Coopératives féminines d’argan: encore du chemin à parcourir

Des bouteilles d'huile d'argan de la coopérative «Arganah n Amskroud», dans la région d’Agadir.

Une membre de la coopérative «Arganah n Amskroud», dans la région d’Agadir, remplit des bouteilles d'huile d'argan.. Mhand Ouberka / Le360

Bien que les coopératives féminines d’argan aient connu une amélioration significative, il reste encore du chemin à parcourir. Atteindre plus facilement les clients, que ce soient des consommateurs ou des entreprises, fait partie des grands défis auxquels ces coopératives sont confrontées, explique une note du PNUD.

Le 18/02/2023 à 11h28

L’arganier est un arbre endémique du Royaume qui donne «un or en bouteille», l’argan, utilisé aussi bien dans la cuisine que dans les produits cosmétiques. Cet arbre, unique au monde par son rôle de rempart contre l’avancée du désert, constitue une ressource économique importante pour bon nombre de ménages, notamment ceux de la région du Souss-Massa.

Une note publiée le 14 février 2023 par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) relève que malgré les avancées qu’ont connues les coopératives féminines d’argan au Maroc, elles sont toujours confrontées à plusieurs défis. D’abord, la véritable richesse est créée à travers la transformation de l’huile brute en produits cosmétiques ou alimentaires. Par conséquent, la majeure partie de la valeur ajoutée se réalise à l’étranger, alors que les femmes qui extraient l’huile d’argan ne reçoivent qu’une part minime.

Il y a aussi la sécheresse, qui frappe de plein fouet l’arboriculture de l’arganier depuis quatre années déjà et met à rude épreuve la survie de certaines coopératives. D’ailleurs, «plusieurs d’entre elles enregistrent actuellement une baisse d’activité et ne sont plus en mesure de produire assez de revenus pour les femmes rurales», explique la note.

Deux grands défis se posent, ainsi: améliorer le positionnement dans la chaîne de valeur et atteindre plus facilement les clients, que ce soient des consommateurs ou des entreprises. Ces deux défis ont mis en exergue la nécessité de renforcer l’éducation en commerce international, d’une part, et de développer les moyens digitaux pour atteindre de nouveaux marchés, d’autre part.

À cet effet, le laboratoire d’accélération du PNUD Maroc a proposé de tester deux prototypes pour adresser un nouveau marché porteur, à savoir l’Amérique du Nord. Il s’agit de développer une plateforme de vente en ligne et d’organiser une opération d’export financée à 100% (transport, stockage et attaché commercial).

Cependant, dans l’élaboration de ces prototypes, deux problèmes se posent. Le premier est lié à la réticence des coopératives à envoyer de la marchandise avant de recevoir les paiements. Ainsi, plusieurs coopératives déclarent ne pas avoir les capacités financières pour produire de grandes quantités. Ensuite, le «statut juridique de la coopérative (..) ne facilite pas les opérations d’export», note l’étude.

Ainsi, le PNUD précise qu’une réforme de la filière est nécessaire pour que les coopératives puissent progresser et tirer un meilleur profit. L’organisation propose principalement d’encourager la création de groupements de coopératives et de groupements d’intérêt économique qui permettraient d’améliorer le positionnement des coopératives sur le marché. Il s’agit également de favoriser leur accès à la commande publique et de mutualiser les coûts des investissements.

Dans le cadre des efforts pour changer la donne, le PNUD a annoncé l’organisation du Sommet africain des coopératives en novembre 2023, en collaboration avec le ministère du Tourisme, de l’artisanat et de l’économie sociale et solidaire, la Fondation OCP, et l’Office de développement de la coopération. Cet événement vise à développer une feuille de route pour une meilleure rétribution des revenus générés par la commercialisation de l’huile d’argan et une meilleure coordination des programmes de développement en appui aux coopératives féminines d’argan.

Par Ihssane El Zaar
Le 18/02/2023 à 11h28