Abdellatif Jouahri dément toute ingérence dans ses prérogatives: «Ce problème me paraît exagéré»

Le Chef du Gouvernement, Aziz Akhannouch et le Wali de Bank Al-Maghrib, Abdellatif Jouahri, mercredi 22 février 2023, à Rabat.

Lors de son point de presse trimestriel ce mardi 20 juin à Rabat, Abdellatif Jouahri, a balayé d’un revers de la main les rumeurs évoquant une ingérence de l’Exécutif dans les prérogatives de la Banque centrale.

Le 20/06/2023 à 17h50

«Ce problème me paraît exagéré. Chacun travaille pour le bien du pays», a affirmé Abdellatif Jouahri, en réponse à une question au sujet des accusations selon lesquelles la Banque centrale, en augmentant son taux directeur à trois reprises, aurait «oublié la croissance et l’emploi».

Le débat sur les mesures du gouvernement et de la Banque centrale, qui peuvent être contradictoires, est «naturel» dit-il, surtout que «le politique raisonne à court terme alors que Bank Al-Maghrib raisonne au moins à un horizon de huit trimestres».

«Faire preuve d’humilité»

La question de l’indépendance de la Banque centrale est régie par une loi encadrant les statuts de l’institution qui, dans son article 13, stipule que «dans l’exercice de ses missions, la Banque, en la personne du wali de Bank Al-Maghrib, du directeur général et des membres de son conseil, ne peut solliciter ou accepter d’instructions du Gouvernement ou de tiers».

Le wali estime que la Banque centrale est mieux outillée en termes de compétences et de modèles économétriques qui lui permettent d’aller dans le détail en analysant l’évolution de la situation économique et financière du pays.

«Cela ne veut pas dire que la voie est toujours facile pour prendre une décision. C’est une science inexacte. Il faut toujours faire preuve d’humilité avant de prendre la bonne ou la moins mauvaise décision», tempère-t-il.

La Banque centrale qui veille à la stabilité des prix pense aussi à la croissance de plusieurs façons, insiste Jouahri, citant l’exemple des liquidités offertes au secteur bancaire: «Depuis la crise du Covid, la Banque centrale a répondu à toutes les demandes présentées par le système bancaire. Nous avons estimé que ces demandes sont fondées».

En outre, Jouahri défend une institution ouverte sur son environnement. «Nous ne travaillons pas en vase clos. Nous avons une réunion mensuelle avec la direction du Trésor et des finances extérieures (relevant du ministère des Finances, ndlr). Nous recueillons les anticipations d’inflation auprès de secteurs divers», rappelle le wali.

Suivre de près la politique budgétaire du gouvernement

S’il y avait une ingérence dans ses prérogatives, poursuit Jouahri, la Banque centrale n’aurait pas doublé son taux directeur en le relevant à trois reprises, de septembre 2022 à mars 2023. Cela dit, le wali déplore le fait que les taux débiteurs des banques n’ont pas répercuté les hausses successives du taux directeur. «J’ai écrit au GPBM pour attirer son attention. Les banques doivent prendre en compte le coût moyen des ressources», recommande Jouahri.

Suivant de près l’évolution de la politique budgétaire adoptée par le gouvernement, le wali de BAM salue l’annonce récemment de deux mesures importantes: la mobilisation de 10 milliards de dirhams de crédits supplémentaires pour soutenir le pouvoir d’achat, ainsi que le déblocage de 10 milliards de dirhams au profit du secteur agricole. C’est la raison pour laquelle, dit-il, la Banque centrale a décidé de marquer une pause dans sa politique des taux, le temps d’évaluer l’impact de ces mesures sur les prix.

Par Wadie El Mouden
Le 20/06/2023 à 17h50

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VOS RÉACTIONS

@driss si les décisions de Bam ne se traduisent pas aucun effet sur les taux des crédits aux ménages cela rend impossible la lutte contre l inflation ...qui pour rappel appauvrit la nation et crée des tensions sociales ...il faut mériter les 10 000 dhs/ jour

Pour votre information ( ou formation), cette inflation n’est pas monétaire. Elle n’est pas due à une demande excessive des ménages, soutenue par les crédits à la consommation.. Elle est la conséquence des dysfonctionnements de l’économie internationale causés d’abord par le Covid et aggravés ensuite par le bazar créé par la guerre Russie-Ukraine. Si vous estimez que le relèvement du taux directeur de BAM peut contribuer à mettre fin à ce désordre international pour atténuer les tensions inflationnistes à l’échelle planétaire, dans ce cas, le salaire de plus de 10 000 dirhams par jour serait amplement mérité 🙀

@driss la hausse des taux directeurs par la banque centrale a pour but de freiner ou de ralentir la consommation des ménages pour agir sur leur demande ...seule moyenne pour endiguer l inflation ...si vous connaissez un autre modèle livrez le aux banques centrales du monde

Chacun travaille pour le bien du pays ....correction ...nous devons tous oeuvrer pour le bien de notre pays...

Surtout lorsqu’on est payé plus de 10 000 dirhams / jour 😹😹😹

Drôle de manière qu’a le gouverneur de Bank Al Maghrib de ‘’ penser à la croissance ‘’ 🤔. Il ‘’déplore le fait que les taux débiteurs des banques n’ont pas répercuté les hausses successives du taux directeur’’ et va même jusqu’à écrire aux banques (GPBM) pour leur demander d’augmenter les taux débiteurs sur les crédits. Or, il ne faut pas être un John Maynard Keynes pour savoir qu’il n’y a pas de croissance sans investissement, et d’investissement sans crédit ! Plus curieux encore, il reproche aux banques de ne pas prendre en compte le coût moyen des ressources .Il est donc plus préoccupé par la rentabilité des banques(que les banques elles-mêmes) que par le coût de financement de l’investissement. Allez y comprendre quelque chose 🙀

En ces moments de folie tout le monde est expert en politique monétaire et tout le monde est expert économique ...la nature a horreur du vide ...les défaitistes avec leur discours des années 60 ont appauvris

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