Au douar Aourach, à environ une heure de Khénifra, la terre raconte mieux que les mots. Entre les pierres et les sillons, des oliviers jeunes dressent leurs fines branches vers le ciel. Ils portent en eux vingt-quatre années de courage, celles de Rahma Khalfaoui.
«Mon mari est mort il y a longtemps, vingt-quatre ans déjà», lâche-t-elle sans détour. Le silence qui suit n’est pas un vide, il pèse de tout le poids des deuils, des privations, des hivers trop secs et des étés trop brûlants. Mais dans ses yeux brille une obstination tranquille: «Depuis, je travaille avec mes enfants pour subvenir aux besoins de la famille.»
De ses emprunts successifs auprès du Crédit Agricole du Maroc, Rahma garde le souvenir d’un appui salvateur. Elle a creusé deux puits, planté des oliviers, cultivé de la luzerne, acheté un troupeau de moutons. Elle a aussi installé des pompes solaires, comme une petite victoire arrachée au ciel. Chaque saison, elle se réinvente, agricultrice et mère, pilier de famille et garante d’un héritage.
Son champ n’est pas immense, mais il est vivant. Entre les sillons, la luzerne s’incline sous le vent. Les moutons broutent à l’ombre des jeunes oliviers. «À chaque fois, j’emprunte un montant plus important, de 10.000 à 90.000 dirhams, j’ai réussi à élargir petit à petit mon activité», dit-elle en comptant mentalement les étapes franchies. Derrière ces chiffres, il y a surtout la dignité d’une femme qui n’a jamais baissé les bras pour améliorer son quotidien et élever ses enfants.
Mouha, fils de la mémoire
Un peu plus loin, à Aguelmouss, qui se trouve à environ 100 km au sud de Meknès et 32 km au nord de Khénifra, la vie de Mouha Oulmahraz s’écrit entre héritage et futur. Son père est mort en 2001, mais sa mémoire reste ancrée dans la terre. «J’ai commencé mon projet en 2016», raconte-t-il. Sa voix se fait plus vive lorsqu’il parle d’arboriculture: une passion, presque une vocation.
Le début fut hésitant. Un hectare et demi planté de pommes, qui ne donnèrent pas le rendement espéré. Mais Mouha n’a pas renoncé. Il a demandé un autre prêt au Crédit Agricole du Maroc, pour planter une nouvelle variété. Les arbres ont pris, les récoltes ont suivi. Puis il a planté deux hectares d’oliviers. Aujourd’hui, ses vergers s’étendent et se diversifient: pommes, abricots, olives, pêches, nectarines.
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Au milieu de ses parcelles, des panneaux solaires scintillent, alimentant les pompes à eau. «Quand il y a eu la sécheresse, c’était difficile. Mais la banque nous a proposé de payer l’année suivante. Ça nous a soulagés. Et nous avons pu honorer nos dettes», confie-t-il. Dans ce témoignage, il n’y a pas que de la gratitude. Il y a la preuve que le lien entre paysan et banque peut dépasser la froideur des échéances.
Le douar comme miroir
Pour nos deux agriculteurs, c’est une même réalité qui se dessine. La terre est dure, mais la volonté est plus forte. Les visages changent, les histoires diffèrent, mais le point commun, le financement, demeure: sans soutien, les projets resteraient des rêves inachevés. Avec lui, ils deviennent champs, vergers, troupeaux, sources d’eau et d’énergie.
Dans les ruelles du douar, les anciens répètent que «la terre ne ment jamais». Les enfants courent entre les maisons en pisé, ignorant encore que leur avenir dépendra de ces sillons irrigués, de ces oliviers enracinés, de ces crédits payés à temps. Rahma et Mouha, chacun à leur manière, incarnent ce Maroc rural qui se bat pour rester debout. Et derrière eux, il y a une institution qui ne se contente pas de financer: elle écoute, ajuste, accompagne. Elle partage la vie des villages, jusque dans les souks hebdomadaires où ses agences mobiles s’installent comme des tentes de fortune, à savoir Crédit Agricole du Maroc.
Plus qu’une banque, une histoire
Le Crédit Agricole du Maroc est une institution née d’une volonté royale, en 1961, dans une époque où le pays retrouvait sa souveraineté et voulait nourrir sa population par sa propre terre. Dès ses débuts, il a choisi un rôle particulier, celui d’être la voix des paysans dans le monde de la finance et de traduire les besoins des champs en solutions bancaires.
«C’est une banque qui comprend les saisons», disent souvent les anciens. Car ici, le calendrier n’est pas fait de trimestres fiscaux mais de cycles de pluie, de sécheresse, de floraison et de récolte. Le CAM s’est adapté à cette logique, accompagnant les exploitants dans les bons comme dans les mauvais moments.
Dans une exploitation agricole à Aguelmous. (Y.Jaoual/Le360)
En 2003, une réforme a donné à l’institution une double vocation. D’un côté, un pôle bancaire classique, capable de rivaliser avec les grandes banques commerciales et d’investir dans l’économie nationale. De l’autre, un pôle de solidarité, entièrement tourné vers le monde rural.
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C’est cette dualité qui fait sa singularité. Le Crédit Agricole du Maroc est à la fois compétitif et profondément humain, universel et enraciné. Une banque capable de financer les grands projets agro-industriels, mais aussi d’écouter une veuve de douar qui a besoin de 20.000 dirhams pour creuser un puits.
Quand la sécheresse frappe
Dans les villages, la mémoire collective garde le souvenir de sécheresses terribles. Les champs craquelés, les arbres assoiffés, les troupeaux décimés.
