C’est en réclamant le droit à une certaine subjectivité que votre serviteur souhaite rendre hommage tout d’abord à l’ensemble des femmes et des hommes de ce pays pour leur endurance face à la crise occasionnée par l’épidémie du Covid-19. Grâce à leurs qualités collectives et à l’efficacité des politiques publiques la croissance économique est de retour et demain sera meilleur.
Au sein de l’effort collectif accompli en 2021 trois composantes se sont particulièrement illustrées: l’électeur marocain, la campagne anti-Covid-19 et la diplomatie.
Le comportement de l’électeur marocain le 8 septembre était particulièrement attendu sur trois aspects: son inscription sur les listes électorales, sa participation au scrutin et les déterminants de son vote. Enrichies de deux millions d’inscrits supplémentaires, jeunes en majorité, les listes électorales ont dépassé le chiffre de dix-sept millions et demi, soit 70% de la population en âge de voter, la participation a dépassé les 50%, les deux taux sont bons pour des pays d’un niveau de développement similaire au nôtre et crédibilisent le processus démocratique.
Reste la question centrale, le choix de l’électeur marocain a-t-il été empreint de rationalité ou bien ignare des affaires publiques, était-il plein de préjugés et a-t-il cédé à des considérations extra-rationnelles? Une précision: par rationalité, ici, on n’entend pas un acte pur de la raison, mais une démarche raisonnée.
Les conditions d’un choix raisonné étaient présentes lors de la campagne électorale: un électeur informé, les réseaux sociaux ont joué un rôle important, sur les bilans des équipes sortantes et les programmes des divers compétiteurs. Les alternatives étaient là aussi, identifiables à travers des partis politiques.
Les contraintes de la crise aidant, les programmes à fort contenu économique ont emporté l’adhésion. Globalement, on peut dire que dans son choix, l’électeur a privilégié l’économique sur l’identitaire, faisant preuve d’individualisme et de modernité. Il a aussi valorisé ces élections en leur donnant un véritable enjeu: l’opportunité de renouveler les élites politiques, contribuant ainsi à mieux asseoir notre démocratie.
L’ensemble des analystes s’accordent à considérer que la lutte contre la pandémie du Covid-19 est un test pour la force de gouverner de tout système politique. Les résultats de la campagne de vaccination qui nous placent aux premiers rangs des pays africains de dimensions comparables sont éloquents sur la capacité de l’Etat marocain à faire face à une crise majeure. La conjonction des efforts du personnel du système de santé et des agents d’autorité a permis de réaliser des performances tout à fait honorables. Dépassant des pays plus puissants économiquement et ayant plus de moyens financiers comme l’Afrique du Sud. Grâce à ses performances dans la lutte contre la pandémie, l’Etat marocain a renforcé la confiance de la population dans son action et accru sa cote auprès de ses partenaires étrangers.
Année faste pour la diplomatie marocaine qui continue d’engranger les succès. Le cumul des efforts de ces vingt dernières années nous a permis d’opérer un véritable saut qualitatif de notre positionnement à l’international. Un poids et une visibilité plus importants aux USA qui n’ont pas remis en question leur reconnaissance de notre souveraineté sur le Sahara, l’appui franc des pays du Golfe, de plusieurs pays africains, une progression rapide et intéressante de nos relations avec Israël et la Grande-Bretagne, le maintien de notre alliance stratégique avec la France, une présence accrue dans les organisations multilatérales ont fait que le Maroc parle autrement avec ses amis et ses adversaires. Le Maroc, plus confiant en ses capacités, s’exprime sans condescendance mais avec assurance. L’Allemagne, pays de la rationalité, l’a vite compris et en a tiré les conclusions intelligentes, comme il appartient à un grand pays de le faire.
Un citoyen/électeur doté d’une maturité politique, un Etat pouvant faire face aux crises majeures, une diplomatie à la hauteur de nos ambitions, voilà quelques acquis de cette année 2021.
Les prémices d’une puissance régionale sont là.