Automobile: la recette d’une épopée made in Morocco

Une employée marocaine à l'oeuvre au sein de l'usine Stellantis (ex-PSA) à Kénitra.

Une employée marocaine à l'œuvre au sein de l'usine Stellantis (ex-PSA) à Kénitra. AFP or licensors

Dans son édition du vendredi 6 octobre, le quotidien économique français Les Échos revient sur la success-story du secteur automobile marocain qui, de 30.000 véhicules montés (à peine) dans les années 2000 en produit actuellement plus de 600.000, avec 65 % de pièces fabriquées sur place, et vise désormais le marché florissant des voitures électriques.

Le 06/10/2023 à 13h57

La route aura été longue et la voie était loin d’être tracée d’avance. Mais le Maroc l’a fait, et il figure désormais parmi les plus grands producteurs de voitures dans le monde. C’est sur cette véritable prouesse que s’attarde le quotidien économique français Les Échos dans un article publié ce vendredi 6 octobre. Sous le titre «Comment le Maroc s’est transformé en eldorado de l’automobile», Les Échos relate la manière dont le Maroc, en 20 ans à peine, a su attirer des géants du secteur, du calibre de Renault et de Stellantis. Et ces derniers ne sont pas venus seuls puisqu’autour de leurs usines, d’innombrables sous-traitants se sont également installés.

«Je n’ai jamais vu une usine grandir aussi vite»

À l’arrivée, la création de centaines de milliers d’emplois, un précieux transfert de technologie, des investissements conséquents et des chiffres à l’export qui n’ont rien à envier aux secteurs porteurs «classiques» comme le phosphate. «Une réussite qui ne s’explique pas seulement par un faible coût du travail», précise la parution qui parle de «miracle automobile marocain», qui a vu le Royaume se tailler en une vingtaine d’années une place de choix dans le secteur. Proximité immédiate avec l’Europe, SMIC autour de 300 euros par mois, stabilité politique… Les atouts n’ont jamais manqué. Mais il aura fallu un cap stratégique pour passer de quelque 30.000 véhicules Renault montés à partir de pièces importées à la Somaca (à Casablanca), aux 600.000 véhicules produits dans les usines de Tanger, Kénitra et dans la capitale économique. Ceci, avec 65% de pièces fabriquées sur place.

Clef de ce véritable démarrage, la marque au Losange qui, en 2007, décide de construire une usine à Tanger. «Pour séduire le groupe français, le Royaume chérifien lui a déroulé le tapis rouge, en lui cédant le terrain nécessaire et en participant à l’investissement initial», lit-on. Les résultats n’ont pas tardé à suivre, atteignant 255.000 voitures l’an dernier sous la marque Dacia et attirant au passage équipementiers et fournisseurs. Même les dirigeants du constructeur en sont surpris. «Je n’ai jamais vu une usine grandir aussi vite», s’enthousiasme Christophe Dridi, responsable de la gamme Global Access, cité par le quotidien. Mieux, 90% de la production sont exportées, essentiellement vers l’Europe de l’Ouest, vers des pays très exigeants en matière de qualité.

Aujourd’hui, le Maroc compte trois zones franches automobiles à Tanger et Kénitra. En prime, une exemption d’impôt pendant cinq ans pour les entreprises qui s’y installent, des subventions sur les coûts de l’électricité et des voies logistiques fiables, à commencer par l’immense et ultramoderne port Tanger Med. «Au fil des années s’est constitué un écosystème très dense qui a convaincu Stellantis d’ouvrir lui aussi une usine en 2019, à Kénitra. Quelque 150.000 Peugeot 208 vont en sortir cette année, sans oublier 30.000 Citroën AMI», lit-on. Stellantis a, par ailleurs, annoncé en novembre dernier qu’il comptait doubler la capacité de l’usine.

Des formations de pointe, des salariés qualifiés

Le tout, avec un niveau de qualification impressionnant. «Le gouvernement prend en charge la majeure partie des coûts de formation et celle-ci est organisée par les entreprises. Ce système produit une main-d’œuvre d’excellente qualité, en particulier des milliers de techniciens et d’ingénieurs formés à l’automobile, qui constituent une raison supplémentaire de s’implanter», explique Patrick Dupoux, qui dirige les activités du Boston Consulting Group en Afrique.

Le résultat est que l’industrie automobile marocaine est érigée en exemple. «C’est la seule réussite industrielle de cette ampleur en Afrique, un cas d’école que les autres pays regardent avec envie», pointe Patrick Dupoux, interrogé par Les Échos.

La success-story n’est pas près de s’achever. Si le plus gros de la production actuelle au Maroc repose sur des moteurs thermiques, le Royaume vise désormais plus haut et plus loin: attirer des gigafactories de batteries. Les autorités marocaines «comptent pour cela s’appuyer sur la qualité du mix énergétique du pays, qui compte déjà 40% d’électricité verte, comme le rappelle les éoliennes qui truffent les collines surplombant la Tanger automotive City, l’une des zones franches de la ville», lit-on encore. Le projet de fabrique annoncé par Gotion High-Tech, qui fait partie des partenaires de Volkswagen, fait office de premier point de lancement. Et ce ne sera sans doute pas le dernier.

Par Youssef Bellarbi
Le 06/10/2023 à 13h57