Malgré un début de saison prometteur, les conditions climatiques actuelles au Maroc inquiètent les agriculteurs. Combinée au recul pluviométrique, la succession des vagues de chaleur risque de perturber les cultures maraîchères et de réduire le rendement des arbres fruitiers et des cultures de céréales, comme le signale Abdelmoumen Guennouni, ingénieur agronome, dans une déclaration à Le360.
Pour notre interlocuteur, la combinaison de la sécheresse et des températures élevées aura inévitablement des effets négatifs sur la croissance et la qualité des cultures. «Les grandes cultures, comme les céréales et les légumineuses, sont les plus touchées par cette situation. Les régions du sud de la Chaouia, Settat et Doukkala sont les plus affectées, à l’exception de quelques zones près des côtes ou des champs de céréales, où des cultures irriguées étaient plantées, comme les pommes de terre et les carottes», assure-t-il.
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«Ces cultures laissent le sol humide et des reliquats d’engrais qui peuvent aider à la croissance des plantes. Des parcelles pourraient donc résister aux températures élevées mieux que d’autres», explique-t-il.
Concernant les cultures irriguées, aussi bien pour l’arboriculture que pour le maraîchage, elles peuvent supporter la hausse du mercure sans aucun problème, sauf si les épisodes caniculaires coïncident avec les floraisons. Ce qui malheureusement est le cas aujourd’hui.
Irrigation des cultures: les besoins augmentent
«À cause des températures élevées, les besoins en eau des arbres vont augmenter. S’ils ne sont pas satisfaits, cela nuira aux rendements et affectera les calibres. Dans l’ensemble, toutes les cultures seront plus ou moins impactées par cette situation, avec des effets négatifs sur la croissance et la qualité des rendements», poursuit l’ingénieur agronome.
Les régions du Saïss et du Gharb seront également touchées, bien que leur état végétatif soit un peu meilleur, indique-t-il, précisant que les épisodes caniculaires peuvent aussi provoquer un phénomène d’échaudage (mauvaise circulation des substances nutritives dans les plantes qui se traduisent par la malformation des grains, qui restent de petite taille), ainsi que des problèmes au niveau du remplissage du grain et du poids spécifique. «Ces conditions risquent d’entraîner des moissons plus précoces avec moins de pailles résultant d’un tallage très faible», note Abdelmoumen Guennouni.
Des températures instables
Pour rappel, des températures allant de 37 à 44 degrés ont été annoncées dans plusieurs villes au Maroc du 25 au 28 avril. Généralement, la campagne actuelle se caractérise par des températures instables, avec des minima bas en février et mars, et au-dessus des niveaux de la campagne précédente à partir du mois d’avril, comme le confirme le ministère de l’Agriculture.
La campagne agricole s’inscrit aussi dans une séquence climatique de 5 années difficiles marquées par la succession des années sèches. Au 27 avril 2023, la campagne agricole a enregistré un cumul pluviométrique de 207 mm, soit une baisse de 36% par rapport à une année normale (322 mm) mais une hausse de 13% par rapport à la même date de la campagne précédente (184 mm).