La récente décision de Maersk, leader du transport maritime, de renforcer ses activités à Tanger Med au détriment du port espagnol d’Algésiras n’est pas surprenante. Pour Maersk, cette initiative découle d’une stratégie mûrement réfléchie, écrit le quotidien Les Inspirations Eco, citant Najib Cherfaoui, expert en logistique portuaire et maritime. Pour ce dernier, cette décision résulte d’un plan initié dès 2016, lorsque Maersk a négocié 2 kilomètres de quais dédiés à Tanger Med.
Une nouvelle route maritime connecte depuis lors les ports de l’Inde et des États-Unis en passant par Tanger Med, contournant ainsi les ports européens, notamment celui d’Algésiras. Cette nouvelle route, qui inclut des escales à Jebel Ali (Émirats Arabes Unis), Salalah (Oman) et divers ports américains tels que Newark ou Houston, renforce le rôle de Tanger Med en tant que hub intercontinental. «Il ne s’agit pas simplement d’un transit, mais d’un choix stratégique pour le commerce mondial», ajoute l’expert.
Selon Cherfaoui, cette décision n’est pas liée aux nouvelles réglementations, comme la taxe carbone appliquée depuis décembre, mais à une planification de longue date. «Ce n’est pas une improvisation, mais une démarche programmée», précise-t-il.
En Espagne, la décision de Maersk a suscité des réactions négatives. Carolina España, porte-parole de la Junta de Andalucía, a exprimé son étonnement. «Nous sommes surpris que Maersk trouve plus de garanties au Maroc qu’en Espagne. Le gouvernement doit mobiliser tous les moyens pour éviter la fuite des entreprises», dénonce-t-elle. Maersk a rassuré. «Nous ne quittons pas Algésiras, qui reste un port stratégique pour nos activités», indique le groupe dans un communiqué repris par Les Inspirations Eco. Maersk a par ailleurs investi, aux côtés de Cepsa, 10 milliards d’euros dans un projet de production de carburant à base d’hydrogène vert en Andalousie.
N’empêche, le port de Tanger Med bénéficie d’infrastructures modernes en constante amélioration. À l’horizon 2025, il disposera de 800 mètres de quais supplémentaires équipés de radiocontrôles, portant sa capacité totale à 2 kilomètres. Cette réorientation stratégique de Maersk pourrait également influencer d’autres acteurs majeurs du secteur. Toutefois, certains, comme MSC, ont emprunté d’autres voies. «MSC a misé sur le canal de Suez et le port d’Alexandrie, mais cela lui a coûté cher. Aujourd’hui, Maersk récolte les fruits d’une stratégie cohérente avec Tanger Med», lit-on encore.