À l’occasion des Assemblées annuelles 2023 de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI) qui se tiennent à Marrakech, le président de la Banque mondiale, Ajay Banga, la directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, la ministre de l’Économie et des finances du Royaume du Maroc, Nadia Fettah, et le gouverneur de Bank Al-Maghrib, Abdellatif Jouahri, ont publié aujourd’hui une déclaration conjointe.
Voici la déclaration conjointe:
«À l’heure où la communauté internationale se réunit à Marrakech, nous devons rester solidaires et unis afin de protéger notre prospérité future et mettre fin à l’extrême pauvreté. Les perspectives de croissance mondiale à moyen terme sont à leur niveau le plus bas depuis des décennies. Les effets néfastes des crises successives sont de plus en plus visibles, au moment même où de nombreux pays luttent contre une inflation élevée, un fort endettement et d’importants déficits de financement pour fournir des services de base, soutenir les infrastructures et l’action climatique, et réduire la pauvreté, les inégalités et les fragilités qui s’accentuent».
«Le monde est aujourd’hui plus exposé aux chocs et les menaces grandissantes qui pèsent sur la croissance, le développement, l’emploi et le niveau de vie risquent d’aggraver les inégalités, tant entre les pays qu’au niveau national. Les pays émergents et les pays en développement ont particulièrement été touchés. L’écart de revenus avec les pays avancés s’est encore creusé et le monde n’est pas en voie d’éliminer l’extrême pauvreté d’ici 2030».
«Notre conception des principaux risques et forces perturbatrices auxquels est confrontée l’économie mondiale a évolué: la menace existentielle que représente le changement climatique, les disparités croissantes en matière de revenus et d’opportunités et les tensions géopolitiques s’accentuent. Par leur rapidité, la transition numérique et les transformations technologiques créent de nouveaux défis, mais engendrent aussi des opportunités, et aucun pays ne doit être laissé de côté».
«Marrakech 2023 est un appel à une action collaborative mondiale renforcée face aux difficultés que nous rencontrons tous, afin de renforcer la résilience et créer plus d’opportunités pour un avenir meilleur».
«Les quatre principes de Marrakech pour la coopération mondiale dessinent un cadre général visant à tirer parti du multilatéralisme au bénéfice de tous».
Voici les quatre principes de Marrakech pour la coopération mondiale:
1. Redynamiser la croissance inclusive et durable
• Promouvoir des réformes structurelles favorables à la croissance pour renforcer la gouvernance, l’État de droit, le commerce et l’environnement des affaires afin d’attirer de nouveaux investissements et créer des emplois.
Lire aussi : Pour le FMI, la résistance du Maroc aux chocs reflète la «force de son économie et de son système financier»
• Diversifier les sources de financement en stimulant la mobilisation des ressources intérieures, en augmentant la fourniture de ressources concessionnelles et en les utilisant de manière efficace, en tirant parti des ressources des bailleurs de fonds, en favorisant l’investissement direct étranger et en attirant le financement du secteur privé, tout en améliorant l’efficience des dépenses publiques.
• Lutter contre les fragilités en utilisant efficacement les mécanismes de soutien aux pays en situation de fragilité ou de conflit et en s’attaquant conjointement aux raisons de l’insécurité alimentaire et énergétique mondiale.
2. Renforcer la résilience
• Renforcer les capacités institutionnelles en créant des institutions et des cadres d’action publique plus solides avec le soutien des organisations internationales.
• Maintenir la stabilité extérieure en appliquant des politiques macroéconomiques avisées tout en évitant les retombées perturbatrices sur les autres pays.
• Renforcer les cadres de gestion et de résolution de la dette publique en améliorant la gestion de la dette extérieure et intérieure et en rendant les processus de restructuration de la dette plus efficaces et plus rapides.
• Améliorer la préparation aux crises mondiales et leur atténuation en augmentant la résilience des chaînes d’approvisionnement, en améliorant la préparation aux pandémies, en renforçant les secteurs financiers, en apportant des ajustements macroéconomiques en temps opportun, en mettant en place une protection sociale adaptée et en consolidant le dispositif mondial de sécurité financière.
• Dissocier la croissance et les risques climatiques en développant les capacités de gestion et de mise en œuvre de stratégies rentables de réduction et de planification des risques de catastrophe, en favorisant la construction et l’entretien d’infrastructures résilientes face aux chocs climatiques et aux catastrophes, en soutenant les initiatives régionales visant à réduire les risques écologiques susceptibles de conduire à des migrations forcées, notamment en préservant la biodiversité, et en encourageant les pratiques de gestion durable des terres et de l’eau.
3. Soutenir les réformes porteuses de transformation
• Accélérer la transition verte grâce aux efforts déterminés de tous les pays pour faire progresser la décarbonation de leur économie sur la base des principes de l’Accord de Paris, tout en garantissant la sécurité énergétique tout au long de la transition.
• Accompagner les transformations technologiques pour éviter la fragmentation numérique, combler le fossé numérique, faciliter la création de systèmes de paiement nationaux et internationaux modernisés et efficaces, et favoriser l’inclusion financière. Parallèlement à cela, des réglementations harmonisées au niveau international sur les cryptoactifs, la protection des données, la cybersécurité et l’intelligence artificielle doivent également être élaborées.
• Améliorer les systèmes de santé et leur degré de préparation grâce à un travail collaboratif visant à renforcer la sécurité sanitaire mondiale en améliorant la couverture santé universelle, en renforçant les systèmes de santé et en établissant des mécanismes mondiaux pour garantir un accès équitable aux vaccins et aux médicaments.
• Promouvoir un enseignement équitable de qualité pour appuyer les efforts mondiaux qui vont dans ce sens pour le plus grand nombre, élargir l’accès à l’enseignement dès la petite enfance, au primaire et au secondaire, et améliorer la qualité de l’instruction pour garantir les apprentissages en classe.
• Contribuer à l’égalité entre les sexes pour multiplier et faciliter les opportunités économiques des femmes, leur donner les moyens d’agir et reconnaître leur leadership.
4. Renforcer et moderniser la coopération mondiale
• Renforcer le système monétaire international et ses règles, conventions et institutions, pour répondre aux besoins des pays et faciliter le commerce, les paiements et les investissements internationaux.
• Renforcer le système commercial multilatéral pour soutenir la coopération et la croissance économiques mondiales, en veillant à ce qu’il soit fondé sur des règles, non discriminatoire, juste, ouvert, inclusif, durable, transparent et doté de mécanismes efficaces de règlement des différends.
• Renforcer la collaboration, car la Banque mondiale et le FMI sont déterminés à travailler en étroite collaboration et avec leurs partenaires pour aider les pays membres à relever les défis et à tirer parti des opportunités qui se présentent.