Qui va sauver le soldat Benkirane ?

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ChroniqueIl est inimaginable pour moi que notre chef de gouvernement désigné soit aussi à l'aise et aussi serein, alors qu'il est encore, presque trois mois après sa désignation, justement, sans aucun gouvernement.

Le 20/12/2016 à 12h00

Oui, je reviens au même sujet que la semaine dernière et même des autres dernières semaines. Non, je ne suis pas à court d'idées et je ne manque pas d'inspiration. Bien au contraire, je n'ai que l'embarras du choix. J'aurais pu, par exemple, consacrer cette chronique au Festival International du Film de Marrakech, et vous parler en long et en large des tirs groupés qui ont été dirigés contre les organisateurs soit par des gens qui n'ont pas été invités cette année pour une raison ou une autre et qui ne me revient pas de discuter ni de commenter, soit par d'autres qui, eux, se trouvaient bien sur place, logés et nourris aux frais de la princesse, pardon, du prince, et qu'on pouvait voir presque chaque soir en smoking, se balader dans les réceptions, un canapé au saumon dans une main et une coupe de champagne dans l'autre, tout en déplorant «le gaspillage des deniers publics» et «l'absence inacceptable d'un film marocain dans la compétition».

J'aurais pu également, par exemple, vous dire combien j'ai été content de voir toutes ces averses se déverser ces derniers jours sans discontinuer partout à travers notre pays, ce qui redonne espoir à nos valeureux agriculteurs mais aussi aux simples consommateurs, qui sont si nombreux, et pour qui sécheresse rime tout de suite avec famine, et pluie automatiquement avec prospérité.

Et puisqu'on est dans le registre climatique, rien ne m'empêchait non plus de vous raconter que beaucoup de mes amis nantis, dès qu'ils ont entendu que la neige est tombée en masse en altitude, ont sauté dans leur 4X4 ou leur limousine, et se sont dirigés vers nos stations de ski, enveloppés dans des doudounes signées et en vraie fourrure, quoique fortement déconseillées par la COP22 dont ils ont été pourtant de fervents supporters, mais, c'est vrai, tout cela, c'est avant.

Et puis, j'avais un autre sujet tout indiqué et d'actualité, à savoir du Père Noël qui va bientôt frapper à notre cheminée et auquel je n'ai même pas encore écrit ma lettre annuelle habituelle dans laquelle je lui demande à chaque fois un tas de trucs qu'il ne me ramène jamais, mais je le comprends bien parce qu'après tout, je ne suis pas un catho, et donc, pourquoi m'offrirait-il des cadeaux. En fait, je me suis toujours dit que puisque je suis un affreux francophone, alors peut-être que Papa Noël allait finir par me récompenser comme si j'étais un des siens. Mais, je ne désespère pas. Peut-être, un jour...

Bref, j'aurais pu vous parler de tout cela et de bien d'autres trucs encore plus ou moins intéressants, mais le cœur n'y était vraiment pas car mon esprit était focalisé sur un seul et unique sujet en l'occurrence celui du gouvernement qui n'est toujours pas formé et rien ne laisse présager qu'il le sera dans les prochains jours, voire les prochaines semaines. Comme je le dis souvent, je ne me fais pas trop d'illusions sur ce qu'il pourrait apporter de nouveau aussi bien à moi ou même à vous, mais je suis profondément agacé par cette espèce de je-m'en-foutisme de tout le monde à commencer par le principal concerné, j'ai nommé le chef du gouvernement (re)nommé et qui paraît faire preuve d'une patience incroyable à laquelle, entre nous, je ne crois pas du tout.

En effet, pour moi il est inimaginable qu'un aussi haut responsable qui a l'immense responsabilité de choisir, pardon, de proposer la liste de ses prochains collaborateurs qui devront assumer la lourde responsabilité de nous sortir, et le plus vite serait le mieux, de cette longue torpeur politique qui n'a que trop duré ; il est inimaginable pour moi, vous disais-je, que notre chef de gouvernement désigné soit aussi à l'aise et aussi serein, alors qu'il est encore, presque trois mois après sa désignation, justement, sans aucun gouvernement.

Ne me demandez surtout pas de lui donner des conseils car je n'en ai pas, et en aurais-je, je ne les lui donnerai pas parce que d'abord, ce n'est pas mon boulot, en plus personne ne me payera pour ça, et enfin, il doit sûrement savoir ce qu'il fait. Ou ce qu'il ne fait pas. Comme je le plains, le pauvre!

En tout cas, à chacun ses problèmes. Car croyez-vous que lui se ferait des soucis pour moi? Tu parles! Alors, vous savez ce que je vais faire? Je vais le laisser faire –ou se laisser faire– et je vais attendre pour voir ce qui va sortir de toutes ces manœuvres et tous ces mystères. En attendant, je vous souhaite, que vous y croyiez ou pas, un très joyeux Noël et je vous dis vivement la fin des pourparlers et, je l'espère, la fin de la galère et vivement mardi prochain.

Par Mohamed Laroussi
Le 20/12/2016 à 12h00