cette devise allège donc notre facture à l’import, notamment pour les produits énergétiques et les matières premières», souligne Omar Bakkou.
Ce gain pourrait se traduire par une «déflation importée», favorable au pouvoir d’achat des ménages, à la compétitivité des entreprises et au budget de l’État, notamment via une réduction de la charge de la compensation, note-t-il.
… mais négatif pour les exportations
En revanche, pour les exportateurs marocains, dont 35% à 40% des ventes à l’international sont libellées en dollars, la situation est moins favorable. «Ils reçoivent moins de dirhams pour chaque dollar encaissé, ce qui réduit leurs revenus en monnaie locale», précise l’expert.
Au final, la balance commerciale devrait tout de même profiter de cette situation, le Maroc restant un pays plus importateur qu’exportateur, conclut-il.
En fait, à titre d’illustration, en 2024, les importations marocaines de biens se sont élevées 761,44 milliards de dirhams (MMDH) et les exportations ont atteint 454,97 MMDH, soit des parts respectives de 62,6% et 37,4% de la valeur globale des échanges extérieurs du pays.
Les transferts des MRE épargnés
Selon Omar Bakkou, la faiblesse du dollar face au dirham aura un impact mineur sur les transferts des Marocains résidant à l’étranger (MRE), le dollar ne représentant qu’une petite partie de ces fonds.
Il ajoute que l’évolution que connait actuellement le marché des changes est plutôt favorable à ces transferts, avec la dépréciation du dirham face à l’euro qui constitue une bonne nouvelle.
«Une bonne partie de ces transferts sont effectués en euros. Avec la dépréciation du dirham face à l’euro, les MRE voient la valeur de leurs envois augmenter une fois convertis en dirhams, ce qui est positif pour les bénéficiaires au Maroc», conclut-il.
Les dix principaux pays d’origine des transferts des MRE (Source : Office des changes)
| Pays | 2023 (en millions de dirhams) |
|---|---|
| France | 35.500 |
| Espagne | 14.513 |
| Arabie Saoudite | 12.357 |
| Italie | 10.567 |
| États-Unis | 7.341 |
| Allemagne | 4.142 |
| Belgique | 4.683 |
| Émirats arabes unis | 5.012 |
| Pays-Bas | 2.395 |
| Royaume-Uni | 2.557 |
En fait, l’Europe est la principale source des transferts de fonds des MRE, loin devant l’Arabie saoudite et l’Amérique du Nord.
En somme, la baisse du dollar face au dirham s’avère bénéfique pour l’économie marocaine dans son ensemble, en particulier pour les importations, la balance commerciale et les finances publiques, malgré un revers pour les exportateurs.








