Vers un solide front commun contre le faux et l’usage de faux dans les arts plastiques au Maroc

Lors de la première réunion tripartite, regroupant l’institution du parquet général, le ministre de la Culture et la Fondation nationale des musées, pour combattre efficacement le faux et l’usage de faux dans l’art, le 5 février 2024 à Rabat.

Le 05/02/2024 à 16h35

VidéoUne forte unanimité s’est dégagée ce lundi 5 février, lors d’une première réunion tripartite regroupant l’institution du parquet général, le ministère de la Culture et la Fondation nationale des musées, pour combattre efficacement le faux et l’usage de faux dans l’art, en particulier la peinture, a constaté Le360.

Cette réunion de 90 minutes, présidée conjointement par le procureur général du Roi près la Cour de cassation, président du Ministère public, El Hassan Daki, le ministre de la Culture, Mehdi Bensaïd, et le président de la Fondation nationale des musées (FMN), Mehdi Qotbi, a décidé la création d’une commission tripartite chargée d’établir une «feuille de route» qui comprendra notamment la mise en place des «mécanismes efficients» visant l’éradication de ce fléau qui prend des dimensions alarmantes aux niveaux national et international.

Mehdi Bensaïd et Mehdi Qotbi ont plaidé en faveur de la lutte efficace contre le faux dans la peinture. «Le faux porte atteinte aux créateurs marocains avec un impact qui se traduit négativement sur l’image des arts du Maroc à l’échelle internationale», ont-ils affirmé.

Le ministre de la Culture a particulièrement demandé au procureur général d’accompagner sur le plan judiciaire la FNM afin que justice soit rendue aux peintres dont les œuvres ont été falsifiées et à leurs ayants droit. «Nous voulons éradiquer cette injustice», ont insisté Mehdi Bensaïd et Mehdi Qotbi devant un chef du parquet très attentif à leur intervention.

Les deux hommes ont en outre proposé «une réadaptation et un durcissement» des lois actuelles sur la pénalisation du faux. El Hassan Daki a été du même avis sur ce dernier point en suggérant que le Code pénal en cours d’élaboration et de finalisation prenne en compte des dispositions «plus coercitives et plus contraignantes» contre le faux, l’usage de faux et l’escroquerie.

«Il faut en outre que les prochaines dispositions judiciaires (dans le futur Code pénal) définissent la nature des missions de contrôle des tableaux douteux. Il faut, à cet égard, que le contrôle des œuvres soit basé sur des mécanismes de nature à aider les tribunaux à prendre des décisions adéquates», a estimé le président du Ministère public.

La réunion a également dégagé une unanimité quant à la redéfinition de la mission de l’expert qui consiste actuellement à délivrer une «simple déclaration écrite attestant l’authenticité d’une œuvre, alors que pour la plupart des cas, ce sont des faux tableaux».

Mehdi Bensaïd et Mehdi Qotbi ont aussi exprimé leur accord pour la mise à la disponibilité des tribunaux de «vrais experts» en se basant sur le laboratoire de la Gendarmerie royale. Dans ce cadre, ils ont annoncé la création auprès des écoles des beaux-arts d’un cycle de formation des experts sur les arts plastiques.

Le ministère de la Culture a également demandé qu’un contrôle rigoureux soit mis en place aux frontières par la police, la gendarmerie et la douane.

Le directeur des Arts, Mohamed Benyaacoub, a pour sa part annoncé la création d’une plateforme dédiée aux artistes peintres dans le but de consolider «la traçabilité» des œuvres depuis leur naissance jusqu’aux opérations de vente. Il a également recommandé au Ministère public d’engager une lutte contre ce qu’il a appelé les «samsara» des faux tableaux.

Les participants à la réunion ont enfin décidé de consacrer les deux prochaines sessions aux «professionnels des arts plastiques» puis aux «institutions de la police, de la gendarmerie et de la douane». «Cette réunion a été fructueuse», ont-ils estimé au terme de cette première rencontre du genre.

Par Mohamed Chakir Alaoui et Yassine Mannan
Le 05/02/2024 à 16h35