Pour lever tout quiproquo, l’historien marocain Jilali El Adnani livre, dans un entretien avec Le360, des preuves attestant que durant des décennies, la Grande Mosquée de Paris construite par le Maroc, était soumise à un contrôle religieux du Royaume chérifien.
«Pour mettre fin à la désinformation et rétablir la réelle vérité, je suis en possession d’une série de documents authentiques, dont des lettres et des photos, qui prouvent que le terrain et la construction de la mosquée elle-même, avaient été cédés et réquisitionnés par écrits par les autorités françaises au profit de la société des Habous issue du Royaume du Maroc dès 1920», affirme l’historien en joignant à son témoignage le livre La Mosquée de Paris, qu’il a dernièrement édité en partenariat avec le Conseil de la communauté marocaine de l’étranger (CCME).
Jilali El Adnani souligne, «Le 22 octobre 1922, le sultan Moulay Youssef, accompagné du président de la 3e République française de l’époque, Gaston Doumergue, et de plusieurs dignitaires marocains et français avait posé la première pierre de cette mosquée».
Pour mener à bien ce projet, la construction et l’ornement intérieur de la mosquée avaient même fait l’objet à cette époque d’une souscription financière auprès des citoyens marocains. Le premier imam et le premier muezzin de la mosquée étaient de nationalité marocaine. Pas moins de huit imams s’étaient succédé à la direction des prêches de cette mosquée.
Le 15 juillet 1926, a-t-il poursuivi, l’inauguration officielle de l’édifice avait eu lieu en présence du sultan Moulay Youssef et du président français Gaston Doumergue. Une longue période a suivi, presque 32 ans, durant laquelle la direction de la mosquée a été confiée successivement aux Marocains, Kaddour Ben Ghabrit (1922-1954) et Ahmed Ben Ghabrit (1954-1956), tous les deux des commis de l’Etat du Maroc.
Après cette période, et précisément entre 1957 et 1982, des tentatives répétées de falsification du statut de la société des Habous et des lieux saints de la Mosquée de Paris -pour effacer la marque du Maroc- ont commencé lorsque les autorités françaises ont aidé à mettre sur le perchoir de cette mosquée le ressortissant français d’origine harkie d’Algérie, Hamza Boubakeur.
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Selon l’historien, la France avait à l’époque manigancé en proposant à Hamza Boubakeur, avant de le désigner à la tête de cette mosquée, de prendre la direction d’un autre projet des plus diaboliques: «la présidence d’une soi-disant république fantoche saharienne. Constatant que ce projet allait constituer un gros risque pour elle et la région, la France a fait marche arrière.
Mais, selon lui, elle a continué par la suite à favoriser l’élection d’un recteur algérien à la tête de la Mosquée de Paris. Mais l’histoire est «inaliénable», affirme l’historien Jilali El Adnani selon lequel cette mosquée fait partie de la culture marocaine dont les marques resteront gravées à jamais, comme le zellige qui orne l’intérieur de cet édifice religieux.
L’historien a conclu en se demandant si la présidence française sera au rendez-vous de l’histoire en décidant de placer le Maroc au premier rang des invités qui célébreront à ses côtés le 19 octobre 2022 le centenaire de la Grande Mosquée de Paris. L’histoire, a répété Jilali El Adnani, est «inaliénable».