Dans un communiqué du ministère des Affaires étrangères, Rabat se félicite de cette position de la haute instance onusienne. C'est là la traduction des acquis capitalisés par le Royaume ces dernières années. Une diplomatie en mouvement servie par une vision Royale où se conjuguent le volontarisme, la détermination et la mobilisation autour de cette question nationale.
Il s'agit de faire face aux menées continues de l'Algérie et de mettre à nu devant toutes les instances les desseins d'un pays dont le marqueur est (et reste l'hostilité).
D'année en année, le soutien international au Maroc est grandissant: il est encore plus vrai du côté de pays influents et importants. En témoignent la non-reconnaissance de plus de 84 % des 193 Etats membres de l'ONU ainsi que l'ouverture dans les provinces sahariennes récupérées d'une trentaine de consulats généraux -18 à Dakhla et 12 à Laâyoune- avec cette particularité de 23 d'entre eux par des Etats africains.
Fort justement, le Maroc met en relief plusieurs points de principe. Celui de la confirmation du cadre du processus politique, à savoir le format des tables rondes, le seul devant permettre de parvenir à une solution définitive au différend régional sur le Sahara marocain. Celui aussi du mandat donné à l'Envoyé personnel du Secrétaire général de l'ONU, Staffan de Mistura, pour «faciliter» ce processus en «bâtissant sur... le cadre instauré par l'ancien Envoyé personnel» -référence est faite ici aux deux tables rondes tenues respectivement à Genève en décembre 2018 et en mars 2019.
Il faut noter ici qu'il était prévu une troisième rencontre dans le même format, en juillet 2019, mais elle n'a pu se tenir par suite de la démission de cet envoyé onusien, le 22 mai de cette même année.
La Résolution 2654 confirme également les acteurs de ce processus politique (Maroc, Algérie, Mauritanie et le mouvement séparatiste). Ils ont à assumer, chacun en ce qui le concerne, une responsabilité juridique, politique et même morale dans la recherche d'une solution. Le texte de la résolution appelle de nouveau les parties à rester engagées, dans un esprit de réalisme et de compromis dans ce processus sur toute la durée, dans un esprit de réalisme et de compromis.
Ce processus pour quelle finalité? Le texte réitère que ce qui est toujours à l'ordre du jour: la recherche d'une solution politique. Celle-ci est déjà cadrée, normée, en ce qu'elle a un référentiel -un socle même: celui d'une finalisation «réaliste, pragmatique, durable et basée sur le compromis».
Voici plus de quinze ans, le Maroc avait proposé et déposé au Conseil de sécurité une Initiative d'autonomie, articulée autour de quinze points, le 11 avril 2007. Et c'est précisément ce plan qui a été continûment repris et consacré dans toutes les résolutions du Conseil de sécurité depuis une quinzaine d'années comme étant sérieux, crédible et réaliste. Dans cette même ligne, sa prééminence a été réaffirmée durant cette même période -au cours des deux dernières années, le soutien a été encore plus massif (Etats-Unis, Allemagne, Espagne, Pays-Bas, Belgique et une dizaine d'autres pays européens, d'Afrique et d'Amérique Latine).
Par ailleurs, la Résolution 2654 va plus loin dans l'appréhension de cette question. Ainsi, le Conseil de sécurité a instamment appuyé sa demande adressée à l'Algérie pour procéder à l'enregistrement des populations des camps de Tindouf. Quel est leur nombre? Alger et le mouvement séparatiste avancent, de manière fantaisiste, quelque 180.000 personnes.
De fait, les évaluations sur place de certaines ONG ne retiennent que le quart de ce chiffre, soit presque 40.000 personnes. Ces populations n'ont pas un statut de réfugiés, tel qu'il est reconnu par les instruments internationaux et en particulier les termes de la Convention de Genève de 1951. Elles sont sans droits, sans papiers, ne peuvent pas décider librement de leur vie et de leur destin.
Ces mêmes populations souffrent aussi d'insécurité alimentaire et de malnutrition. L'aide apportée par les organisations humanitaires internationales est largement détournée. Des rapports accablants ont été établis à cet égard dont celui d'ONG et d'un organe spécialisé de l'Union européenne. Un détournement qui fait l'affaire de responsables séparatistes et d'autres de l'armée algérienne.
Il faut aussi pointer du doigt un autre point dans le texte du Conseil de sécurité, à savoir la demande expresse faite au «Polisario» de permettre «la reprise du réapprovisionnement et régulier de la Minurso afin de garantir la viabilité de la présence de la Mission».
Le mouvement séparatiste a ainsi multiplié, depuis novembre 2020, les entraves frappant les bases d'opérations de la Minurso situées à l'est du mur de sable (livraisons de carburant, réparation et entretien des équipements, installations, ravitaillement, etc.).
Par rapport à la précédente Résolution de 2021, la nouvelle a opéré des avancées de plusieurs ordres: la mise en cause du mouvement séparatiste comme obstacle au bon déroulement du travail de la Minurso; celle aussi de l'Algérie, à propos du recensement des populations dites réfugiées. La haute instance onusienne témoigne ainsi de ce qu'il faut bien appeler son exaspération devant de tels actes -le pays voisin, partie centrale, est placé devant ses responsabilités aux yeux de la communauté internationale.
Personne ne peut sérieusement douter que l'on est en présence d'un conflit algéro-marocain qui ne doit plus perdurer longtemps. Il y a comme de la lassitude aux Nations-Unies; la Minurso ne peut plus assumer sa mission dans des conditions normales; elle a un budget annuel de quelque 60 millions de dollars; et, pour finir, le Conseil de sécurité n'a pas l'intention de continuer à «gérer» la présente situation alors que son rôle est de réunir les conditions de recherche d'un règlement. Un cadre négociatoire est là, avec des paramètres; il a été de nouveau consacré par toutes les résolutions de ce même organe depuis 2018; il importe désormais d'avancer jusqu'à sa finalisation.
Le mouvement séparatiste n'entend plus respecter le cessez-le-feu instauré depuis septembre 1991, s'opposant ainsi aux résolutions du Conseil de sécurité. L'Algérie s'oppose depuis un an au format des tables rondes et se met ainsi en dehors de ce processus onusien. Elle est dans une impasse n'offrant aucun «Plan B» éventuel. La dynamique de la diplomatie marocaine porte ses fruits et elle rallie un soutien massif de la communauté internationale.
L'Algérie est le problème et la solution en même temps. La pression internationale est de plus en plus forte pour la pousser à se réinsérer dans le processus de règlement défini par le Conseil de sécurité. La Résolution 2654 appelle instamment ce pays à clarifier sa position. Le fera-t-il? Le voudra-t-il? Pas de conditions préalables, de la bonne foi aussi! En tout cas, le Conseil de sécurité a en charge de manière plus ferme et plus décidée le conflit artificiel régional.
L'isolement d'Alger se vérifie de nouveau à la veille du sommet arabe dans ce pays, qui ne se présente pas sous les meilleurs auspices. Preuve que le régime des généraux, en quête de légitimité en interne et à l'international, n'arrive pas à surmonter le lourd passif qui mine sa crédibilité...