Mais Chabat pas la tête ?

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ChroniqueL'occasion est trop belle et je n'allais pas quand même la laisser passer. Ce n'est pas tous les jours qu'un maître populiste, et grand leader politique en plus, se casse la figure.

Le 03/01/2017 à 11h59

Pourtant, c'est quelque chose qui aurait pu lui arriver à tout moment car comme il se penchait souvent pour parler aux «Marocains d'en bas», il pouvait à tout moment tomber. Et, enfin, ça a fini par arriver. Youpiiii! Vous n'imaginez pas l'immense plaisir que j'ai à commenter cette belle glissade salutaire.

Oui, vous l'aurez compris, ce n'est pas que je n'aime pas M. Chabat, mais je n'aime pas les populistes. Je ne les aime pas parce que je trouve que leur discours, tout simplistes et crétins qu'il sont souvent, sont redoutablement efficaces. En plus, ils n'ont aucun mérite car ils font très peu d'efforts pour les rédiger puisqu'il leur suffit juste de dire ce que le petit peuple veut entendre, et le tour est joué.

Et avec ça, ils ont un succès fou, non seulement auprès de ce petit peuple, mais aussi, parfois, auprès de ce qu'on appelle l'élite.

Et tout ce beau monde, qui boit leurs paroles comme du petit lait, finit par tout gober et par voter pour eux.

Oui, leurs discours sont redoutablement efficaces et il sont fatalement dangereux pour la démocratie. Et moi, je peux vous paraître à première vue, comme ça, gentil, conciliant et tout, tout, mais je peux devenir odieux avec tous ceux qui mettent en péril la démocratie. Surtout la nôtre qui est toute jeune et, donc, encore très fragile.

Oui, je suis content que Chabat, à force de surfer sur le velours populaire bas de gamme, ait fini par déraper et je suis heureux qu'il n'ait trouvé personne pour le retenir et lui éviter de tomber. J'ai même l'impression que beaucoup n'attendaient que ça pour se moquer de lui, et pas seulement du côté de ses adversaires. D'ailleurs, c'est surtout dans les rangs de ses amis qu'on rigole le plus. Enfin, on rigole, mais c'est devenu très vite très sérieux. Il n'y a qu'à voir les réunions qui se tiennent à son sujet, notamment à l'initiative de ses futurs ex-compères. Je ne sais pas ce qui va en sortir, mais on ne va sûrement pas lui tresser des lauriers.

Mais au fait, qu'est ce qui lui a pris de faire cette sortie aussi stupide que hasardeuse ? Comme a dit l'un de ses vénérables prédécesseurs, «Chabat ne devait pas faire ces déclarations car ce n'est ni le moment ni le contexte». Ah oui, il a raison le Sage monsieur. Attendez! Qu'est ce qu'il a dit ? «Ce n'est ni le moment ni le contexte» ? Ah bon? Cela signifie-t-il qu'à un autre «moment» et un autre «contexte», Chabat aurait pu faire ces déclarations sans que personne, du moins de son parti, ne s'en offusque?

Je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais je ne comprends plus rien. J'ai comme l'impression que le délit de Chabat, du moins pour certains de ses copains, n'est pas d'avoir dit ce qu'il a dit, mais plutôt de l'avoir dit aujourd'hui, en ce «moment» et dans ce «contexte». En tout cas, toute cette histoire n'est pas très claire pour moi.

Toujours est-il, notre ami a bel et bien glissé et il est tombé sur les fesses. Et il a beau chialer et supplier sa base, d'ailleurs encore bien fournie, de continuer de le soutenir avec ses slogans ardents et ses youyous stridents, je crois bien qu'il n'est pas prêt de se relever.

Déjà, en ratant l'occasion de se taire, il a raté du même coup un difficile mais possible portefeuille de ministre auprès de son meilleur ennemi à qui il réservait pourtant ses critiques les plus acerbes et ses piques les plus pointues. Mais vous savez, un populiste n'est jamais à une contradiction près. Finalement, je ne peux pas vous dire qui a rendu service à l'autre, mais je suis sûr que les deux ne savent plus à quel saint se vouer.

En attendant, ce qui est sûr c'est que l'histoire, celle avec un grand H, ne va pas s'arrêter pour si peu. Bien au contraire, je pense qu'elle va prendre un nouvel élan et c'est tant mieux. Concernant M. Chabat, et tous les populistes de son genre, s'il y a une seule leçon à retenir, c'est qu'ils ont beau tenir au peuple de beaux discours mielleux qui n'engagent qu'eux, un jour où l'autre ils finissent par tomber dedans. Et là, c'est la fête pour les guêpes, les mouches et pour les bourdons!

Je ne vais m'étaler encore plus sur ce sujet qui n'en vaut pas trop la peine. Mais je vais continuer d'être naïf, et je vais vous dire vivement la fin du populisme et de la démagogie! Et vivement mardi prochain!

Par Mohamed Laroussi
Le 03/01/2017 à 11h59