Italie: la gare maritime de Salerne conçue par Zaha Hadid ouverte au public

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Première œuvre posthume de l'architecte star Zaha Hadid, la gare maritime ultra-moderne de Salerne dans le sud de l'Italie, est désormais ouverte au public et se visite tel "un musée en plein air", mais ne sera pleinement opérationnelle que dans un an.

Le 28/04/2016 à 16h31

L'imposant édifice s'inspire de la forme de l'huître, avec une coque rigide, un intérieur fluide et des lignes ondulantes, signature de l'architecte irako-britannique, brusquement décédée à 65 ans le 31 mars.

Pour le maire de la commune Vincenzo Napoli, il s'agit rien moins qu'une sorte de "musée d'architecture en plein air", dont il espère un "effet Bilbao".

"Vous savez qu'à Bilbao, la simple présence du Guggenheim réalisé par l'architecte Frank Gehry a permis une augmentation de l'afflux touristique", explique-t-il sans s'attarder sur le fait que la gare reste pour l'instant une coquille vide.

Le protocole avec l'autorité portuaire est signé, la gare restée fermée ces derniers jours peut donc ouvrir au public et "on va commencer à fournir les premiers services", assure à l'AFP le maire.

Mais selon les médias locaux, il s'agit pour l'instant essentiellement de visites. La gare maritime ne sera "pleinement opérationnelle" que dans un an.

Le bâtiment a pourtant été officiellement inauguré par le chef du gouvernement italien Matteo Renzi. Mais ce retard n'étonne pas des habitants de Salerne.

"En Italie, on inaugure beaucoup de choses avant qu'elles ne soient praticables. Disons-le clairement: c'est aussi une forme de propagande en vue des prochaines élections (municipales le 5 juin), c'est ainsi que la politique fonctionne", estime Beatrice. Même constat pour Emilio, qui trouve "dommage" qu'une si "belle" gare "ne soit pas encore exploitable".

Emblème du boom des croisières Située à un endroit stratégique, entre la côte amalfitaine et les plages du Cilento, près des îles de la baie de Naples - Capri et Ischia - ainsi que des zones archéologiques de Pompéi, Herculanum et Paestum, la gare maritime de Salerne, qui aura coûté plus de 20 millions d'euros, se veut l'emblème du secteur des croisières, en plein boom à travers le monde. 

Cataloguée comme une œuvre "néo-futuriste", la "station maritime" de 4.600 m2 répartis sur trois étages et 14 mètres de hauteur, est longue de 97 mètres.

Environ 500.000 personnes devraient transiter par ce terminal maritime, conçu pour faciliter le mouvement des ferries et navires de croisière qui le traversent, et qui s'illumine la nuit tel un phare.

"Le front de mer est l'une des parties les plus importantes sur lesquelles nous devons travailler les prochaines années. Si Salerne va bien, toute la région va bien", a ainsi confié à l'AFP Mimmo de Maio, adjoint au maire à l'urbanisme.

C'est au terme d'un concours international d'architectes, lancé par la municipalité de Salerne, que Zaha Hadid, première femme à obtenir l'illustre prix Pritzker, le Nobel d'architecture, a remporté l'appel d'offres.

Depuis le décès de l'Irako-britannique, c'est désormais son associé pendant 28 ans, l'architecte allemand Patrick Schumacher, qui gère son cabinet. Se revendiquant du déconstructivisme, courant qui remet en question les canons architecturaux classiques et revendique de repenser la géométrie des bâtiments, Zaha Hadid était réclamée aux quatre coins du monde.

On lui doit le tremplin de saut à ski d'Innsbruck en Autriche, l'opéra de Canton en Chine, le MAXXI (Musée national des arts du XXIe siècle) à Rome et la tour du groupe de transport maritime mondial CMA-CGM à Marseille.

Elle a également créé la piscine des jeux Olympiques de Londres en 2012 et le Musée Guggenheim de Taichung (Taïwan). Ses bâtiments aux concepts mixtes marient souvent lignes obliques tendues et courbes, en quête d'apesanteur.

Pas moins de 30 projets portant sa signature sont encore en cours, parmi lesquels le grand théâtre de Rabat, un stade au Qatar pour la Coupe du monde de football en 2022, le parlement irakien à Bagdad, sa ville natale, un pont à Taipeï et le nouvel aéroport de Pékin.

Par Driss Douad (avec AFP)
Le 28/04/2016 à 16h31