De nouveau, la mobilisation: c'est le mot d'ordre de la diplomatie marocaine avec la 77e session de l'Assemblée générale des Nations Unies ouverte cette semaine. Sa Majesté le Roi y a dépêché le Chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, et le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita. Leur agenda est chargé et il témoigne d’un double souci de Rabat: faire entendre sa voix au sein de l'Organisation mondiale et consolider des liens de coopération avec des partenaires.
Sur la question nationale, dans une déclaration générale au nom du Royaume, mardi dernier, le chef de l'exécutif a réitéré l'engagement du Maroc à parvenir à un règlement politique définitif au conflit artificiel. Sur quelles bases? Sur l'initiative marocaine d'autonomie, présentée au Conseil de sécurité le 11 avril 2007, seule et unique solution à ce différend et ce, dans le cadre de l'intégrité territoriale et de la souveraineté nationale du Royaume. Elle a toujours été qualifiée par cette haute instance onusienne de «sérieuse, crédible et réaliste». Elle est également soutenue par plus de 90 pays. Il a aussi mis en relief la situation dans les provinces méridionales récupérées: une dynamique de développement lancé par le Souverain en 2015; une pleine participation des populations à travers leurs représentants démocratiquement élus; un attachement indéfectible à l'intégrité territoriale du Royaume et à la marocanité du Sahara.
Le Maroc a réitéré son soutien aux efforts du Secrétaire général de l'ONU et à son Envoyé personnel pour la relance du processus négociatrice articulé autour de la relance du processus des tables rondes avec les mêmes parties (Maroc, Algérie, Mauritanie, mouvement séparatiste). Il s'agit de parvenir à une solution politique réaliste, basée sur le compromis, et ce conformément à la résolution 2602 du Conseil de sécurité en date du 29 octobre 2021. L'Algérie doit continuer à y participer comme elle l'a fait lors des deux précédentes tables rondes tenue en Suisse, en décembre 2018 et mars 2019. Sa responsabilité est avérée dans la création et le maintien de ce différend artificiel: c'est là une condition pour parvenir à un règlement définitif de cette question.
Le Chef du gouvernement a aussi fait part de la préoccupation du Maroc quant à la situation humanitaire catastrophique et l'état de non-droit que vivent les populations des camps de Tindouf: une flagrante violation du droit humanitaire international ; une délégation de fait des pouvoirs de l'Etat algérien sur cette partie de son territoire à «des milices séparatistes armées aux liens avérés et conformés avec des réseaux terroristes dangereux dans la région du Sahel»; le refus d'Alger de répondre aux appels du Conseil de sécurité depuis 2011 de permettre au Haut-Commissariat de l'ONG pour les réfugiés (HCR) de procéder au recensement et à l'enregistrement de la population pratiquement séquestrée dans les camps de Tindouf.
Sur d'autres grandes questions, le chef de l'exécutif a mis en relief les positions constantes du Royaume. Telle celle du soutien constant à la cause palestinienne: une solution à deux Etats, un attachement aux négociations entre les parties palestinienne et israélienne comme seul moyen de parvenir à un règlement définitif, durable et global de ce conflit; enfin, en sa qualité de Président du Comité Al Qods Acharif -un organe issus de l'Organisation de la coopération islamique- la volonté constante du Souverain de la préservation de l'identité historique de la Ville Sainte et de son statut spécial sur la base de la liberté des rites religieux des adaptes des trois religions monothéistes et de l'inviolabilité de la Mosquée Al-Aqsa. C'est dans le cadre de cet engagement constant du Maroc que Sa Majesté le Roi a mené une médiation à propos de l'ouverture continue du poste-frontière Allenby/Roi Hussein reliant la Cisjordanie et la Jordanie, permettant ainsi l'amélioration des conditions de circulation, de travail et de vie des Palestiniens.