À chaque crise climatique, Le CAM met en place des dispositifs spécifiques: enveloppes pour sauver l’arboriculture, crédits souples pour maintenir le cheptel, facilités de paiement pour reporter les échéances. «On a pu payer l’année suivante», raconte Mouha avec soulagement. Derrière ces gestes, il y a une philosophie claire: ne jamais laisser les agriculteurs seuls face à l’adversité.
Le secret de cette proximité réside aussi dans le maillage territorial. Avec plus de 500 points de vente – agences rurales, caisses locales, guichets mobiles – le CAM est là où les autres ne vont pas. Ses camionnettes sillonnent les routes, rapprochent les services financiers des villages les plus reculés.
Former pour libérer le potentiel
Mais financer ne suffit pas. Le CAM l’a compris depuis longtemps. Il faut aussi former, éduquer, donner aux paysans les outils pour comprendre et gérer leurs propres projets. C’est le rôle du CERCAM, son centre d’études et de recherches, qui mène des programmes de renforcement des capacités.
Dans des villages, des formateurs expliquent patiemment comment calculer les marges, tenir un cahier de dépenses, gérer une coopérative. Les femmes y trouvent un espace pour apprendre, parfois dans leur langue maternelle: tarifit, tachelhit ou tamazight. Depuis 2017, plus de 30.000 personnes en ont bénéficié, dont un quart de femmes.
«Avant, je ne comprenais rien aux chiffres», confie une agricultrice. «Maintenant, je sais calculer si mon activité est rentable ou pas.» Derrière cette phrase simple, il y a une révolution silencieuse: l’éducation financière comme outil d’émancipation.
Le CAM n’a jamais caché l’une de ses priorités, celle de contribuer aux efforts nationaux visant à donner aux femmes et aux jeunes, notamment en milieu rural, la place qui leur revient. Rahma en est l’exemple vivant. Sans accès au crédit, elle aurait peut-être abandonné. Avec lui, elle est devenue une actrice économique à part entière, un modèle pour son douar.
Les jeunes, eux, trouvent dans ces financements un tremplin pour rester sur leurs terres plutôt que d’aller grossir les rangs de l’exode. Mouha en est la preuve. Ses vergers ne sont pas seulement un projet agricole, ils sont une manière de prolonger l’histoire familiale et d’assurer la relève.
Une banque qui avance avec son temps
Le Crédit Agricole du Maroc a fait le pari de combiner ses racines rurales avec les outils les plus modernes. La création d’Al Filahi Cash en 2021 en est un exemple. Cette filiale spécialisée dans les services de paiement rapproche encore davantage la banque des territoires les plus éloignés.
Désormais, avec les services digitaux du CAM et depuis un douar reculé, on peut envoyer de l’argent, payer une facture, recharger son téléphone. Une application mobile simple et intuitive, des agences physiques: un écosystème hybride qui met la technologie au service de l’inclusion.
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Pour Rahma, cela signifie qu’elle n’a plus besoin de confier à son fils la mission d’aller jusqu’au centre urbain le plus proche pour régler une facture. Pour Mouha, cela signifie qu’il peut gérer ses flux financiers sans interrompre son travail dans les vergers.
L’idée qui guide le CAM est simple: aucune Marocaine, aucun Marocain, ne doit rester en dehors du circuit financier, où qu’il vive. C’est pourquoi ses équipes sillonnent les routes, forment les paysans à l’éducation financière, accompagnent les coopératives et les exploitants...
Ces efforts ne relèvent pas seulement de la solidarité, ils ont un impact direct sur l’économie nationale. Chaque femme qui gère mieux son budget, chaque jeune qui investit dans une plantation, chaque famille qui stabilise son exploitation contribue à renforcer le tissu rural. Et, à terme, à limiter l’exode vers les grandes villes.
Le Maroc rural en héritage
Derrière chaque prêt, chaque formation, chaque solution digitale, il y a une idée centrale, celle de préserver et valoriser l’héritage rural du pays. L’agriculture n’est pas qu’un secteur économique, elle est une mémoire collective, une identité partagée. Rahma, en plantant ses oliviers, a enraciné dans sa terre l’histoire de sa résilience. Mouha, en diversifiant ses vergers, a donné un avenir au souvenir de son père. Dans les deux cas, la banque a joué le rôle d’un accompagnateur discret mais décisif.
Au fond, ce que disent Rahma et Mouha, c’est que le Crédit Agricole du Maroc n’est pas une banque lointaine mais une voisine. Celle qui frappe à la porte pour demander si tout va bien après un aléa climatique. Celle qui accepte de repousser une échéance pour laisser souffler une famille. Celle qui trouve des solutions pour donner vie aux rêves et espoirs d’un jeune entrepreneur rural agricole en début de vie active. Celle qui installe un bureau improvisé dans le souk pour que personne ne soit exclu…
Dans un monde rural en pleine mutation, le CAM incarne une promesse, celle que la modernité peut rimer avec proximité, que la finance peut se conjuguer avec humanité, que l’avenir peut s’écrire avec les paysans.
Rahma le résume à sa manière, en jetant un regard fier vers ses oliviers: «Grâce à Dieu et grâce à eux, j’ai pu tenir.» Mouha, lui, voit plus loin: «J’espère que mes enfants continueront. Cette terre, c’est notre héritage.»
Et dans leurs voix, résonne l’essentiel: une banque peut prêter de l’argent. Mais quand elle prête aussi une oreille et une main, elle devient un partenaire de vie.

















