L’influenceur poste les photos de deux cérémonies de son mariage selon les traditions marocaines: le hammam et le henné.
On y voit la mariée se faire décorer les mains au henné. Sur d’autres, on voit le couple. Et alors?
La mariée porte de gracieux caftans, faits par les doigts magiques des artisans marocains.
Iwa?
Des internautes algériens ont réagi violemment, décrétant que le caftan n’est pas maghribi, mais dzaïri! Wili!
La rapidité avec laquelle les événements se sont produits est étonnante. Les photos ont été postées le jour même des cérémonies. Aussitôt, les réseaux sociaux se sont enflammés.
Côté algérien, le langage est violent, blessant, voire vulgaire. Côté marocain, les réactions ne se sont pas faites attendre: ‘tini na’tike, échange de propos virulents, mais parfois courtois.
Des internautes marocains font circuler dans les réseaux une vieille chanson algérienne qui prouve que le caftan diaaaaalna (à nous): lahwawya mnine jak el caftane mnine jak? Jani men Rbate akhouya lahwawy (l’amoureuse, d’où vient ton caftan? Il vient de Rabat). Ensuite, «jani men Fasse» (de Fès).
Lahwawya mnine jak el kholkhal mnine jak? Jani men Meknasse à lahwawy (d’où vient ton bracelet autour de la cheville? De Meknès). Des internautes algériens, indignés, hurlent que le kholkhale est algérien.
Et voilà que des influenceuses, des chanteuses et des internautes marocaines s’impliquent pacifiquement: des centaines de photos sont postées, montrant ces femmes avec différents caftans. Certaines se sont photographiées avec de vieux caftans de leurs grands-mères. Le tout accompagné de commentaires poignants et de la chanson lahwawya.
Exemple: Al fakhama tatahaddate (le luxe s’exprime). Choufou yajirani, kaftani kaftani (regardez, mes voisins, mon caftan, mon caftan). Choufou yajirane, zine fine taybane (regardez, voisins, où se reflète la beauté).
Des commentaires rappellent aux Algériens qu’ils sont incapables de produire des caftans car il leur manque le prestigieux savoir-faire de nos artisans.
Par hargne, les internautes marocains ne disent pas Algériens, mais jirane (voisins), puisque lors du mondial, les médias algériens n’ont jamais prononcé le mot Maroc, mais «le pays qui a un drapeau rouge avec une étoile verte»! Un animateur de télévision qui a parlé de notre équipe a été licencié.
Les Marocains appellent les Algériens lakraghla. Le mot vient de kouloughlis, qui signifie en turc «fils de serviteurs de l’État ottoman». Les Kouloughlis étaient des personnes nées d’unions entre des soldats turcs et des femmes algériennes. Un mot péjoratif qui désigne des enfants issus d’une union avec les colonisateurs, des enfants de traîtres.
Eux nous appellent, avec dédain, lamrarka, déformation de «Marocains».
Des Marocains postent des vidéos où ils dansent sur différentes musiques populaires marocaines en disant aux Algériens: «Dites que ça aussi, c’est à vous!»
Les internautes pensent qu’ils ont le devoir de défendre leur culture. Asmaa: «Les Algériens veulent nous voler le zellige, le couscous, le kholkhal, le caftan, le tagine… Nous défendons notre dignité et notre culture».
Le mécontentement est également alimenté par les insultes dans les stades algériens lors du Mondialito: «'tihe lbanane, lamghribi hayawane» (Donnez-lui des bananes, le Marocain est un animal). En plus, l’Algérie a refusé d’accueillir l’avion marocain transportant nos joueurs lors du Mondialito.
Le 7 mai dernier, à Paris, lors de la commémoration des massacres d’Algériens par les colons français (8 mai 1945), des Algériens ont défilé avec des caricatures du roi Mohammed VI et les ont piétinées.
Des internautes marocains ont posté des photos de l’accueil du Maroc des équipes participant au Mondialito à Tanger: hôtels de luxe, cérémonies et repas somptueux. Ils postent aussi des photos de la réception grandiose du Souverain marocain recevant nos footballeurs avec leurs mères. Face à ces photos, les internautes exposent des photos de l’accueil modeste des sportifs du Mondialito par les Algériens: jus de fruits dans des boîtes cartonnées et mille-feuilles.
Les internautes des pays du Golfe se solidarisent avec nous pour témoigner de la marocanité du caftan.
Une influenceuse marocaine vivant en France a saisi l’opportunité en créant un cake design (gâteau) en forme d’un splendide caftan rouge et vert, posté avec l’hymne national. Elle a obtenu les droits d’auteur pour sa création!
Les internautes se défendent: «Les réseaux algériens nous attaquent, mais pas le peuple. L’État algérien finance des spécialistes qui alimentent la haine dans les réseaux pour ternir l’image du Maroc.»
Les échanges sont drôles, hilarants, moqueurs, mais parfois violents, irrespectueux de part et d’autre, portant atteinte à la paix entre nos deux peuples.
J’aurais souhaité plutôt des échanges commerciaux que des insultes, pour la prospérité de nos deux pays!
Entre nous, il y a des alliances par le sang, beaucoup d’amour. Marocains et Algériens regrettent cette rupture maintenue par les gouvernants algériens, indifférents aux sollicitations du Souverain marocain pour la réouverture des frontières. Les seules frontières au monde fermées sans qu’il y ait de guerre!
Wakha! Oudaba, le caftan est marocain ou non?
Selon certaines sources, il est apparu au Maroc au douzième siècle avec la dynastie des Almohades. Selon d’autres, c’est au treizième siècle avec les Mérinides. Aucun lien avec le caftan ottoman. Chez nous, il est porté par des femmes. Chez les Turcs, qui ont colonisé l’Algérie plus de trois siècles (1515-1830), il est porté par des hommes.
Sans rancune chers Algériennes et Algériens!