Agriculture: la gestion de l’eau a été chaotique

Deuxième plus grand oued du Royaume, et long de 550 km, le lit de l’Oum Errabia pâtit des effets de la sécheresse.. Abderrahim Et-Tahiry / Le360 (capture image vidéo)

Pompage des nappes phréatiques, distribution généreuse et sans discernement des subventions de l’irrigation privée, absence d’instances de régulation… La gestion de l’eau aura été pour le moins chaotique lors de la mise en place du programme de développement de l’agriculture. Une situation qui empire. Cet article est une revue de presse tirée du quotidien L’Economiste.

Le 28/05/2024 à 20h53

L’alerte est donnée par le prestigieux Institut royal des études stratégiques (IRES). Dans un rapport dédié publié dernièrement, et dont un compte rendu est à lire dans l’édition du mercredi 29 mai du quotidien l’Economiste, l’institution dirigée par Mohammed Tawfik Mouline revient en détail sur «la situation alarmante de l’agriculture». Et soyons clairs: le changement climatique n’est pas le seul facteur à l’origine de cette situation. «Les politiques publiques poursuivies y ont, elles aussi, contribué», reproche le rapport de l’IRES.

«Les options et les choix, que ces politiques ont privilégiés, ont activement contribué à la raréfaction progressive des ressources en eaux conventionnelles du Maroc», renchérit l’IRES, repris par le quotidien.

En cause, le pompage des nappes phréatiques, qui n’a cessé de s’étendre et de s’intensifier. «Tendance que les subventions du Fonds de développement agricole, institué en 1985, ont encouragée, mais qui a connu une forte aggravation avec l’avènement, en 2008, du Plan Maroc vert», lit-on. «Celui-ci a généreusement et sans discernement subventionné l’irrigation privée en goutte-à-goutte, dans le cadre du Programme national d’économie en eau d’irrigation», ajoute l’IRES

Cette large et rapide extension de l’irrigation privée est porteuse de risques majeurs pour le Maroc: elle s’opère en dehors de tout contrôle d’une quelconque instance de régulation.

Par ailleurs, L’IRES épingle le faible niveau d’investissement public, qui ne parvient pas à dynamiser les activités agricoles et ne suscite pas l’attrait des investisseurs privés nationaux et internationaux. «Il est de 4% du budget général de l’Etat, alors que la déclaration de Malabo pour la sécurité alimentaire de l’Afrique, pour la décennie 2015-2025, préconise d’y consacrer au moins 10%», remarque l’institution.

Autre grief: les subventions et les incitations sont accordées, particulièrement, en faveur des productions agricoles à forte productivité, destinées à l’exportation. «Cette approche, privilégiant davantage l’agriculture de haute valeur commerciale au détriment des besoins internes en aliments de base, fait que la dépendance du Maroc vis-vis du marché externe s’affirme. Notamment, pour l’importation de certaines denrées alimentaires de base (céréales, huiles, sucre) et d’intrants agricoles (semences, énergie, …)», rapporte le quotidien.

Certes, la période de mise en œuvre du Plan Maroc vert «2008-2019» a connu une réduction du déficit de la balance commerciale agroalimentaire, mais, souligne le rapport, le taux de couverture des importations par les exportations est resté faible. La situation ne risque guère de s’améliorer à l’avenir.

Par Lamia El Ouali
Le 28/05/2024 à 20h53