La polémique en France sur le dénommé «hijab de running» de l’enseigne Decathlon n’aura finalement pas traversé la Méditerranée.
Ce bidule laid comme tout avait été, à l’origine, commercialisé sur le marché marocain sans qu’à aucun moment, il ne suscite le moindre esclandre.
Ici les femmes sont résignées.
Elles sont dans leur majorité voilées.
Une situation qui est désormais une norme, si je peux m’exprimer ainsi: les Marocaines voilées sont légion, et il me souvient, voici quelques années à Taroudant, dans le sud de notre pays, d’une foire d’exposition de produits des terroirs où j’étais, au milieu de la foule à majorité féminine, l’unique femme non-voilée (avec, peut-être, une ou deux autres femmes non acquises à la cause des barbus islamistes).
Je ne me suis jamais voilée, je ne me voilerai jamais.
Cette soi-disant «obligation» religieuse (c’est à discuter, et à mon sens rien n’est plus faux) est profondément injuste.
Cela fait des femmes des proies sexuelles.
Cela les assujettit à une domination masculine, celle d’hommes qui se veulent supérieurs, et qui, bien entendu, ne se voilent pas, eux.
Cela fait des femmes des êtres hyper-sexués et cela néglige un aspect fondamental qui fonde notre humanité: celui du cerveau dont nous sommes censés être dotés.
D’ailleurs ce n’est pas un hasard si le voile cache justement non seulement les cheveux (censés, selon cette idéologie ridicule car acéphale, sexuellement exciter les hommes), mais aussi une partie de la tête de ces dames.
Mesdames, vous faites ce que vous voulez de vos cheveux, y compris les dissimuler si cela vous chante, mais de grâce, n’insultez pas votre intelligence, et ne placez pas cette obsession masculine pour le sexe au cœur de ce que vous êtes.
Mesdames, vous avez un cerveau, servez-vous en.
Vous ne pouvez être résumées uniquement à votre physique, vous avez aussi un cœur, un esprit, une âme.
Et ne leur en déplaise, vous n’êtes pas inférieures aux hommes.
Je sais bien que ce discours est à contre-courant de l’apaisement convenu, devant une rue marocaine où les femmes sont désormais majoritaires à se voiler.
C’est triste.
C’est pathétique.
C’est laid (un peu de lucidité, voyons).
Ça entrave.
Un parti politique terrorise actuellement une députée du parlement, élue sous ses couleurs, et la soumet en ce moment même à une tentative de mise au pas de sa pensée.
La raison?
Amina Maelainine, députée du Parti de l’(in)justice et du (sous-)développement a osé enlever son voile et s’est laissée photographier ainsi, «en cheveux», à Paris.
Son parti veut la soumettre, pour cette raison, à l'inquisition d'une commission de discipline: voici désormais la norme dans laquelle je vis.
Je ne laisserai jamais faire.
Et tant que j’aurai un souffle de vie, je hurlerai contre cette injustice et ce sous-développement dans lesquels quelques poilus de la face entendent confiner tout un peuple.
PS. Un excellent 8-mars, non pas «fête d’la femme», «journée d’la femme», mais bien l’onusienne «journée internationale de lutte pour les droits des femmes». Chacun de ces tous derniers mots est à méditer, messieurs-dames.