Sur la Libye, c'est la dynamique créée par les accords de Skhirat, en décembre 2015, qui a été l'expression de la vision clairvoyante du Souverain: une résolution pacifique du conflit, l'implication exclusive des Libyens eux-mêmes sans interférence ou intervention étrangère, la recherche d'un consensus pour la tenue des élections législatives et présidentielles. Pour ce qui est du continent, le Maroc appelle au renforcement d'une coopération internationale servant les pays d'Afrique: allègement de la dette, des initiatives de développement pour parer aux chocs d'un développement économiques actuels et futurs, consolidation d’un développement durable, sécurité alimentaire, etc.
Le Maroc a aussi participé activement à d'autres forums: réunion du World Economic Forum où a été mise en relief l'expérience nationale (mix énergétique, perspectives d'investissement dans l'hydrogène vert); celle aussi, de haut niveau, du sommet de l'ONU sur la transformation de l'éducation avec la présentation de la feuille de route de la réforme du système éducatif -trois axes (compétences de base de l'étudiant, amélioration du rendement de l'enseignant, promotion du niveau de l'école) et trois objectifs à l'horizon 2026 (réduction d'un tiers du taux de déperdition scolaire, augmentation de 70% du nombre des étudiants en dans l'acquisition de l'apprentissage et de la connaissance, doublement du nombre d'élèves dans les activités semi-scolaires et parallèles).
L'Assemblée générale des Nations-Unies, lors de cette session de plusieurs mois, c'est aussi un cadre d'une diplomatie publique d'un côté, mais aussi informelle entre les pays. Sur ce plan-là, le Maroc est particulièrement actif à New York. Le Chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, a ainsi été reçu par le Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres -une opportunité qui a permis de rappeler la position de Rabat sur la question nationale.
Quant au ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, il a, lui, multiplié les entretiens avec près d'une quinzaine de ses homologues: Sergey Lavrov (Fédération de Russie), et les responsables de la diplomatie d'Argentine, des Pays-Bas, de Tchéquie, de Hongrie, de Slovénie, de Chypre, d’Antigue-et-Barbude, de Belgique, de Finlande, du Luxembourg, de Cuba, du Portugal, de Libye. D'autres rencontres sont prévues dans les prochains jours. Il a également été reçu par le président de l'Assemblée générale de l'ONU, Csaba Korosi. Il a aussi coprésidé -avec son homologue danois, Jeppe Kolod- le lancement officiel de l'initiative «Pledge to predictable Paiements» relatif, entre autres, au paiement régulier des contributions des Etats membres. Enfin, il a participé aux travaux du Groupe des Assises de la médiation de l'ONU -celle-ci est un outil efficace de prévention et de résolution des conflits en ce qu'elle crée les conditions propices à la paix, la sécurité et le développement. D'autres réunions et entretiens sont encore prévus dans les prochains jours.
La diplomatie fait montre, de nouveau, d'une mobilisation qui décline et prolonge l'action menée à l'international. C'est l'occasion, au Palais de verre de Manhattan, à New York, de faire un bilan d'étape, de relancer la coopération avec les partenaires et de souligner le bien-fondé de la position du Royaume sur la question nationale. Celle-ci est inscrite dans l'agenda du Conseil de sécurité pour le mois d'octobre prochain. Le Secrétaire général de l'ONU fera un rapport; son Envoyé personnel, Staffan de Mistura, aussi, ainsi que le responsable de la Minurso, le Russe Alexander Ivanko.
Les termes de référence de ce conflit sont connus: qui récuse le processus et le format des tables rondes? Qui ne respecte plus le cessez-le feu depuis novembre 2021? Qui multiplie les provocations et certaines menées faisant état ces jours-ci du communiqué fantasmagorique 636 relatif à des «opérations» militaires? La communauté internationale doit prendre ses responsabilités. Il importe en effet instamment qu’elle œuvre à trouver les conditions et les modalités d'un règlement politique définitif.