«Ce problème me paraît exagéré. Chacun travaille pour le bien du pays», a affirmé Abdellatif Jouahri, en réponse à une question au sujet des accusations selon lesquelles la Banque centrale, en augmentant son taux directeur à trois reprises, aurait «oublié la croissance et l’emploi».
Le débat sur les mesures du gouvernement et de la Banque centrale, qui peuvent être contradictoires, est «naturel» dit-il, surtout que «le politique raisonne à court terme alors que Bank Al-Maghrib raisonne au moins à un horizon de huit trimestres».
«Faire preuve d’humilité»
La question de l’indépendance de la Banque centrale est régie par une loi encadrant les statuts de l’institution qui, dans son article 13, stipule que «dans l’exercice de ses missions, la Banque, en la personne du wali de Bank Al-Maghrib, du directeur général et des membres de son conseil, ne peut solliciter ou accepter d’instructions du Gouvernement ou de tiers».
Le wali estime que la Banque centrale est mieux outillée en termes de compétences et de modèles économétriques qui lui permettent d’aller dans le détail en analysant l’évolution de la situation économique et financière du pays.
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«Cela ne veut pas dire que la voie est toujours facile pour prendre une décision. C’est une science inexacte. Il faut toujours faire preuve d’humilité avant de prendre la bonne ou la moins mauvaise décision», tempère-t-il.
La Banque centrale qui veille à la stabilité des prix pense aussi à la croissance de plusieurs façons, insiste Jouahri, citant l’exemple des liquidités offertes au secteur bancaire: «Depuis la crise du Covid, la Banque centrale a répondu à toutes les demandes présentées par le système bancaire. Nous avons estimé que ces demandes sont fondées».
En outre, Jouahri défend une institution ouverte sur son environnement. «Nous ne travaillons pas en vase clos. Nous avons une réunion mensuelle avec la direction du Trésor et des finances extérieures (relevant du ministère des Finances, ndlr). Nous recueillons les anticipations d’inflation auprès de secteurs divers», rappelle le wali.
Suivre de près la politique budgétaire du gouvernement
S’il y avait une ingérence dans ses prérogatives, poursuit Jouahri, la Banque centrale n’aurait pas doublé son taux directeur en le relevant à trois reprises, de septembre 2022 à mars 2023. Cela dit, le wali déplore le fait que les taux débiteurs des banques n’ont pas répercuté les hausses successives du taux directeur. «J’ai écrit au GPBM pour attirer son attention. Les banques doivent prendre en compte le coût moyen des ressources», recommande Jouahri.
Suivant de près l’évolution de la politique budgétaire adoptée par le gouvernement, le wali de BAM salue l’annonce récemment de deux mesures importantes: la mobilisation de 10 milliards de dirhams de crédits supplémentaires pour soutenir le pouvoir d’achat, ainsi que le déblocage de 10 milliards de dirhams au profit du secteur agricole. C’est la raison pour laquelle, dit-il, la Banque centrale a décidé de marquer une pause dans sa politique des taux, le temps d’évaluer l’impact de ces mesures sur les prix.